Dynamiques et enjeux paysagers de la Bresse Bourguignonne

publié le 17 octobre 2018 (modifié le 9 avril 2019)

  DYNAMIQUES

La comparaison des cartes et photos aériennes permet de révéler les évolutions du paysage.

Carte d'Etat-major - 1866 en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte d’Etat-major - 1866


 

La carte d’État-major montre une occupation du sol calée sur la topographie : de vastes parcelles de prairies (bleu-gris) forment un cordon continu dans le fond de la vallée de la Seille, les bois se maintiennent sur les terrains les plus pentus, tandis que les cultures et prés occupent les terrains moins humides. De nombreux étangs prennent place au fond de petits vallons. L’habitat est très dispersé. On peut noter une concentration d’habitat diffus le long de la route de Tournus à Louhans.

Photo aérienne IGN - 1953 en grand format (nouvelle fenêtre)
Photo aérienne IGN - 1953


 

En 1953, les évolutions sont modestes. La photographie permet toutefois de préciser l’occupation du sol. Au centre, la vallée de la Seille présente un paysage très ouvert, presque dénué d’arbres. Le long de la rivière, la ripisylve reste rare, sans doute pour ne pas gêner la navigation.
Le parcellaire agricole est formé de parcelles en lanière de très petite taille, très peu de parcelles dépassent l’hectare. Les haies délimitent les prairies et des ensembles de parcelles, composant un paysage bocager peu dense.

Photo aérienne IGN - 2017 en grand format (nouvelle fenêtre)
Photo aérienne IGN - 2017


 
L’agrandissement parcellaire

L’évolution du parcellaire agricole est marquante. Sur les replats et les hauts, les parcelles sont désormais comprises entre 2 et 8 ha. L’imbrication des près et des cultures reste forte même si ponctuellement certains secteurs mieux drainés concentrent quelques champs, générant des poches au paysage plus ouvert. Cet agrandissement s’est accompagné d’une ouverture de la maille bocagère. Le bocage bressan a régressé de 40 à 66 % entre 1950 et 2000, suivant les différentes estimations. Sa fonction de clôture a reculé avec l’extension des cultures céréalières et sa fonction de régulation hydraulique est supplantée par les techniques de drainage souterrain.

Un fond de vallée plus arboré

De petites peupleraies ont pris place dans la vallée de la Seille, témoignant du recul général des prairies dans la Bresse. La ripisylve désormais continue en bord de rivière contribue également à ce renforcement de la place de l’arbre dans la vallée. La vallée de la Seille évolue ainsi vers un paysage plus arboré, mais également plus cloisonné, qui atténue la lisibilité de la vallée.

Le développement urbain

L’évolution du bâti est importante. L’étalement urbain des villages et des bourgs a diffusé le long des voies, occupant d’importantes surfaces et créant un paysage rurbain peu attractif. Ce phénomène est également marqué le long de la route de Tournus à Louhans où le continuum bâti s’étire sur plusieurs kilomètres.

  ENJEUX PAYSAGERS

Bresse Bourguignonne bloc-diagramme enjeux paysagers en grand format (nouvelle fenêtre)
Bresse Bourguignonne bloc-diagramme enjeux paysagers


 
 

Maintenir la présence de l’arbre et du bocage


 

Le bocage bressan avec ses haies hautes forme un cadre végétal, alternant écrans visuels et transparences, participant à l’ambiance spécifique de la Bresse et à l’insertion du bâti dans le paysage. Ce bocage particulier, unique dans le département, mérite d’être pris en compte pour perdurer et imprimer cette présence arborée essentielle dans les paysages bressans.
Au nord, dans les paysages plus ouverts de la Bresse Chalonnaise il est important de conserver une certaine diversité arborée (vergers, arbres isolés ou haies). Cette diversité peut accompagner les chemins, les routes, les fossés et cours d’eau, animant l’espace en participant à lui donner une échelle et des repères. Elle peut également accompagner les nouvelles constructions et constituer un écrin végétal entre les villages et les champs.

