Dynamiques et enjeux paysagers de la Côte Chalonnaise

publié le 28 septembre 2018 (modifié le 1er avril 2019)

  DYNAMIQUES

La comparaison des cartes et photos aériennes permet de révéler les évolutions du paysage.

Côte Chalonnaise carte d'Etat-Major 1850 en grand format (nouvelle fenêtre)
Côte Chalonnaise carte d’Etat-Major 1850


 

La carte d’Etat-major montre une valorisation étagée du territoire : en haut des sommets boisés (vert), puis des espaces communaux de pâturage, en dessous les vignes (gris bleu), puis dans les fonds et les vallées, les prés et les cultures.

Le vignoble est à cette époque très étendu, occupant de nombreuses emprises sur les hauts, sur la terrasse de Saône autour de Fontaine, et sur les coteaux de la vallée de la Dheune.
Les villages présentent une silhouette bien groupée.

Côte Chalonnaise photographie aérienne 1953  en grand format (nouvelle fenêtre)
Côte Chalonnaise photographie aérienne 1953
IGN Géoportail


 

Un petit parcellaire ponctué d’arbres

La photographie aérienne révèle le morcellement des parcelles aussi bien dans le vignoble qu’au sein des cultures. Les parcelles sont partout en lanières et ponctuées de nombreux arbres fruitiers.
Le vignoble lui-même est emmêlé de lignes de fruitiers et de petites parcelles de cultures ou de prés.

Un alignement d’arbres accompagne la route en pied de coteau (actuelle RD981) soulignant son tracé dans le paysage.

Le recul du vignoble et l’enfrichement

Le vignoble a beaucoup reculé suite aux ravages du phylloxéra à partir de 1875, abandonnant de nombreuses parcelles sur les hauts et dans la vallée de la Dheune. Le corollaire est alors l’enfrichement et la légère progression des bois sur les parcelles de vignes détruites par la maladie mais également sur les anciens communaux.

Côte Chalonnaise photographie aérienne 2017  en grand format (nouvelle fenêtre)
Côte Chalonnaise photographie aérienne 2017
IGN Géoportail


 

Le recentrage du vignoble

En 2017, le vignoble s’est déplacé de nouveau, abandonnant les terrasses de Saône, les versants de la vallée de la Dheune et regagnant des parcelles sur les hauteurs. Les surfaces plantées restent toutefois moins importantes qu’en 1850 : les parcelles trop pentues ou moins bien exposées ont été abandonnées et le vignoble s’est recentré dans les aires d’appellation.

Une monoculture de la vigne

Avec le développement de la mécanisation, les parcelles se sont agrandies et les vignes ont progressivement occupé tout l’espace au détriment des cultures et des arbres intercalés. Le vignoble est devenu une monoculture plus uniforme.

Le reboisement des hauteurs

Ce phénomène déjà présent en 1950 s’est poursuivi avec l’apparition de plantations de conifères dont les teintes plus sombres contrastent avec les feuillus.

Des extensions urbaines

Peu nombreuses dans les vignes, les extensions des villages se sont étendues vers la plaine et la RD981, constituant une frange pavillonnaire peu qualitative. Ces extensions sont ainsi très visibles depuis cet axe qui dessert tout le piémont de la Côte Chalonnaise. Cette route, qui traversait les vignes, ombragée d’un alignement d’arbres en 1850, montre aujourd’hui un tout autre paysage entre grandes cultures et franges pavillonnaires des villages.

