Dynamiques et enjeux paysagers de la Vallée de l’Arroux

publié le 23 novembre 2018 (modifié le 2 avril 2019)

  DYNAMIQUES

La comparaison des cartes et photos aériennes permet de révéler les évolutions du paysage.

Vallée de l'Arroux carte d'Etat-Major 1860 en grand format (nouvelle fenêtre)
Vallée de l’Arroux carte d’Etat-Major 1860


 

Nous sommes ici à l’articulation entre deux séquences de la vallée : au nord de Toulon-sur-Arroux, l’Arroux traverse un relief de collines et au sud de Toulon, commence la basse vallée, à large fond plat.
La carte d’Etat-major distingue plusieurs modes d’occupation du territoire : les bois (vert) occupent les sommets et les terrains pentus des versants ; les prés humides (bleu clair) s’étendent dans les fonds ; le reste de l’espace agricole (beige) est dédié aux prés et aux cultures.
Toulon-sur-Arroux présente une silhouette bien groupée, au centre d’une étoile routière qui converge vers le pont permettant de franchir la rivière.

Vallée de l'Arroux - photographie aérienne 1954 en grand format (nouvelle fenêtre)
Vallée de l’Arroux - photographie aérienne 1954


 

La photographie aérienne de 1954 révèle un petit parcellaire agricole de toutes formes. Les haies basses, ponctuées d’arbres, délimitent des groupes de parcelles, souvent de plusieurs hectares. Les parcelles de culture sont nombreuses sur les versants en pente douce.

Toulon-sur-Arroux a commencé de s’étendre, développant un faubourg de l’autre côté de l’Arroux ainsi que le long des axes qui convergent. On peut observer que l’entrée par le faubourg a été aménagée par la plantation d’un double alignement d’arbres.

Dans la vallée, une sablière a débuté l’exploitation des granulats au nord du bourg.

Vallée de l'Arroux - photographie aérienne 2016 en grand format (nouvelle fenêtre)
Vallée de l’Arroux - photographie aérienne 2016


 

En 2016, plusieurs évolutions marquent le paysage :

 

L’étalement urbain

Ce phénomène s’observe pour tous les bourgs et villes de la vallée de l’Arroux. Toulon-sur-Arroux s’est ainsi développée le long de toutes les routes, étirant le bourg sur près de 1,5 kilomètre. Cette urbanisation s’est réalisée sans aucun investissement dans les espaces publics : aucune place n’a été créée depuis le XIXème siècle. Ces extensions linéaires enclavent plusieurs terres agricoles.

L’impact des sablières

Dans la vallée, les sablières ont exploité plusieurs sites de part et d’autre du bourg de Toulon. La fin d’exploitation laisse une collection de huit petits bassins juxtaposés qui donnent une impression de mitage du fond de vallée.

L’évolution du parcellaire agricole

L’agrandissement parcellaire est resté ici plutôt modéré. Il s’est toutefois conjugué avec la raréfaction de la trame bocagère. Les haies sont moins nombreuses et se réduisent par endroits à quelques arbres isolés, vieillissants.

La géométrie des conifères

Plusieurs plantations de conifères impactent les massifs forestiers des versants. D’une part, leurs feuillages sombres contrastent avec les feuillus, d’autre part les formes géométriques des parcelles, des lignes de plantation et d’éclaircies, sont parfois très visibles dans le paysage.

  ENJEUX PAYSAGERS

Vallée Arroux bloc-diagramme enjeux paysagers en grand format (nouvelle fenêtre)
Vallée Arroux bloc-diagramme enjeux paysagers


 
 

Maitriser l’évolution des versants forestiers et les lisières


 

Les versants de la vallée de l’Arroux sont très visibles et boisés, surtout dans la partie centrale (les Collines de l’Arroux) et au nord (la Plaine d’Autun). Dans cette vallée aux versants en covisibilité, la forêt constitue la toile de fond et la limite visuelle du paysage. Sa gestion et les modes de plantations constituent donc un fort enjeu. Une vigilance s’impose vis à vis des plantations de résineux qui affirment des formes géométriques calées sur le parcellaire cadastral, artificialisant le paysage. Cela est renforcé par leur coloration sombre en toutes saisons et leur port dressé qui focalise le regard. La taille des parcelles doit également être prise en compte pour éviter l’effet de mitage ou d’uniformisation des versants. La souplesse des formes et la diversité des transitions entre peuplements, des lisières variées et entretenues, sont autant d’éléments qui permettent d’obtenir des versants harmonieux. Les problèmes s’estompent dès lors que le peuplement retrouve une diversité, soit par des parcelles mixtes feuillus et conifères, soit par une gestion jardinée. Le traitement des lisières doit être différencié afin qu’elles ne soient pas trop opaques ou monotones.