PISTES D’ACTIONS ENVISAGEABLES :

  • Concilier le maintien de la trame arborée et l’évolution du parcellaire agricole.
  • Entretenir et renouveler les haies. Reconstituer des réseaux de haies avec des continuités.
  • Garder des transparences dans les écrans bocagers.
  • Lancer des actions de replantation sur les secteurs qui se sont le plus ouverts.
  • Mettre en valeur les chemins avec des plantations dans les espaces ouverts.
  • Positionner des arbres de haut jet au niveau des croisements.
  • Renouveler les arbres vieillissants. Replanter des arbres de haut jet pour l’avenir.


 
 

Affirmer la présence de l’eau

Le paysage de la Bresse révèle à bien y regarder une omniprésence de l’eau. Celle-ci est souvent discrète, enfouie sous la végétation, mais elle s’affiche parfois clairement dans les parties plus ouvertes ou avec les étangs. L’eau participe grandement au charme de ce paysage intime. Toute occasion de la voir ou de la côtoyer, de la mettre en valeur, tant à travers les prairies et les champs, qu’au contact des villages, doit être saisie pour renforcer la particularité de cette unité paysagère. Le petit patrimoine qui lui est associé (pont, seuil, lavoir, bonde, moulins, prise d’eau) mérite également d’être mis en valeur. A une autre échelle, la présence de l’eau est aussi liée à la visibilité des vallées, avec leurs fonds plats en prairie relativement ouverts et le relief doux des coteaux, il est important de les percevoir.

PISTES D’ACTIONS ENVISAGEABLES :

  • Conserver l’ouverture des prairies dans les fonds de vallée et en pied de coteau.
  • Étudier la place des peupleraies afin d’éviter qu’elles ferment le paysage en fond de vallée.
  • Mettre en scène les belvédères sur la vallée de la Seille notamment.
  • Utiliser la politique Trame verte et bleue pour mettre en valeur l’eau et ses abords.
  • Gérer la ripisylve et la berge afin d’éviter l’enfrichement.
  • Maintenir une ripisylve dans les paysages ouverts.
  • Préserver des accès au cours d’eau.
  • Rétablir des chemins permettant de côtoyer l’eau. Acquérir des emprises foncières pour retrouver des accès publics le long des cours d’eau et à certains étangs.
  • Ouvrir des fenêtres sur l’eau depuis les routes et les villages.
  • Valoriser le passage de l’eau dans les espaces publics des bourgs et villages.
  • Gérer la végétation pour ouvrir des vues sur l’eau depuis les ponts. Mettre en valeur les vues sur la rivière ou l’étang depuis le pont.
  • Valoriser le petit patrimoine lié à l’eau : moulin, bonde, seuil, rigole…


 

Valoriser l’image des villages, soigner les espaces publics


 

Dans la Bresse hameaux et villages se cachent souvent dans la végétation. Le clocher n’émerge que localement. Il est important de mettre en valeur les abords des villages pour leur conserver une certaine visibilité et soigner la qualité de leurs entrées.
L’intérieur des villages et des bourgs révèle souvent un cœur animé par une place entourée de maisons alignées ou plus éparses. Le maintien d’un centre bourg animé avec des espaces publics de qualité joue un grand rôle dans l’attractivité et l’image de la commune. On y accède par des entrées qui devraient marquer le passage de la route à la rue et donner une image positive annonçant la qualité interne des lieux. Dans ces environnements ruraux, il est important que l’aménagement de ces espaces publics conserve une belle simplicité. Bon nombre de ces villages ou bourgs sont au contact ou à proximité de l’eau, tissant des liens à mettre en valeur. A travers la campagne on ne peut que remarquer le patrimoine bâti des fermes bressannes, avec leurs pans de bois et leur toit descendant assez bas. Ces bâtiments emblématiques méritent une grande attention.

