Autun vu par Paul Cazin, 1920

publié le 29 novembre 2017 (modifié le 27 janvier 2019)

« Je regardais donc, avec soumission et confiance, la cascade des grands toits aux tuiles patinées qui s’épandait de mon quartier haut sur les ardoises des quartiers bas puis la lumineuse vallée qu’estompaient déjà les ombres carminées du soir, puis, tout au loin, au creux des montagnes, des clochers de village qui, suivant les caprices du soleil, s’allumaient tout à tour celle des chandelles.
(…)
Climat rude, pluies opiniâtres, soleil fantasque, légumes durs à cuire, têtes dures à convaincre, mais horizons limpides comme ceux des Flandres, paysages aux verdures laquées, sources pures, cœurs profonds, capables d’amours inaltérables et de dévouements âpres comme des passions.
(…)
Et, par-dessus toute cela, dans le vent des montagnes qui roule sans répit, au pied du trône de Dieu, le carillon des églises et les fumées des pâtisseries, une cathédrale aux allures monastiques, dont le clocher bourguignon, solidement assis sur sa base trapue, allonge tant qu’il peut sa trompe de pierre pour pomper les souffles du ciel.
 »

Paul Cazin, L’Humaniste à la guerre, Plon, 1920