 

Pistes d’actions envisageables
- Analyser et identifier les versants les plus importants dans le paysage.
- Ne pas pratiquer les coupes de régénération sur des surfaces géométriques calées sur le parcellaire : privilégier des plages d’intervention plus larges que hautes dont les formes s’accordent mieux avec celles des versants.
- Limiter les coupes à blanc et les boisements mono-spécifiques. Privilégier les peuplements de feuillus et les peuplements mixtes sur les versants les plus exposés visuellement.
- Créer des secteurs de transition (peuplement mixtes, essences variées) en limite des parcelles résineuses afin d’en atténuer l’impact visuel.
- Raisonner le plan de régénération à une échelle suffisante. Eviter les trop petites parcelles qui créent un effet de mitage du versant.
- Eviter d’intervenir sur des surfaces trop importantes sur les versants en covisibilité.
- Etre vigilent sur les effets paysagers de la gestion forestière des crêtes.
- Maintenir des lisières forestières de qualité le long des chemins et des routes. Eviter de planter uniquement des conifères en lisière. Varier les essences et composer des lisières mixtes feuillus-conifères.
- Prévoir une gestion différenciée de la lisière : augmenter la fréquence de l’élagage et des éclaircies des premiers rangs.
- Gérer les abords des boisements pour éviter les friches qui gomment les limites franches
- Composer le paysage du versant, en conservant des ouvertures agricoles en alternance avec la forêt sur des points stratégiques : crête, abords de hameaux, cols…
- Mettre en place une réglementation des boisements.


 

Pérenniser le maillage bocager


 

Depuis les versants l’enjeu du maintien d’un bocage, avec cette belle ponctuation d’arbres, apparaît avec force. Les lignes graphiques des haies animent le fond de la vallée et les versants, et forment un premier plan de qualité le long des routes et des chemins. Ce bocage participe également à la mise en scène des villages dans leur site en étant partie prenante de leur écrin. Mais certains secteurs voient la création de plus grandes parcelles de prés, où arbres et haies ont tendance à disparaître au profit du fil barbelé. Les jeunes arbres sont par ailleurs rares dans les haies ou au milieu des parcelles. Les arbres isolés, majoritairement âgés, mériteraient d’être renouvelés. Une attention particulière est donc nécessaire pour le maintien du bocage qui contribue à la richesse et à l’attrait de ces paysages.

Pistes d’actions envisageables
- Remailler les prairies par des haies vives en cas d’ouverture trop importante. Utiliser des essences locales bien adaptées au contexte.
- Planter des haies et des arbres le long des chemins ruraux qui se dénudent.
- Soigner l’entretien des haies.
- Inclure des arbres de haut jet dans les haies.
- Replanter des arbres isolés au sein des prairies.
- Conserver les haies dans les ruptures de pente pour éviter l’érosion.


 

Mettre en valeur la présence de l’eau


 

Dans ce paysage de vallée la présence de l’eau s’affirme localement, en composant avec les villages implantés au bord de l’Arroux autour du passage d’un pont. L’eau se décline sous d’autres aspects comme l’étendue des étangs des anciennes sablières, les anciens bras marécageux, le tracé rectiligne de la rigole de l’Arroux, de petites confluences ou encore la ripisylve qui souligne le cours de la rivière au milieu des prairies. Sa lisibilité pourrait cependant être améliorée pour affirmer ses qualités indéniables. Le passage de l’eau donne un formidable atout aux espaces publics du village. Tout un petit patrimoine lié à l’eau mérite d’être mis en valeur : biefs, rigoles, fontaines, lavoirs, ponts, étangs… L’entretien des cours d’eau, leur accessibilité, la mise en valeur des ponts, la gestion des fonds et des ripisylves participent à produire un paysage attractif. Cela vient également appuyer la démarche Trame verte et bleue des liaisons écologiques.

Pistes d’actions envisageables :
- Ouvrir les abords des cours d’eau pour les rendre visibles dans le paysage. Maintenir des espaces ouverts en prairie près des cours d’eau.
- Mettre en valeur les points de vue sur la vallée et sa rivière.
- Gérer la ripisylve qui signale le passage de l’eau.
- Donner accès au cours d’eau. Créer ou rouvrir des chemins. Retrouver des emprises publiques le long des cours d’eau à proximité des villages. Mettre en valeur les confluences autour desquelles se sont implantés de nombreux villages.
- Ouvrir les abords des ponts qui constituent des points de découverte privilégiés.
- Utiliser l’eau comme élément fondateur des espaces publics dans ou à proximité des villages.
- Restaurer le petit patrimoine lié à l’eau avec un vocabulaire simple.
- Révéler la présence des moulins.
- Valoriser la Rigole de l’Arroux en gérant la végétation pour ouvrir des vues sur le paysage, en la rendant visible depuis les environs, en mettant en valeur les différents ouvrages, en retrouvant une continuité de cheminement entre Gueugnon et Digoin, en soignant les accroches avec ces villes.
- Retrouver une vocation pour les anciennes sablières. Etudier des projets d’ouverture au public.