PISTES D’ACTIONS ENVISAGEABLES :

  • Ouvrir quelques vues sur les villages depuis les routes ou à l’approche des villages. Révéler le clocher qui émerge de la végétation.
  • Prendre en compte les logiques d’implantation du bourg dans son site, valoriser les éléments qui donnent au bourg son côté unique.
  • Révéler les sites d’implantations souvent peu lisibles compte tenu du faible relief et de la végétation (coteau, bord de rivière).
  • Aménager les entrées pour marquer une transition ou un point de basculement dans le milieu urbain.
  • Préserver le cachet des places. Révéler l’histoire et soigner la qualité des aménagements.
  • Privilégier l’utilisation de matériaux locaux dans les aménagements.
  • Recomposer des espaces publics le long des cours d’eau : quai, allée, escalier, esplanade, rue…
  • Aménager des tours de villages attractifs en complément du centre ancien.
  • Respecter et valoriser le patrimoine bâti dans toute sa diversité.
  • Encourager la restauration des fermes traditionnelles de la Bresse.
 

Maitriser les extensions urbaines linéaires


 

La Bresse offre historiquement un habitat dispersé avec de nombreuses implantations de fermes anciennes éparpillées le long des petites routes. Ces implantations discrètes mais fréquentes ne doivent toutefois pas justifier un mitage linéaire par les nouvelles constructions. De nombreux axes routiers importants ou bien encore des voies secondaires ont vu les constructions s’égrainer le long de leur parcours. Cela crée une façade bâtie étirée dans un contexte très rural. Ces premiers plans bâtis occultent la perception de l’espace rural derrière et donnent une image fausse et banalisante de l’identité paysagère de la Bresse. Ces habitations étalées le long des routes posent également des problèmes de sécurité routière. De plus ce mode d’urbanisation ne permet pas de mutualiser les réseaux, ni de composer des contextes urbains attractifs.

PISTES D’ACTIONS ENVISAGEABLES :

  • Prôner un développement durable et économe de l’espace dans les documents d’urbanisme.
  • Préserver la silhouette groupée des villages.
  • Mettre en place des limites pérennes à l’urbanisation.
  • Maintenir des coupures non bâties entre les villages et les bourgs.
  • Porter une attention particulière aux routes d’accès et aux entrées en évitant de les coloniser par de l’urbanisation linéaire.
  • Renforcer le centre bourg plutôt que d’éparpiller des constructions le long des routes.
  • Éviter les extensions ponctuelles en crête qui s’avèrent très visibles.
  • Éviter de ne penser qu’au pavillon individuel comme seul moyen de développement du bourg, promouvoir les maisons de villes et le petit collectif. Promouvoir la notion de quartier.
  • Utiliser la haie bocagère pour insérer les constructions dans le paysage bressan.


 
 

Soigner les vitrines depuis les grands axes routiers


 

De longs axes routiers traversent la Bresse (RD 673, 678, 933, 970, 971…), donnant l’image de l’unité paysagère au plus grand nombre. La perception du paysage depuis ces axes « vitrines » revêt donc une importance majeure et mérite d’être valorisée. L’enjeu est d’animer les parcours en valorisant la variété des paysages traversés et les petits évènements le long du parcours : basculement dans une vallée, franchissement d’une rivière, vue sur le village ou un étang … La gestion des abords directs de la route mérite une attention particulière. Ces itinéraires peuvent faire l’objet d’un accompagnement pour la mise en valeur de leur parcours en tant que médiateur de découverte du territoire, avec l’aménagement de points d’arrêts, des traversées et des entrées urbaines, d’actions spécifiques sur les croisements par exemple ou encore la gestion des premiers plans et des lisières. Il convient également d’être particulièrement vigilant sur l’évolution des paysages perçus depuis ces axes.

