Dynamiques et enjeux paysagers de la Vallée de la Loire

publié le 26 novembre 2018 (modifié le 3 avril 2019)

  DYNAMIQUES

La comparaison des cartes et photos aériennes permet de révéler les évolutions du paysage.

Vallée de la Loire carte d'Etat-Major 1860 en grand format (nouvelle fenêtre)
Vallée de la Loire carte d’Etat-Major 1860


 

La carte d’Etat-major distingue plusieurs modes d’occupation du territoire : les bois (vert) occupent majoritairement les hauteurs et les pentes des Marches du Bourbonnais, les prairies humides (gris) sont nombreuses dans les fonds de vallées et surtout dans la vallée de la Loire.
Le canal de Roanne à Digoin ouvert en 1838, forme l’infrastructure principale de la vallée.

Vallée de la Loire - photographie aérienne 1960 en grand format (nouvelle fenêtre)
Vallée de la Loire - photographie aérienne 1960


 

La photographie aérienne de 1960 montre un net recul des boisements dans les Marches du Bourbonnais : le paysage s’est considérablement ouvert avec une forte progression des espaces agricoles.
La vue aérienne révèle sur les collines un petit parcellaire agricole de toutes formes associant cultures et prairies. Les parcelles sont de petite taille, comprises entre quelques ares et de 2 à 4 ha pour les plus grandes. Le maillage bocager, dense dans les vallons, s’ouvre sur les versants et les hauts où les haies cernent plutôt des groupes de parcelles.
En revanche, le fond de vallée de la Loire est occupé par de vastes parcelles de prairies inondables, bordées d’une trame bocagère assez lâche. Dans le val, les cultures prennent place sur les terrains moins inondables.
A Chambilly, le village s’est développé vers le canal, dont l’activité à détrôné celle de la Loire. L’apogée du transport sur ce canal se situe en 1917. Elle correspond avec la mise en chantier de l’arsenal de Roanne, qui disposera de son propre port sur le canal. Mais le canal lui-même est concurrencé par la voie ferrée, qui passe sur la rive gauche, générant un nouveau quartier à Marcigny autour de la gare. Néanmoins, la chute du fret sur le canal ne sera dramatique qu’à partir des années 1960.

Vallée de la Loire - photographie aérienne 2016 en grand format (nouvelle fenêtre)
Vallée de la Loire - photographie aérienne 2016


 

En 2016, plusieurs évolutions marquent le paysage :

L’agrandissement parcellaire

Avec la mécanisation de la traction agricole, le parcellaire s’est considérablement agrandi, les parcelles sont comprises entre 4 et 15 ha. Le maillage bocager s’est également élargi mais si les arbres sont moins nombreux, ils sont moins exploités que dans les années 60 ce qui leur permet de plus se développer et donc d’avoir une présence plus forte dans le paysage.

La diminution des cultures dans les collines

Dans les collines, les prairies dominent nettement, seules quelques grandes parcelles cultivées ont pris place sur les hauteurs. Dans la vallée de la Loire, au contraire, les parcelles cultivées sont un peu plus nombreuses.

Une urbanisation qui s’étire le long des routes

Tout en restant mesuré, l’étalement urbain est prégnant, formant un étroit cordon bâti qui s’étire le long de plusieurs routes, de part et d’autre de Marcigny, mais également sur la rive opposée autour de Chambilly.
A l’intérieur de la rocade, le bourg de Marcigny s’est élargi vers la vallée, développant une couronne d’activités, qui forme la nouvelle vitrine de la commune. La voie ferrée est devenue une piste cyclable tandis que le canal est désormais dévolu au tourisme, confirmant ainsi la prédominance de la route sur les autres modes de déplacement.

Les sablières dans la vallée

Plusieurs sablières se sont implantées dans la vallée de la Loire. Elles laissent derrière elles de vastes étangs alimentés par la nappe phréatique.

 

  ENJEUX PAYSAGERS

Vallée de la Loire bloc diagramme enjeux paysagers en grand format (nouvelle fenêtre)
Vallée de la Loire bloc diagramme enjeux paysagers


 

Valoriser la présence de l’eau


 

La Loire reste finalement assez discrète dans le paysage. Toutes les occasions voir et de côtoyer l’eau participent à l’attrait du paysage. La présence de l’eau mérite une mise en valeur réfléchie tant à l’échelle du grand paysage qu’à une autre plus intime : visibilité des cours d’eau, des confluences, gestion de la végétation arborée, accessibilité, gestion des fonds humide … Certains secteurs nécessitent une gestion particulière afin de maintenir ponctuellement des paysages plus ouverts : confluences avec les rivières, abords des ponts et des villes… Le patrimoine qui lui est associé (pont, port, canal, écluses, lavoir, moulins, prise d’eau…) mérite également d’être mis en valeur. Sa préservation dans l’esprit des lieux témoigne de la mémoire de la Loire. La composition des bourgs et villages avec le fleuve et ses affluents ou les canaux constitue également un fort enjeu et une formidable opportunité. Tout cela vient également appuyer la démarche Trame verte et bleue des liaisons écologiques.

