Art et paysage : une relation de proximité

publié le 7 novembre 2017 (modifié le 5 avril 2019)

Vestiges préhistoriques, gaulois ou romains, patrimoine roman ou châteaux, sculptures dans l’espace public… l’art est partout présent en Saône-et-Loire. Il imprègne le paysage rural et urbain et crée des représentations mentales fortes enrichies de références historiques et spirituelles. Mais les œuvres anciennes ou contemporaines dont l’objet est littéralement le paysage sont plus rares. Dans ce vide relatif, les figures d’Alphonse de Lamartine, poète, écrivain et homme politique d’envergure nationale, et Nicéphore Niépce, inventeur de la photographie, sont les seules qui immédiatement viennent à l’esprit pour relier le paysage à l’art. Les représentations de l’espace départemental ou son évocation par la littérature ou la poésie demeurent ainsi dans leur plus grande part le fait d’artistes dont la reconnaissance est surtout locale ou régionale.

  Lamartine et Niépce : la marque artistique du département

Lamartine à Mâcon et à Milly, Niépce à Chalon-sur-Saône : de par leur renommée nationale et internationale les deux artistes cristallisent à eux seuls, l’identité artistique du département. Leur travail qui ne s’attache en réalité au paysage qu’à la marge, ouvre pourtant sur lui. Aujourd’hui l’œuvre du poète est prétexte à une découverte du territoire via une route qui lui est dédiée, et le musée de la photographie de Chalon, qui porte le nom de l’inventeur de la photographie, met en ligne un fonds d’images [1] libres de droits comprenant notamment de nombreuses représentations des paysages de Saône-et-Loire.

Nicéphore Niépce, Paysage à Saint-Loup de Varennes,1827 en grand format (nouvelle fenêtre)
Nicéphore Niépce, Paysage à Saint-Loup de Varennes,1827


 

La plus ancienne photographie a été « prise » par Nicéphore Niépce en 1827. Elle représente un paysage plutôt urbain dont on distingue peu les détails. La naissance de la photographie en Saône-et-Loire a créé un lien particulier entre le medium et le territoire que fait vivre et développe le musée Nicéphore Niépce à Chalon. (www.museeniepce.com)

Itinéraire de la route Lamartine, Office de tourisme de Mâcon   en grand format (nouvelle fenêtre)
Itinéraire de la route Lamartine, Office de tourisme de Mâcon


 

Lamartine est la référence artistique première de Saône-et-Loire. De Mâcon à Monceau-Prissé en passant par Saint-Point et Milly-Lamartine, une route touristique lui est dédiée ; dans les guides et les documents touristiques institutionnels, au « Mâconnais », est désormais souvent accolée l’expression « Val lamartinien », « pays » décrit comme « à cheval entre Bourgogne et Beaujolais », alternant « coteaux de vignes, roches exceptionnelles, châteaux et beaux villages piquetés de quelques églises romanes », « source d’inspiration du grand Lamartine ». [2]
Pourtant le poète et homme politique du début du XIXe siècle a finalement peu écrit sur les paysages en général et de Saône-et-Loire en particulier. Le paysage reste pour l’écrivain romantique d’’abord le support d’une exploration introspective de ses émotions et états d’âme. Quelques textes évoquent néanmoins de manière plus directe les paysages de son enfance et de sa jeunesse en Mâconnais.

« La contrée où je suis né, bien qu’elle soit voisine du cours de la Saône, où se réfléchissent d’un côté les Alpes lointaines, de l’autre des villes opulentes et les plus riants villages de France, est aride et triste ; des collines grises, où la roche nue perce un sol maigre, s’interposent entre nos hameaux et le grand horizon de la Saône, de la rive du fleuve. De petits villages s’élèvent çà et là aux pieds ou sur les flancs rapides de ces collines ; leurs murs blancs, leurs toits plats, leurs tuiles rouges, leur clochers de pierres noirâtres semblables à des imitations de pyramides par des enfants sur le sable du désert, la nudité d’eau et d’arbres qui caractérise le pays, les petits champs de vignes basses, enclos de buis ou de pierres sèches, font ressembler, trait pour trait, ces hameaux du Mâconnais à ces villages d’Espagne, de Calabre, de Sicile ou de Grèce, que le soleil d’été, sous un ciel cru, fait fumer à l’œil comme des gueules de four où le paysan a allumé son fagot de myrte ou de buis pour cuire le pain de ses enfants.

