Dynamiques et enjeux paysagers de la Vallée de la Saône

publié le 2 novembre 2018 (modifié le 2 avril 2019)

  DYNAMIQUES

La comparaison des cartes et photos aériennes permet de révéler les évolutions du paysage.

Val de Saône carte d'Etat-major. 1850  en grand format (nouvelle fenêtre)
Val de Saône carte d’Etat-major. 1850
Géoportail


 

La carte d’Etat-major montre une occupation du sol calée sur la topographie : sur la terrasse les massifs boisés (vert) et les cultures (beige), puis les villages et hameaux en limite des secteurs inondables, enfin les pâtures dans les fonds inondables et les vallées.

Val de Saône photo aérienne 1953  en grand format (nouvelle fenêtre)
Val de Saône photo aérienne 1953
Géoportail
 

Un contraste terrasse/val inondable très affirmé

La terrasse est mise en valeur par un parcellaire agricole en lanières où seuls quelques arbres isolés sont présents. De vastes massifs forestiers feuillus aux allées rectilignes forment les horizons.
Le val inondable est occupé par de grandes parcelles de prairies. L’ensemble forme un paysage très ouvert, sans arbre, mis à part quelques petits enclos proches du rebord de terrasse. Les bords de Saône eux-mêmes sont très peu arborés.
Dans la vallée de la Grosne, la présence arborée et également assez réduite avec seulement une fine ripisylve et quelques haies.

Des villages-rues étirés

Les villages s’étirent le long de la RD en rebord de la terrasse dominant le val inondable. Plus à l’intérieur de la terrasse, les villages restent assez aérés, les maisons se répartissant le long des rues en maintenant de vastes espaces non bâtis.
La RD 906 est accompagnée d’un alignement d’arbres sur tout son linéaire qui souligne la présence de cette route dans le paysage.

Val de Saône photo aérienne 2016  en grand format (nouvelle fenêtre)
Val de Saône photo aérienne 2016
Géoportail


 

La périurbanisation autour des agglomérations

On est ici au sud de Chalon-sur-Saône et la proximité de la ville se fait sentir. Le développement urbain est important aboutissant à une vaste conurbation le long de la RD 906. Les zones commerciales et d’activités composent désormais le paysage des entrées d’agglomérations. Dans ces paysages banalisés, la RD 906 a perdu son alignement d’arbres, qui aurait pu pourtant constituer ici une forme paysagère structurante.
Le tracé de l’autoroute accentue la vocation d’axe de communication de ce territoire. L’autoroute renforce aussi le cloisonnement du paysage par les infrastructures, le village de Sevrey se retrouve ainsi encadré par l’autoroute et la voie ferrée.

Les mutations agricoles

Le parcellaire a changé d’échelle. C’est particulièrement frappant sur la terrasse où les vastes parcelles de grandes cultures s’imposent. Dans le val inondable, les cultures ont également progressé occupant un tiers de la superficie. Le paysage reste majoritairement ouvert dans le val, mais la présence de l’arbre s’est renforcée avec des haies plus nombreuses et quelques peupleraies. La Saône a également retrouvé une ripisylve plus conséquente. Sur la terrasse, les massifs forestiers sont restés quasiment identiques.

  ENJEUX PAYSAGERS

Vallée de la Saône bloc-diagramme enjeux paysagers en grand format (nouvelle fenêtre)
Vallée de la Saône bloc-diagramme enjeux paysagers


 

Maintenir la présence de l’arbre et du bocage


 

Dans la vallée de la Saône les paysages alternent entre d’amples ouvertures en prairies ou en culture et des lieux bocagers plus intimes. La taille des parcelles varie suivant les secteurs et a évolué vers un agrandissement au cours des dernières décennies. Il est sans doute difficile de se prononcer sur l’équilibre de la présence de l’arbre dans ce paysage. Mais on peut tout de même dire que globalement son maintien, voir son augmentation, joue un rôle paysager à ne pas négliger. Cette végétation anime le paysage, crée des jalons et des points de repères. Certaines parties, en grandes cultures, sont assez dénudées y compris le long des fossés et des rigoles. Ailleurs, au contraire, le développement des peupleraies, doit être étudié avec vigilance afin de ne pas fermer les vues notamment près des villages. Le maintien d’une diversité paysagère passe par la conservation et le renouvellement des arbres isolés, des bosquets, des haies bocagères et des ripisylves, qui modulent l’échelle du paysage et participent à son attrait. Les abords des chemins peuvent être également le support de cette végétation et concilier desserte agricole et découverte du paysage. Leur aménagement est à coordonner avec la démarche Trame verte et bleue.