PISTES D’ACTIONS ENVISAGEABLES :

  • Mettre en valeur le paysage perçu depuis les grands axes.
  • Accompagner la route d’actions paysagères à l’échelle de l’ensemble du tracé. Mettre en place des chartes d’itinéraires.
  • Ouvrir des vues, gérer les lisières.
  • Créer des points d’arrêts, en faciliter l’accès.
  • Valoriser les événements (croisements, passage en forêt, franchissement de l’eau…).
  • Créer une clairière au niveau des carrefours forestiers.
  • Concevoir les carrefours avec sobriété dans l’esprit du paysage alentour.
  • Maîtriser les implantations bâties limitrophes de l’axe.
  • Maîtriser l’urbanisation autour des points d’échanges.
  • Soigner l’aménagement et la gestion des voies d’accès au bourg et de leurs abords. Enfouir les réseaux aériens.
  • Aménager les traversées de bourgs et de villages.
 

Animer les lisières forestières


 

Dans les paysages de clairières de la Bresse Chalonnaise, les fronts arborés cadrent et limitent les vues. Si les lisières forment des murs végétaux trop opaques ou uniformes, les vues sont plus monotones. Il est donc intéressant de travailler les lisières forestières par une politique de plantation et de gestion adéquate (conservation de beaux sujets, éclaircies des plantations, choix d’essences variées…) qui permette d’animer les vues. Le long des longues traversées, garder une certaine transparence aux lisières permet aussi d’apporter une plus grande diversité, tout en évitant leur fermeture.

PISTES D’ACTIONS ENVISAGEABLES :

  • Préserver et dégager des arbres remarquables en lisière. Maintenir et renouveler les vieux arbres.
  • Mettre en valeur les carrefours forestiers.
  • Animer les lisières le long des axes routiers. Varier les essences sur les premiers rangs.
  • Moduler les lisières pour apporter une diversité. Éviter une gestion homogène des lisières sur de longs linéaires routiers ou le long des champs.
  • Privilégier les boisements mixtes ou feuillus sur les lisières les plus visibles.
  • Modeler les plantations par des éclaircies pour favoriser la perméabilité visuelle des lisières.


 
 

Valoriser les lieux singuliers de la Bresse


 

Le Revermont, apparaît comme un évènement dominant le paysage bocager de la Bresse. Le coteau se voit de loin et se met en scène, rendant particulièrement sensible tous les développements qui pourraient s’y effectuer notamment l’évolution des boisements. Une attention particulière doit y être apportée.
La vallée de la Seille, en aval de Louhans, offre des ambiances particulières avec un cours d’eau affirmé et des coteaux, certes doux, mais tout de même lisibles. Les légers belvédères, les villages proches de l’eau, le réseau de canaux et de rigoles, ou encore les fonds plats ouverts méritent une mise en valeur plus attentive.
La ville de Louhans, implantée à la confluence du Solnan et de la Seille, présente un centre ancien avec des arcades et des rues pavées remarquables mais une périphérie qui pourrait faire l’objet de plus d’attention ainsi qu’un rapport à l’eau qui mériterait d’être mis en valeur.

PISTES D’ACTIONS ENVISAGEABLES :

  • Préserver la qualité des sites historiques des villages et des châteaux du Revermont (enceinte, belvédère) et maitriser le développement urbain de ce secteur. Conserver un coteau harmonieux au regard de l’évolution des boisements et des prairies.
  • Eviter les plantations géométriques (conifères) sur les versants les plus visibles du Revermont. Privilégier une exploitation sans coupe à blanc.
  • Maintenir ou créer des vues depuis les routes du Revermont en gérant les boisements et les friches.
  • Valoriser le couloir de la vallée de la Seille. Aménager des points en belvédère. Etablir des liens entre la rivière et les villages : boucle de chemin, aménagement d’espaces publics, aménager les abords des haltes nautiques…
  • Bien réfléchir la place des peupleraies pour éviter une fermeture de la vallée, notamment près des routes et des villages.
  • Améliorer les abords de Louhans et les entrées, trouver un lien entre espace public et l’eau, compléter la valorisation du centre ancien.