Alphonse de Lamartine, Cours familier de littérature, T,I


 

  Une littérature du paysage avant tout locale [3]

À la toute fin des années 1980, des élèves de 4e et de 3e d’un collège de Mâcon se sont attelé dans le cadre d’un projet d’action éducative (PAE) à la réalisation d’une « Anthologie de textes d’auteurs de Saône-et-Loire de 1850 nos jours [4] ». Avec pour sous-titre La Saône-et-Loire à travers ses écrivains, cette esquisse supposait une véritable géographie littéraire du département. En réalité, les lieux ou paysages (Chalon, Mâcon, Cluny, Autun, la vallée de la Saône, la Bresse, Solutré, Demigny, Le Creusot…) décrits ou évoqués dans les extraits choisis restent au final peu nombreux et renforcent les focalisations habituelles. Les textes variés dans leur forme et où la poésie est bien présente sont le plus fréquemment tournés vers le passé. La guerre (1914-1918, 1940-1945, guerre d’Algérie), la vie paysanne ou urbaine (le travail de la vigne, les moissons, la vie au village ou en ville…) en constituent les thèmes privilégiés.
Si les paysages sont peu décrits dans leur essence, une large part est donnée à la description des ambiances, souvent brumeuses, automnales et hivernales.

« O grand département !
O belle Saône-et-Loire !
Ruche active d’où naît un sélam de travaux,
Et dont les flancs pour nous ont d’uniques cadeaux
Une humaine beauté règne en ton territoire !

Tu réunis en toi des pays bien-aimés :
L’Alsace en ton Morvan, Autun plus vieux que Rome
Et ton vert Charolais n’est pas un peu comme
Un Dauphiné mignon aux grands bœufs renommés ? …

Notre Bresse dorée égale la Limagne ;
Mâcon c’est notre Attique, où s’irradie encor
La clarté du Poète, astre aux puretés d’or,
Dont la gloire à jamais s’est faite la compagne.

Et l’immense vallée où la Dheune a ses gués,
C’est une autre Campan aux terres précieuses. –
L’opulent Chalonnais, ses collines rieuses,
C’est la côte d’argent aux villages pressés ;

Chalon est l’avenue où chacun vagabonde,
Le boulevard joyeux au négoce avenant ;
À Cluny nous songeons, en souvenir savant,
À l’esprit qui, de là, s’épandit sur le monde.

Que n’as-tu pas en toi, mon beau département ? …
Radium, manganèse, eau minérale et pierre
Au cent variétés, charbon et sable de verre,
Glaise et chaux, schiste et fer, émail, urane, argent…

Collines, monts et plaine ont toutes les cultures,
Ta flore est infinie, et larges tes cours d’eau,
Et quelle aménité règnent tes doux tableaux !…
Heureux celui qui sait tes secrètes parures !… »

Gustave Gasser [5], Humbles œuvres, G. Flicker, 1911


 

Peu d’auteurs, - écrivains, poètes - autres que régionaux se sont ainsi intéressés aux paysages de Saône-et-Loire. Il en est de même des artistes plasticiens.
Pourtant, récemment, en 2011, Jean-Christophe Bailly, écrivain et enseignant à l’École nationale du paysage de Blois, a consacré plusieurs pages de « Dépaysement, voyages en France » aux paysages départementaux. Le sujet de ce livre distingué par le Prix Décembre [6] était « la France », dans le but « comprendre ce que ce mot désigne aujourd’hui et s’il est juste qu’il désigne quelque chose qui, par définition, n’existerait pas ailleurs. » [7] Pour mener sa réflexion, l’auteur nous emmène à sa suite de la porte de Gentilly en banlieue sud de Paris aux chutes de la Loue, de Charleville à Toul ou de Beaugency à la Vézère et dans bien d’autres lieux encore. Dans cette pérégrination de plus de 400 pages, il s’arrête ainsi à Bibracte, « pays des Éduens » et de Vercingétorix, et dans le Brionnais, « variante un peu plus austère » du pays charolais [8]. Ce choix révèle le poids historique et symbolique des paysages de Saône-et-Loire dans l’imaginaire français.