 

Veiller à la qualité des bâtiments agricoles et de leurs abords


 

Le bocage de la vallée de l’Arroux est voué majoritairement à l’élevage bovin charolais. Cela implique dans le paysage la présence de hangars, accolés ou non aux fermes anciennes, ou en périphérie des villages. Les nouveaux bâtiments agricoles construits sont souvent en rupture avec les bâtiments anciens, en raison des mises aux normes ou de l’évolution des techniques. Leurs volumes, leurs matériaux ou leur couleur n’ont pas toujours fait l’objet d’une réflexion pour conserver une certaine harmonie avec leur situation et leur entourage. Leur localisation et leur qualité architecturale, ainsi que l’aménagement de leurs abords (plantations, chemin, transition avec les prés) peut participer à mieux inclure les nouveaux bâtiments dans le paysage.

 

Quelques pistes d’actions envisageables :
- Eviter les implantations trop visibles : en crête ou versants , en entrée de village ou en bord de route.
- Soigner l’architecture des bâtiments (volumes, matériaux), fractionner les volumes.
- Privilégier des bâtiments de teinte sombre, plus discrets dans le paysage.
- Soigner l’entrée de la ferme. Planter des arbres isolés ou alignés le long du chemin d’entrée.
- Planter aux abords des bâtiments pour faire une transition avec le paysage. Utiliser des essences locales adaptées au contexte.
- Installer les stockages dans des lieux discrets en arrière-plan.


 

Mettre en valeur les centres des villages et le petit patrimoine


 

La mise en valeur des villages et de leurs espaces publics constitue un faire-valoir important pour la qualité du cadre de vie et la fréquentation touristique. Dans cette vallée les ponts méritent une mention spéciale car ils constituent des entrées ou donnent des vues sur les villages. Les espaces publics (entrée, rue, place, venelle, tour de village, bord de rivière…) sont des points stratégiques à valoriser pour conserver le cachet du bourg et sa convivialité. Les aménagements doivent faire preuve de simplicité pour préserver la tonalité rurale des lieux qui fait le charme des villages. Certains éléments de patrimoine (lavoir, mur, puits, calvaire, bâti…) ne doivent pas être oubliés. Des actions pour restaurer et redonner vie aux habitations anciennes délaissées, plutôt que de systématiquement construire en périphérie du bourg, sont à privilégier.
Les entrées et les traversées des bourgs ou villages sont par endroit à améliorer pour valoriser le cadre de vie des habitants et parfaire l’image des villages. Il est important que la transition de la route à la rue soit bien perceptible. L’aménagement de la rue doit prendre un caractère plus urbain ou villageois et abandonner le langage routier.

Pistes d’actions envisageables :
- Aménager les entrées de bourg avec simplicité pour marquer la transition de la route à la rue en évitant les traitements routiers. Mettre en valeur les abords des ponts des villages.
- Retrouver des emprises publiques le long des cours d’eau à proximité des villages. Mettre en valeur les confluences autour desquelles se sont implantés de nombreux villages.
- Utiliser l’arbre à bon escient pour structurer l’espace des entrées (alignement) ou des places (mail)
- Mettre en valeur les places. Trouver un équilibre entre stationnement et convivialité des espaces publics.
- Prévoir dans toute extension urbaine des espaces publics structurants de qualité.
- Privilégier l’utilisation de matériaux locaux dans les aménagements. Conserver un vocabulaire simple mais de qualité, en accord avec la ruralité des lieux.
- Préserver les accotements enherbés et les plantations en pied de clôture.
- Valoriser les petits éléments de patrimoine (lavoir, muret, calvaire…).
- Soigner les périphéries des villages : plantations, chemin de tour de village, abords du cimetière. Préserver un maillage de chemins en périphérie des villages.