 

  ENJEUX PAYSAGERS

Côte Chalonnaise bloc-diagramme enjeux paysagers en grand format (nouvelle fenêtre)
Côte Chalonnaise bloc-diagramme enjeux paysagers


 
 

Maintenir une diversité paysagère dans le vignoble


 

Les vignes sont un élément prépondérant des paysages des Côtes Chalonnaises. Le vignoble montre une diversité de tailles de parcelle, de compositions avec les prairies ou les boisements, créant ainsi un véritable patchwork. On peut y côtoyer des arbres isolés, des murets, des cabanes de vigne ou encore de nombreux chemins. Cette diversité a baissé au fil du temps et mérite d’être encouragée pour faire perdurer le charme des lieux. D’autre part, les divers aménagements hydrauliques utiles pour diminuer l’impact de l’érosion des eaux d’orage, doivent être étudiés dans le souci de leur intégration paysagère. A une autre échelle, il est également important de veiller aux différentes covisibilités, proches ou lointaines, des pentes qui se mettent en scène et offrent une grande visibilité de leur occupation du sol. Il en est ainsi pour les effets de façades depuis la Vallée de la Saône ou le versant est du Couchois depuis la vallée de la Dheune. Tout ce qui prend place sur le coteau et à ses pieds a un fort impact visuel, parfois de loin. La maîtrise de l’urbanisation pour éviter le mitage ou les effets de masse sont également à surveiller. L’enjeu global pour le vignoble est de conserver et promouvoir un paysage diversifié, formant l’écrin des villages et l’image de marque des domaines viticoles.

 

Pistes d’actions envisageables :
- Conserver une diversité au sein du parcellaire (prairie, fruitiers, bosquets).
- Renouveler les arbres isolés vieillissants.
- Encourager la plantation d’arbres ou de fruitiers entre les parcelles de vignes.
- Préserver le petit parcellaire. Eviter les regroupements trop importants de parcelles.
- Mettre en valeur les chemins à travers le vignoble. Eviter les revêtements de sol imperméabilisants.
- Soigner les murs de soutènements en pierre. Entretenir les murs des clos.
- Favoriser l’insertion paysagère des ouvrages hydrauliques. Privilégier les techniques qui favorisent l’infiltration des eaux de ruissellement.
- Maîtriser le développement urbain le long de la RD981 en pied de coteau.
- Porter l’effort de mise en valeur du vignoble en priorité le long des axes routiers et des points en belvédère.
- Mettre en valeur les abords des exploitations viticoles et des chais.
- Constituer des itinéraires pour découvrir le vignoble et mettre en avant ses points forts.


 

Mettre en valeur les belvédères


 

La Côte Chalonnaise se dresse au-dessus de la Plaine de la Saône, offrant ainsi de nombreux belvédères sur des panoramas lointains, ou sur des vallons plus intimes. Ils méritent une attention pour les identifier, les faire connaître, les préserver, les mettre en scène à travers des itinéraires ou des aménagements. Les belvédères expriment parfois poétiquement l’infini et le rapport au ciel. Ces vastes panoramas aux vues plongeantes, révèlent ainsi de nombreux aspects du territoire, éclairant les paysages d’une vision géographique. Cela doit inciter à maîtriser la gestion du paysage ainsi découvert. La qualité des vues dépend aussi d’un aménagement soigné des premiers plans et des abords immédiats du point de vue. Les routes sont aussi des éléments très importants à prendre en compte pour un travail sur les vues.

 

Pistes d’actions envisageables :
- Mettre en valeur les itinéraires routiers offrant des vues remarquables.
- Favoriser l’accès en respectant l’identité des sites remarquables. Aménager simplement les aires d’accueil ou de stationnement.
- Identifier et aménager des belvédères pour profiter du paysage : bande d’arrêt le long des routes, plateforme sobre, vergers, table d’orientation, mobilier discret …
- Conserver et valoriser les chemins agricoles communaux, véritables faire-valoir des vues.
- Aménager des circuits de découverte et communiquer sur leur existence.
- Mettre en place un balisage et une information claire.
- Accompagner le cheminement par des plantations, de fruitiers par exemple.
- Maîtriser les silhouettes des villages visibles de loin.
- Conserver l’équilibre et l’harmonie entre les différents éléments du paysage (vigne, urbanisation, boisement).