« En pays charolais, ou dans le Brionnais qui en est une variante un peu austère, c’est toujours une surprise de découvrir, aussitôt qu’un vallon s’entrouvre, à quel point la ponctuation de bovins répartis sur les pentes sont nombreuses. Faciles à repérer du fait de leur blancheur, c’est un plaisir que de les regarder de loin évoluer dans le paysage par groupes d’importance variable, tantôt essaimés sur un grand pré, tantôt formant une sorte de file ou, quand l’herbe est haute et abondante, y disparaissent presque ou, encore, quand chaleur et sécheresse deviennent accablantes, regroupées immobiles le long d’une lisière où ils ont cherché de l’ombre ».

Jean-Christophe Bailly, Le Dépaysement, voyages en France, (Fictions et Cie), Seuil, 2011


 

  Des représentations picturales imprégnées de patrimoine

Peu d’artistes peintres de renommée nationale ont planté leurs chevalets en Saône-et-Loire. Le territoire voué depuis toujours au passage n’a pas été le support ou le décor des œuvres majeures de l’histoire de l’Art. La gravure, la carte postale ancienne constituent ainsi le fonds « artistique » majoritaire des représentations du territoire. Des peintres régionaux ont cependant, par leur sensibilité, participé à la reconnaissance de certains sites dont certains, comme le bassin industriel et houiller ou encore la Bresse, sont exclus du champ traditionnel du pittoresque paysager. En 2012 et 2013, le musée des Ursulines à Mâcon a initié deux expositions intitulées « Paysages en mouvement » consacrés au sud du département offrant « la possibilité de redécouvrir les paysages animés du sud de la Saône-et-Loire retranscrits par des artistes de la fin du XIXe et du XXe siècles (…) Des lieux et des monuments exceptionnels, parce que porteurs d’histoire(s), sont l’objet de multiples représentations – intimement liées à l’histoire du goût – qui nous conduisent de l’interprétation pittoresque à une vision romantique ou fictive. » Ce travail a contribué à une meilleure connaissance de l’évolution des sensibilités aux paysages départementaux. [9]

Des paysages urbains idéalisés par la gravure du XVIIIe et du XIXe siècle

J.B. Lallemand, Petite vue de Cluny, XVIIIe siècle © Archives départementales de Saône-et-Loire, 2 Fi 1/138 en grand format (nouvelle fenêtre)
J.B. Lallemand, Petite vue de Cluny, XVIIIe siècle © Archives départementales de Saône-et-Loire, 2 Fi 1/138


 

Une représentation classique des paysages de Saône-et-Loire par la gravure : ici les clochers de l’abbaye de Cluny émergent sur le fond de collines séparées du cours de la Grosne par une route plantée dont le rythme régulier est agréablement rompu par la verticalité d’une tour.

J.B. Lallemand, Vue des restes de l'ancien théâtre d'Autun et d'une partie de la ville, XVIIIe siècle © Archives départementales de Saône-et-Loire, Fi 1/209 en grand format (nouvelle fenêtre)
J.B. Lallemand, Vue des restes de l’ancien théâtre d’Autun et d’une partie de la ville, XVIIIe siècle © Archives départementales de Saône-et-Loire, Fi 1/209


 

Autun est représentée par le même graveur selon les mêmes codes. Ici ce sont les vestiges de l’amphithéâtre romain qui sont mis en valeur. Au loin, le haut clocher de l’église d’Autun émergé sur l’arrière-plan des collines qui ferment l’horizon. Les vaches, ici comme dans l’image de Cluny, ajoutent la note bucolique habituelle à ce type de représentation des paysages.