Pistes d’actions envisageables :
- Concilier le maintien de la trame arborée et l’évolution du parcellaire agricole.
- Entretenir et renouveler les haies. Reconstituer des réseaux de haies avec des continuités.
- Lancer des actions de replantation sur les secteurs qui se sont les plus ouverts.
- Mettre en valeur les chemins avec des plantations dans les espaces ouverts. Maintenir ou créer un réseau de chemins agricoles accessibles sans culs de sac, surtout en périphérie des villages.
- Positionner des arbres de haut jet au niveau des croisements.
- Renouveler les arbres isolés vieillissants. Replanter des arbres de haut jet pour l’avenir.
- Maintenir les ripisylves le long des petits cours d’eau.
- Evaluer l’impact visuel des peupleraies.


 

Valoriser les grands massifs forestiers


 

De grands massifs forestiers s’étendent sur les Terrasses Chalonnaises. La lisière périphérique de ces massifs forestiers marque une limite bien identifiable qui tranche avec les cultures, les prairies. Cette lisière franchie, le changement est radical, révélant un univers intime de sous-bois à découvrir. Des actions visant à rendre plus attractif et accessible ces lieux sont à envisager. La mise en valeur des chemins et des routes constitue alors d’autant plus un enjeu important. Les événements qui animent les parcours méritent d’être entretenus et mis en valeur : abords des étangs, arbres remarquables, point d’arrêt, carrefours… Il est important de travailler les lisières forestières par une politique de plantation et de gestion adéquate (conservation de beaux sujets, éclaircies des plantations, choix d’essence variées).

Pistes d’actions envisageables :
- Moduler les lisières pour apporter une diversité. Eviter une gestion homogène des lisières sur de longs linéaires. Varier les essences sur les premiers rangs.
- Eclaircir les premiers rangs pour favoriser la perméabilité visuelle des lisières.
- Préserver et dégager des arbres remarquables en lisière.
- Mettre en valeur les petits événements : croisement, arbres, clairière, étangs…
- Prévoir des aires d’arrêt et de détente dans de petites clairières.
- Mettre en valeur les carrefours, points d’accès et de repères. Dégager une clairière autour de quelques carrefours forestiers.
- Maintenir des arbres repères en bordure de parcelles ou au croisement des chemins.
- Maintenir une bande d’arbres non exploités entre la route et les vastes coupes.
- Soigner les chantiers d’exploitation (chemins, andains, stockage des grumes).


 
 

Mettre en valeur la présence de l’eau


 

Dans cette unité, l’eau est présente sous de nombreuses formes et situations. Tout d’abord les grandes rivières (Saône et Doubs), même si les routes s’en approchent peu, méritent une attention pour leur mise en valeur. Leur force apparaît plus clairement quand on les traverse ou lors des crues. Puis se déclinent bon nombre de petites rivières (Grosne..), d’étangs forestiers (Forêt de Cergy…), de marais (Marnay…), de ports (Tournus, Chalon-sur-Saône…), sans oublier le canal du Centre. Ce dernier créé un fil conducteur à travers les terrasses de la vallée de la Saône, reliant la Côte Chalonnaise à la Saône. Il offre de longues perspectives mettant en valeur la rigueur de son tracé et un vocabulaire spécifique : berges, écluses, port, pont, chemin de halage. Toutes les occasions de voir et de côtoyer l’eau participent à l’attrait du paysage. La présence de l’eau mérite une mise en valeur réfléchie tant à l’échelle du grand paysage qu’à une autre plus intime : visibilité des cours d’eau, des confluences, gestion de la végétation arborée, gestion des abords et des ponts, accessibilité, gestion des fonds humides … La composition de l’urbanisation avec la présence de l’eau constitue également un fort enjeu et une formidable opportunité. Cela vient également appuyer la démarche Trame verte et bleue des liaisons écologiques.

 

Pistes d’actions envisageables :
- Ouvrir des vues sur l’eau depuis les routes.
- Gérer la ripisylve pour en faire un point de repère qui signale la présence de l’eau.
- Restaurer les ponts en conservant leur caractère. Soigner les abords des ponts (dégager la végétation, créer des aires d’arrêt).
- Créer des cheminements le long des rivières. Créer ou retrouver des accès à l’eau.
- Mettre en valeur les confluences.
- Maintenir les espaces de divagation du Doubs et ses paysages particuliers : grèves, falaise d’érosion, bras morts…
- Remettre le canal en contact avec le paysage environnant (gérer la végétation, effectuer des plantations d’alignement, dégager des vues depuis les ponts …) pour lui redonner un rôle principal dans le paysage.
- Relier le canal avec les villages proches.
- Privilégier des aménagements simples et de qualité pour les accès ou les stationnements, les haltes nautiques.
- Mettre en valeur la traversée de l’eau dans les villages, en faire un support de l’espace public.
- Valoriser les fronts urbains sur les rivières.
- Soigner les abords des ports et mettre en scène leurs activités.