 

Valoriser le site d’implantation du village et maîtriser les extensions urbaines


 

Sous l’influence d’Autun et de Gueugnon, l’urbanisation s’étend par endroit en lotissement, de façon linéaire et en zones d’activités. Certains bourgs possèdent des éléments bâtis patrimoniaux et se sont implantés historiquement au bord d’une rivière ou sur un versant. Il est donc important d’avoir une vigilance vis à vis de ces changements car l’urbanisation constitue un élément d’évolution très visible, mais surtout irréversible. Quelques extensions bâties mal positionnées suffisent à altérer la lisibilité de la silhouette du bourg ou la qualité paysagère de son approche. L’urbanisation linéaire et le mitage desservent la qualité des paysages. Les nouvelles constructions mises en façade le long des axes routiers ou en périphérie du village transforment la perception et l’identité des lieux. Il est donc important de réfléchir à la forme des groupes bâtis et à leur relation avec le relief, aux connexions avec le centre ancien ou encore au respect du site originel d’implantation du village. Les zones d’activités, lorsqu’elles s’implantent le long des routes et en entrée de bourgs doivent être accompagnées par des aménagements de qualité.

 

Pistes d’actions envisageables :
- Prôner un développement durable et économe de l’espace dans les documents d’urbanisme. Proscrire l’urbanisation linéaire.
- Renforcer le centre bourg plutôt que d’éparpiller des constructions le long des routes.
- Ne pas penser qu’au pavillon individuel comme seul modèle d’habitat, promouvoir les maisons de ville ou le petit collectif.
- Préserver la silhouette groupée des villages et des bourgs. Harmoniser le développement en fonction du relief.
- Eviter d’enclaver des espaces agricoles dans l’urbanisation.
- Porter attention à la qualité paysagère des zones d’activités (plantations, qualité architecturale, maitrise des enseignes, place des bâtiments, des stationnements et des stockages).
- Créer des zones de transition entre les parcelles bâties et les terrains agricoles.
- Aménager systématiquement les entrées de ville pour marquer la transition de la route à la rue.
- Dynamiser les centres des villages pour inciter la restauration des habitations.
- Respecter l’aspect patrimonial de certains villages.
- Soigner les périphéries des villages : plantations, chemin de tour de village, abords du cimetière…


 

Valoriser les routes, les chemins et les belvédères


 

Les axes routiers majeurs sont pour la plupart situés en fond de vallée. L’enjeu est alors d’éviter un vocabulaire routier banalisant, de veiller à la qualité de vues (abords directs de la voie et gestion de la végétation) et à la perception des villages ou des bourgs ainsi qu’à leurs accès. Sur les versants, quelques routes ou chemins en balcon offrent des vues en belvédère sur les vallées, qui doivent être maintenus par une gestion suivie de la végétation arborée. La mise en valeur des chemins de randonnée ou de balade, constitue également un enjeu important, notamment aux abords des villages. Les nombreux évènements qui animent les parcours méritent d’être entretenus et mis en valeur : arbre remarquable, source, franchissement d’un cours d’eau, point de vue sur la vallée ou le village, calvaire, aire d’arrêt …

 

Pistes d’actions envisageables :
- Conserver une qualité de découverte et de lien avec le paysage environnant pour les voies de fond de vallée à plus fort trafic.
- Soigner les itinéraires en balcon en dégageant ou en préservant les vues. Eviter d’implanter les réseaux aériens du côté du point de vue.
- Aménager des points d’arrêts.
- Gérer et moduler le bocage comme un élément qualitatif d’accompagnement de la route.
- Maitriser la qualité des premiers plans le long des itinéraires. Maîtriser l’urbanisation aux abords des voies.
- Mettre en valeur les carrefours.
- Dégager des points de vue sur l’eau. Soigner les abords des ponts (dégager la végétation, créer des aires d’arrêt).
- Mettre en valeur les petits évènements le long des parcours.
- Valoriser la Rigole de l’Arroux en retrouvant une continuité de cheminement entre Gueugnon et Digoin, en soignant les accroches avec ces villes.


 

Valoriser les lieux particuliers de la vallée de l’Arroux


 

La ville d’Autun trône dans la vallée de l’Arroux adossée aux versants boisés de la Montagne Autunoise. Elle mérite une attention particulière pour que sa périphérie soit le reflet de la qualité de son centre ancien historique (place d’arme, rues et bâtis anciens remarquables), dont une partie fait l’objet d’aménagements et de mise en valeur de son patrimoine bâti. Son passé gallo-romain, la qualité de ses vues, ou encore ses remparts sont également autant de points à valoriser pour magnifier la qualité des lieux. Une vigilance doit être également portée au développement alentours de la ville et aux entrées et aux vues depuis son réseau routier en étoile.

Pistes d’actions envisageables :
- Valoriser les sites romains, leur visibilité et leur accessibilité (remparts, portes…).
- Continuer à valoriser les espaces publics dans la ville (place, mail…).
- Maitriser l’évolution urbaine d’Autun et la qualité paysagère de ses abords. Améliorer les abords des zones d’activités en façade sur la route.
- Travailler sur la qualité paysagère des entrées depuis les axes routiers en étoile.