J.B. Lallemand, Vue d'une partie de Chalon-sur-Saône prise de dessus le pont en regardant la cathédrale et la chancellerie, XVIIIe siècle © Archives départementales de Saône-et-Loire, droits réservés, 2 Fi 1/205 en grand format (nouvelle fenêtre)
J.B. Lallemand, Vue d’une partie de Chalon-sur-Saône prise de dessus le pont en regardant la cathédrale et la chancellerie, XVIIIe siècle © Archives départementales de Saône-et-Loire, droits réservés, 2 Fi 1/205


 

Cette estampe montre ici les paysages du bord de Saône à Chalon. Vue depuis un de ses quais animé d’un petit troupeau de vaches, la rivière tient la place principale, la ville éloignée à l’arrière-plan, à la gauche du tableau.

Le Creusot, Vue générale de la ville et des établissements métallurgiques, in l'Univers illustré, XIXe siècle © Archives départementales de Saône-et-Loire, droits réservés, 2 Fi 1/205 en grand format (nouvelle fenêtre)
Le Creusot, Vue générale de la ville et des établissements métallurgiques, in l’Univers illustré, XIXe siècle © Archives départementales de Saône-et-Loire, droits réservés, 2 Fi 1/205


 

Cette représentation du XIXe siècle s’appuie sur un nouveau code du pittoresque. Les cheminées fumantes des usines du Creusot, remplacent les clochers des cathédrales et des églises. Les mineurs, leur pioche à la main remplacent les figurants des paysages bucoliques qui entourent Autun, Cluny ou Mâcon. Ces images qui ont vocation à célébrer le progrès et l’entrée dans l’ère industrielle participent à la nostalgie liée à la profonde transformation des espaces industriels de Saône-et-Loire.

A. Guesdon, Mâcon, Vue prise au-dessus de la digue de Saint-Laurent, XIXe siècle © Archives départementales de Saône-et-Loire, droits réservés, 2 Fi 1/32 en grand format (nouvelle fenêtre)
A. Guesdon, Mâcon, Vue prise au-dessus de la digue de Saint-Laurent, XIXe siècle © Archives départementales de Saône-et-Loire, droits réservés, 2 Fi 1/32


 

Cette image se démarque des précédentes par son point de vue aérien et oblique qui préfigure le succès des vues du ciel, aujourd’hui « genre » de la représentation des paysages. Affranchie des codes du pittoresque sans renoncer pour autant à l’esthétique du dessin, cette vue sur Mâcon ouvre la voie des images documentaires permettant d’un coup d’œil de comprendre le site dans lequel s’inscrit la ville. La Saône, ses bateaux et péniches attirent le regard comme les monts du Mâconnais au loin qui forment l’arrière-plan du paysage de la ville.

Campagnes, bords de rivières, ambiances industrielles : principaux sujets de la peinture des paysages

Force des formes du relief et des couleurs des terres cultivées ou pâturées

Alphonse Riballier, Vue de Solutré, vers 1880, Mâcon, musée des Ursulines © Musées de Mâcon en grand format (nouvelle fenêtre)
Alphonse Riballier, Vue de Solutré, vers 1880, Mâcon, musée des Ursulines © Musées de Mâcon


 

Dans cette image consacrée à la roche de Solutré, le peintre en cette fin de XIXe siècle, s’est débarrassé en partie des codes du pittoresque et du bucolique, offrant une image réaliste et sensible de ce site majeur de l’identité départementale.

Antoine Villard, Paysage Mâconnais, 1ère moitié du XXe siècle, Mâcon ; musée des Ursulines © Musées de Mâcon en grand format (nouvelle fenêtre)
Antoine Villard, Paysage Mâconnais, 1ère moitié du XXe siècle, Mâcon ; musée des Ursulines © Musées de Mâcon


 

L’enchevêtrement des lignes des haies cloisonnant les parcelles, structure ce paysage du Mâconnais. Le peintre guide notre regard vers une crête, sans pour autant le perde dans le lointain. Les champs, les prairies, les lignes des arbres, la maison et le toit de la remise au premier plan donnent le sentiment d’un profond ancrage du paysage dans son socle de collines dont les mouvements sont plombés par un ciel chargé : une représentation profonde du paysage du Mâconnais.