Maîtriser la gestion forestière des coteaux, des prairies et des pelouses sèches


 

La Côte Chalonnaise était autrefois beaucoup plus exploitée par l’agriculture et ouverte. La vigne s’étendait plus largement. Les boisements ont depuis colonisé les crêtes et les pentes abandonnées par le vignoble. Les arbres ont aussi gagné sur les espaces en prairies sèches ou bocagères des crêtes. Les parcelles de pelouses plus lumineuses attirent l’œil et recouvrent largement certains monts ou des pentes bien visibles, les mettant ainsi singulièrement en valeur. Quelques prairies ourlées de haies avec des arbres isolés diversifient le paysage. Les lisières nettes des boisements contrastent avec les vignes marquant d’autres lignes intéressantes. Les plantations de conifères montrent un coté plus austère. Boisements et prairies forment l’écrin et la toile de fond du vignoble. Ils méritent donc une attention particulière pour parfaire le tableau de la Côte en conservant ses caractéristiques graphiques harmonieuses.

Pistes d’actions envisageables
- Préserver une composition harmonieuse et diversifiée entre vigne, forêt, prairies, pelouses sèches. Garder une place pour un patchwork diversifié.
- Conserver des prairies/pelouses entretenues. Limiter la progression des boisements.
- Avoir une vigilance particulière sur les lieux les plus remarquables : les monts, falaises (Chassey-le-Camp), les fronts de Côte, les combes très visibles…
- Veiller à une bonne insertion des carrières et à maîtriser leur impact paysager depuis le pied de la côte.
- Privilégier des boisements feuillus ou mixtes sur les versants les plus visibles.
- Ne pas pratiquer les coupes de régénération sur des surfaces géométriques calées sur le parcellaire : privilégier des plages d’intervention dont les limites épousent les formes des versants.
- Atténuer la géométrie des lignes de plantation et d’éclaircies sur les versants les plus visibles
- Maintenir des lisières forestières de qualité le long des chemins, des routes et des vignes.
- Avoir une grande vigilance pour toute intervention sur les crêtes qui sont très visibles.
- Gérer les abords des boisements pour éviter les friches qui descendent trop bas sur le coteau.
- Rouvrir les parcelles boisées ou enfrichées qui descendent au contact des villages.


 

Concilier les extensions urbaines avec la qualité paysagère de la Côte


 

Dans le vignoble, les villages et les hameaux présentaient des formes groupées denses contenues, dans un creux du relief, ou sur le vallonnement d’une pente. Ils restaient de ce fait discrets et offraient ainsi une composition harmonieuse avec leur site d’implantation. Aujourd’hui, on peut observer par endroits des implantations plus récentes individuelles (mitage) ou étirées le long d’une route (urbanisation linéaire) qui pénalisent la perception des lieux en créant des entre-deux peu qualitatifs. L’éparpillement n’est pas dans la tonalité de ces lieux cadrés par un paysage viticole ordonné. Il est donc important de réfléchir à la forme des groupes bâtis et à leur relation avec le relief, de limiter les étalements au coup par coup qui viennent altérer avec dissonance la silhouette des hameaux et villages. Certains panoramas sur la Plaine s’accommodent mal de premiers plans bâtis en pavillons. La relative préservation de la Côte due à la présence de la vigne demande en contrepartie une vigilance particulière à la limite du vignoble et de la Plaine, où s’édifient des constructions qui ne peuvent s’implanter dans les vignes. Ces constructions peuvent avoir un fort impact sur les vues depuis et vers le coteau. C’est finalement tout l’axe de la RD 981, traversant ou côtoyant les villages et bourgs, qui mérite une attention particulière quant au développement bâti au fil de son parcours et en périphérie des bourgs.

Pistes d’actions envisageables :
- Prendre en compte les logiques d’implantation du bourg dans son site, valoriser les éléments qui donnent au bourg son côté unique.
- Préserver la silhouette groupée des villages et des hameaux. Harmoniser le développement en fonction du relief. Privilégier les implantations discrètes à l’image de certains hameaux.
- Agrandir le bourg en prolongeant la logique de son plan de composition.
- Prôner un développement durable et économe de l’espace dans les documents d’urbanisme. Proscrire le mitage.
- Respecter la hiérarchie des masses bâties et du clocher. Eviter les juxtapositions ou les vis-à-vis malencontreux pour les constructions ou les zones de développement.
- Etre vigilant sur l’emplacement, les volumes et les couleurs des nouvelles habitations.
- Veiller à l’impact paysager des bâtiments d’activité et des chais dans et en périphérie du vignoble (volume, couleur, intégration, plantations).
- Porter une attention et un accompagnement qualitatif à tous les développements bâtis en pied de coteau et le long de la RD 981.