 

Veiller à la qualité des bâtiments agricoles et de leurs abords


 

L’activité agricole dans la vallée de la Saône et du Doubs implique la présence de hangars, accolés ou non aux fermes anciennes, ou en périphérie des villages, ainsi que d’autres installations (silo…). Les nouveaux bâtiments agricoles construits sont en rupture avec les bâtiments anciens, en raison des mises aux normes ou de l’évolution des techniques. Leurs volumes, leurs matériaux ou leur couleur n’ont pas toujours fait l’objet d’une réflexion pour conserver une certaine harmonie avec leur situation et leur entourage. Leur localisation et leur qualité architecturale, ainsi que l’aménagement de leurs abords (plantations, chemin, transition avec les prés) peut participer à mieux inclure les nouveaux bâtiments dans le paysage. Pour les installations de stockage importantes, comme les silos, leur coté monumental brut implique de travailler sur leur architecture, leur emplacement et leur articulation avec leur entourage.

Pistes d’actions envisageables :
- Eviter les implantations trop visibles : en entrée de village ou en bord de route.
- Soigner l’architecture des bâtiments (volumes, matériaux), fractionner les volumes.
- Privilégier des bâtiments de teinte sombre, plus discrets dans le paysage.
- Soigner l’entrée de la ferme. Planter des arbres isolés ou alignés le long du chemin d’entrée.
- Planter aux abords des bâtiments pour faire une transition avec le paysage. Utiliser des essences locales adaptées au contexte.
- Installer les stockages dans des lieux discrets en arrière-plan.


 

Maitriser et recomposer les périphéries des grandes villes


 

Le couloir de la vallée de la Saône a concentré la présence de grandes villes. Les périphéries urbaines ont vu leur physionomie fortement changer depuis quelques dizaines d’années. Le long des voies et en périphérie de la ville, lotissements et zones d’activités créent par endroits de véritables conurbations sur plusieurs kilomètres. Ces petites « agglomérations » s’étendent sur les communes périphériques de Mâcon ou de Chalon-sur-Saône. Des surfaces agricoles subsistent par endroits enclavées entre les étendues bâties. D’anciennes emprises industrielles sont en friche ou en début de mutation pour d’autres usages. L’image de marque des villes repose également sur la qualité urbaine de leur périphérie et de leurs entrées. Il est important de veiller à l’aménagement des pénétrantes et des voies de transit, d’affirmer les entrées de villes, de valoriser la présence de l’eau et des sites dans les opérations urbaines, d’atténuer les effets coupures dûs aux voies, de créer des quartiers cohérents reliés au centre, de gérer les limites de la ville ou encore de valoriser en complément les espaces agricoles encore présents.

Pistes d’actions envisageables :
- Aménager systématiquement les entrées de ville pour marquer la transition de la route à la rue. Créer de véritables boulevards urbains si nécessaire.
- Améliorer les abords des zones d’activités en façade sur la route. Qualifier et aménager les abords des zones de développement (zone commerciale, équipement, lotissement) le long des voies pénétrantes.
- Tirer parti de la présence de l’eau comme élément de composition urbaine fédérateur dans les futurs quartiers. Créer des liaisons (circulations douces, trames vertes) entre la Saône, la ville centre et le reste de l’agglomération.
- Limiter au maximum l’urbanisation des secteurs inondables. Prendre en compte les risques accrus d’inondation liés au changement climatique.
- Donner aux espaces agricoles une reconnaissance et une protection forte leur permettant de rivaliser avec la pression foncière urbaine.
- Eviter la fragmentation des espaces agricoles.
- Créer des parcs agricoles mêlant jardins familiaux, AMAP, verger et maraîchage.
- Raisonner à l’échelle de l’agglomération et non au cas par cas lors de projet d’urbanisation d’espaces agricoles.
- Créer des zones de transition entre les parcelles bâties et les terrains agricoles.