Albert Montmerot, Vue sur la campagne autunoise (des hauteurs de Couhard), 1926, Autun, musée Rolin © Claudine Massard ; à droite le panneau de présentation de la promenade dédiée au peintre à Autun en grand format (nouvelle fenêtre)
Albert Montmerot, Vue sur la campagne autunoise (des hauteurs de Couhard), 1926, Autun, musée Rolin © Claudine Massard ; à droite le panneau de présentation de la promenade dédiée au peintre à Autun


 

Dans une facture plus naïve mais dans une composition quasi semblable à celle de son contemporain Antoine Villard, l’artiste autunois exprime également la valeur des ondulations des collines rehaussées de haies boisées qui guident le regard vers la montagne morvandelle au loin. L’œuvre d’Albert Montmerot est l’occasion d’une promenade au bord de l’Arroux, aux alentours d’Autun.

Hippolyte Petitjean, Paysage à Donzy-le-Pertuis, 1er quart XXe siècle, Mâcon, musée des Ursulines © P. Tournier, Musées de Mâcon en grand format (nouvelle fenêtre)
Hippolyte Petitjean, Paysage à Donzy-le-Pertuis, 1er quart XXe siècle, Mâcon, musée des Ursulines © P. Tournier, Musées de Mâcon


 

« À l’ombre verte bleutée du premier plan s’oppose le vert brillant des prairies ensoleillées qui alternent avec des zones terreuses, rousses et violette ; les haies et les murets, qui rythment l’espace, sont déclinés en teintes violines qui s’opposent directement au vert. Hippolyte Petitjean produit donc ici une vision brillante et intense des paysages clunisois en utilisant les connaissances et les théories chromatiques les plus avancées de son époque [10] ». Hippolyte Petitjean, peintre néo-impressionniste est né à Mâcon en 1854 et mort à Paris en 1929.

Ambiances des bords de rivières et des étangs

Armand Charnay, Étang à Châteauneuf-sur-Sornin, 1844, musée Hospitalier de Charlieu © Emma Artige en grand format (nouvelle fenêtre)
Armand Charnay, Étang à Châteauneuf-sur-Sornin, 1844, musée Hospitalier de Charlieu © Emma Artige


 

Une belle ambiance de partie de campagne au bord du Sornin, au sud du département, rendue par le peintre Armand Charnay proche de l’école de Barbizon.

Georges Mathey, Les bords de Saône, 1er quart XXe siècle, © Mâcon, musée des Ursulines en grand format (nouvelle fenêtre)
Georges Mathey, Les bords de Saône, 1er quart XXe siècle, © Mâcon, musée des Ursulines


 

Le peintre né à Crêches-sur-Saône en 1887 et mort en 1915 dans les tranchées a donné une série importante de croquis de la Saône et de ses rives. Les coteaux, les arbres des rives, les péniches en constituent les principaux motifs. La facture du dessin accentue les ambiances laiteuses, brumeuses des paysages de la rivière.

Gilles Chabot, Saint-Léger-du-Bois : Champsigny, photo prise depuis le TGV ; la Saône à Mâcon, aquarelle, 2011 ; @ Gilles Chabot en grand format (nouvelle fenêtre)
Gilles Chabot, Saint-Léger-du-Bois : Champsigny, photo prise depuis le TGV ; la Saône à Mâcon, aquarelle, 2011 ; @ Gilles Chabot


 

La ligne de TGV Paris-Marseille longe la vallée de la Saône. Le peintre et cheminot Gilles Chabot décrit ces paysages qu’il « ne (se) lasse pas du plaisir de regarder défiler (…) à 300 à l’heure [11] ». Le magazine La Vie du rail a édité ses photos prises au fil de ses voyages depuis la cabine de conducteur. De nombreuses concernent la Saône-et-Loire. Cette manière particulièrement contemporaine de rendre compte des paysages perçus par le plus grand nombre depuis le TGV se complète par un travail d’aquarelliste sur le motif. Ici la Saône près de Mâcon.