 

Mettre en valeur les espaces publics et le petit patrimoine


 

Dans ce paysage attractif aux nombreuses vues panoramiques, la qualité des ambiances villageoises apporte un complément non négligeable, notamment en terme d’image pour le vignoble. La mise en valeur des espaces publics à l’intérieur des villages et à leur périphérie constitue un faire-valoir important pour la qualité du cadre de vie et la fréquentation touristique. Les espaces publics sont des points stratégiques à valoriser pour conserver le cachet du bourg et sa convivialité. Les aménagements doivent faire preuve de simplicité pour assurer l’harmonie et le charme des villages et la tonalité rurale des lieux. Un certain nombre d’éléments de patrimoine (lavoirs, murets, puits, calvaires, clos, bâti…) ne doivent pas être oubliés.
Les entrées et les traversées des bourgs ou villages, au pied du coteau (RD 981) ou transversale à la Côte (RD 28, 977 ou 978) sont en revanche souvent à améliorer pour valoriser le cadre de vie des habitants et parfaire l’image des villages. Il est important que la transition de la route à la rue soit bien perceptible. L’aménagement de la rue doit prendre un caractère plus urbain ou villageois et abandonner le langage routier.

Pistes d’actions envisageables :
- Aménager les entrées de bourg avec simplicité pour marquer la transition de la route à la rue en évitant le langage technique routier si possible.
- Utiliser l’arbre à bon escient pour structurer l’espace des entrées (alignement) ou des places (mail)
- Mettre en valeur les places. Trouver un équilibre entre stationnement et convivialité des espaces publics.
- Prévoir dans toute extension urbaine, des espaces publics structurants de qualité.
- Privilégier l’utilisation de matériaux locaux dans les aménagements. Conserver un vocabulaire simple mais de qualité, en accord avec la ruralité des lieux.
- Valoriser les petits éléments de patrimoine (lavoir, muret, noue pavée, calvaire…).
- Soigner les périphéries des villages : plantations, chemin de tour de village, abords du cimetière. Préserver un maillage de chemins en périphérie des villages.

Valoriser les lieux particuliers de la côte


 

Pour la Côte Chalonnaise, certains lieux ou structures paysagères se distinguent : les monts, le coteau viticole de la vallée de la Dheune et le canal du Centre. Les monts (Rome et Rème par exemple) constituent des signaux emblématiques visibles de loin, dont la présence intrigue et attire. Le coteau de la vallée de la Dheune est bien lisible en covisibilité depuis le versant opposé ce qui lui donne une autre dimension par rapport à la façade de la Côte Chalonnaise. Son étagement et son ampleur, alliés au graphisme des vignes, avec les monts en toile de fond sont remarquables. Le canal forme un fil conducteur en passant en fond de vallées entre des coteaux viticoles. Cette voie d’eau artificielle révèle un savoir-faire et offre une pratique du paysage originale. Ils méritent une attention particulière, une reconnaissance, une mise en valeur et peut-être une protection adaptée pour assurer la pérennité de leur qualité.

 

Pistes d’actions envisageables :
- Réfléchir à l’accessibilité des monts, l’aménagement de belvédères, la gestion de la végétation, la maîtrise des vues depuis leur sommet.
- Mettre en valeur les affleurements rocheux, conserver la visibilité de l’étagement du paysage.
- Accompagner le canal en le reliant aux villages, en favorisant les vues sur le paysage, en gérant la végétation, en le rendant visible depuis les environs, en mettant en valeur les différents ouvrages, en améliorant la coexistence avec les arrières de villages.