 

Maitriser les extensions urbaines des bourgs


 

L’influence de Mâcon ou de Chalon-sur-Saône et des grands axes routiers de la terrasse de la Saône crée une pression urbaine qui demande une grande vigilance. Dans ces paysages relativement ouverts, les villages offrent des silhouettes visibles de loin. L’urbanisation constitue un élément d’évolution très visible, mais surtout irréversible. Des extensions bâties mal positionnées peuvent altérer la lisibilité de la silhouette du bourg. L’urbanisation linéaire et le mitage desservent la qualité des paysages. Les nouvelles constructions mises en façade le long des axes routiers ou en périphérie du village transforment la perception et l’identité des lieux. Il est donc important de réfléchir à la forme des groupes bâtis et à leur relation avec le relief, aux connexions avec le centre ancien ou encore le respect du site originel d’implantation du village (bord de rivière, coteau…).

Pistes d’actions envisageables :
- Prôner un développement durable et économe de l’espace dans les documents d’urbanisme.
- Préserver la silhouette groupée des villages.
- Mettre en place des limites pérennes à l’urbanisation.
- Maintenir des coupures non bâties entre les villages et les bourgs.
- Porter une attention particulière aux routes d’accès et aux entrées en évitant de les coloniser par une urbanisation linéaire.
- Renforcer le centre bourg plutôt que d’éparpiller des constructions le long des routes.
- Anticiper la composition et la desserte des futurs quartiers. Créer de nouvelles rues et proscrire les voies en cul de sac.
- Ne pas penser qu’au pavillon individuel comme seul modèle d’habitat, promouvoir les maisons de ville ou le petit collectif.


 

Mettre en valeur les centres des bourgs


 

Le maintien d’un centre bourg animé avec des espaces publics de qualité joue un grand rôle dans l’attractivité et l’image de la commune. L’entrée du bourg doit marquer le passage de la route à la rue et donner une image positive annonçant la qualité interne des lieux. Dans ces environnements ruraux, il est important que l’aménagement de ces espaces publics conserve une belle simplicité. Certains villages ou bourgs sont au contact ou à proximité de l’eau, tissant des liens à mettre en valeur. Des actions pour restaurer et redonner vie aux habitations anciennes délaissées, plutôt que de systématiquement construire en périphérie du bourg, seraient à réfléchir. La construction d’un nouvel équipement ou la rénovation d’une mairie est aussi l’occasion de reconsidérer l’organisation du village. L’enjeu est de préserver ce qui a une valeur et de trouver une nouvelle harmonie avec les aménagements envisagés.

Pistes d’actions envisageables :
- Prendre en compte les logiques d’implantation du bourg dans son site, valoriser les éléments qui donnent au bourg son côté unique.
- Révéler le site d’origine d’implantation des villages en fonction du relief ou de la présence de l’eau. Mettre en valeur les vues en belvédère au niveau des villages.
- Aménager les entrées pour marquer une transition vers le village.
- Préserver le cachet des places. Révéler l’histoire et soigner la qualité des aménagements.
- Privilégier l’utilisation de matériaux locaux dans les aménagements et conserver une simplicité.
- Recomposer des espaces publics avec l’eau.
- Aménager des tours de villages attractifs en complément du centre ancien.
- Valoriser le patrimoine bâti dans toute sa diversité.
- Favoriser l’occupation des maisons anciennes délaissées. Redynamiser l’habitat en centre bourg.


 

Valoriser les routes et infrastructures


 

Le vaste couloir de la vallée de la Saône a favorisé une concentration des axes majeurs de communication. En complément des routes plus petites permettent de découvrir la Saône ou le Doubs et les villages. Les enjeux du paysage de la route sont donc très divers. Pour les routes importantes leur aménagement doit être réfléchi pour obtenir une harmonie avec les lieux qu’elles traversent, marquer les transitions urbaines ou au contraire affirmer la rupture des entrées, passer de la route au boulevard urbain. La prise en compte de la perception du paysage depuis la voie et réciproquement de la perception de la voie dans le paysage est importante. Il est essentiel de maîtriser la qualité les abords de la voie, souvent sollicités par un développement urbain. Les abords des voies et leur gestion conditionnent les vues et constituent donc un enjeu important.

 

Pistes d’actions envisageables :
- Soigner le paysage perçu depuis les grands axes.
- Mettre en scène les itinéraires en fonction des séquences paysagères.
- Pérenniser et planter des alignements d’arbres sur des itinéraires choisis.
- Élaborer des plans de gestion des dépendances vertes et des alignements d’arbres.
- Aménager des aires d’arrêt attractives aux endroits clés du paysage.
- Aménager les entrées et les traversées de bourg.
- Maîtriser l’urbanisation limitrophe de la voie, en particulier autour des carrefours ou des échangeurs.
- Améliorer les abords des zones d’activités en façade sur la route. Limiter l’affichage publicitaire et les enseignes en entrée de bourg.
- Soigner l’aménagement des carrefours.
- Valoriser les événements jalonnant les parcours (pont, carrefour, point de vue).