Le Creusot et Montceau-les-Mines : des paysages industriels mémoriels

« Cent cheminées géantes vomissent dans l’air des serpents de fumée, d’autres moins hautes, crachent des haleines de vapeur : tout cela se mêle, s’étend, plane, couvre la ville, emplit les rues, cache le ciel, éteint le soleil. »
Guy de Maupassant, Au Creusot, chronique publiée dans Gil Blas, 1883 [12]


 
Louis Charlot, Le Creusot : vue des ateliers de la plaine des Riaux, vers 1916, écomusée Creusot-Montceau-Les-Mines © Écomusée Creusot Montceau ; © Mélanie Bessard © Morgane Moello en grand format (nouvelle fenêtre)
Louis Charlot, Le Creusot : vue des ateliers de la plaine des Riaux, vers 1916, écomusée Creusot-Montceau-Les-Mines © Écomusée Creusot Montceau ; © Mélanie Bessard © Morgane Moello


 

Le peintre né à Cussy-en-Morvan et formé à l’École des Beaux-Arts à Paris fait baigner le Creusot dans une grisaille où la verticalité des panaches de fumée et les cheminées des usines s’opposent aux arêtes obliques des ateliers : une image classique des paysages industriels.

Raymond Rochette, La plaine des Riaux vue depuis La Marolle, le 27 décembre 1950, Écomusée Creusot Montceau en grand format (nouvelle fenêtre)
Raymond Rochette, La plaine des Riaux vue depuis La Marolle, le 27 décembre 1950, Écomusée Creusot Montceau


 

« Raymond Rochette (1906-1993) a peint pendant 70 ans les émotions du quotidien : scènes de vies des gens qui l’entourent, émotions qu’apporte la nature morvandelle… Mais il est avant tout le peintre de l’impressionnante usine métallurgique où l’homme, minuscule dans cet univers de métal, domine les énormes machines. »[http://www.raymondrochette.fr]

Henri-Georges Dupetit, Les HLM : Bois Garnier, vers 1960, écomusée Creusot-Montceau-Les-Mines © Daniel Busseuil ; © écomusée du Creusot-Montceau-Les-Mines en grand format (nouvelle fenêtre)
Henri-Georges Dupetit, Les HLM : Bois Garnier, vers 1960, écomusée Creusot-Montceau-Les-Mines © Daniel Busseuil ; © écomusée du Creusot-Montceau-Les-Mines


 

Une rare représentation artistique d’un paysage banal, « quotidien » et presque contemporain des alentours de la ville industrielle. Elle est due à un artiste parisien, formé à l’École nationale des Arts décoratifs.

[1Open musée Niepce : http://www.open-museeniepce.com /

[2Toutes les citations de ce paragraphe sont extraites de : Un grand week-end en Bourgogne du Sud, Hachette, 2017

[3Des extraits de ces textes sont disponibles à partir des unités paysagères (Liens « en savoir plus »)

[4Anthologie de textes d’auteurs de Saône-et-Loire de 1850 nos jours, Conseil général de Saône-et-Loire, 1990
Ce travail réalisé sous les auspices de l’Université pour tous de Bourgogne et de l’Académie de Dijon a été édité par le Conseil général.

[5Journaliste et poète, élu de Chagny, Gustave Gasser (1879-1965) a œuvré pour la reconnaissance des poètes de Saône-et-Loire en créant un prix de poésie.

[6Jean-Christophe Bailly, Le Dépaysement, voyages en France, (Fictions et Cie), Seuil, 2011

[7Extrait de la 4e de couverture.

[8Le Charolais-Brionnais a déposé sa candidature au patrimoine de l’Unesco au titre de « paysage culturel de l’élevage bovin ».

[10Extrait de « 100 peintures des collections », p. 78, Mâcon, 1999, ouvrage sous la direction de M. Lapalus.

[12Citation extraite de : Bernard Clément, Le Creusot, plaine des Riaux : lectures du paysage industriel, Ecomusée de Creusot-Montceau-les-Mines, sd