Pistes d’actions envisageables :
- Ouvrir des vues sur l’eau depuis les routes.
- Gérer la ripisylve pour en faire un point de repère qui signale la présence de l’eau.
- Maintenir des prairies à proximité de la Loire. Gérer les verdiaux.
- Maintenir les espaces de divagation de la Loire et ses paysages particuliers : grèves, falaise d’érosion, bras morts…
- Ouvrir le paysage de la vallée aux abords des villes et des ponts.
- Restaurer les ponts en conservant leur caractère.
- Créer des cheminements le long des rivières. Créer ou retrouver des accès à l’eau.
- Mettre en valeur les confluences.
- Remettre le canal en contact avec le paysage environnant en gérant la végétation.
- Relier le canal avec les villages proches.
- Trouver un vocabulaire simple et adapté pour les accès ou les stationnements, les haltes nautiques.
- Mettre en valeur la traversée de l’eau dans les villages, en faire un support de l’espace public.
- Valoriser les fronts urbains sur le fleuve.
- Valoriser le patrimoine lié à l’eau (vanne, quai, digue, moulin, prise d’eau).
- Retrouver une vocation pour les anciennes sablières. Etudier des projets d’ouverture au public.
- Utiliser la politique Trame verte et bleue pour mettre en valeur l’eau et ses abords.

 
 

Mettre en valeur les centres bourgs

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Le maintien d’un centre bourg animé avec des espaces publics de qualité joue un grand rôle dans l’attractivité et l’image de la commune. L’entrée du bourg doit marquer le passage de la route à la rue et donner une image positive annonçant la qualité interne des lieux. Dans ces environnements ruraux, il est important que l’aménagement de ces espaces publics conserve une belle simplicité. Les espaces publics (entrée, rue, place, venelle, tour de village, bord de rivière…) sont des points stratégiques à valoriser pour conserver le cachet du bourg et sa convivialité. Certains villages ou bourgs sont au contact ou à proximité de l’eau, tissant des liens à mettre en valeur. Des actions pour restaurer et redonner vie aux habitations anciennes délaissées, plutôt que de systématiquement construire en périphérie du bourg, seraient à réfléchir. L’enjeu est de préserver ce qui a une valeur et de trouver une nouvelle harmonie avec les aménagements envisagés.

 

Pistes d’actions envisageables :
- Mettre en valeur les places. Trouver un équilibre entre stationnement et convivialité des espaces publics.
- Utiliser l’arbre à bon escient pour structurer l’espace des entrées (alignement) ou des places (mail).
- Prévoir dans toute extension urbaine des espaces publics structurants de qualité en lien avec le centre bourg.
- Acquérir, le cas échéant, des « dents creuses » aux endroits stratégiques pour accueillir des espaces publics.
- Valoriser les abords des cours d’eau.
- Privilégier l’utilisation de matériaux locaux dans les aménagements. Conserver un vocabulaire simple mais de qualité, en accord avec la ruralité des lieux.
- Mettre en valeur les belvédères sur la vallée.
- Valoriser les petits éléments de patrimoine (lavoir, muret, calvaire…).
- Soigner les périphéries des villages : plantations, chemin de tour de village, abords du cimetière. Préserver un maillage de chemins en périphérie des villages.
- Aménager des tours de villages attractifs en complément du centre ancien.
- Valoriser le patrimoine bâti dans toute sa diversité.
- Favoriser l’occupation des maisons anciennes délaissées. Redynamiser l’habitat en centre bourg.


 

Maîtriser l’urbanisation et valoriser le site des villages


 

Plusieurs villes et villages se sont implantés historiquement avec finesse dans le paysage, que cela soit au bord de la Loire (Digoin) ou d’une rivière, sur un versant en belvédère sur la vallée (Iguerande) ou encore en crête. A chaque fois la notion de site apparaît. Une vigilance s’impose vis à vis de leur évolution. De nombreux villages sont bien perceptibles dans ces paysages et possèdent également des éléments bâtis patrimoniaux. L’urbanisation constitue un élément d’évolution très visible, mais surtout irréversible. Quelques extensions bâties mal positionnées suffisent à altérer la lisibilité de la silhouette du bourg. L’urbanisation linéaire et le mitage desservent la qualité des paysages. Les nouvelles constructions mises en façade le long des axes routiers ou en périphérie du bourg transforment la perception et l’identité des lieux. Il est donc important de réfléchir à la forme des groupes bâtis et à leur relation avec le relief, aux connexions avec le centre ancien ou encore au respect du site originel d’implantation du village.

Pistes d’actions envisageables :
- Prôner un développement durable et économe de l’espace dans les documents d’urbanisme.
- Se développer autrement que par l’étalement urbain.
- Préserver la silhouette groupée des villages et des bourgs. Harmoniser le développement en fonction du relief.
- Valoriser les abords des cours d’eau au contact de l’urbanisation.
- Qualifier et aménager les abords des zones de développement (zone commerciale, équipement, lotissement).
- Accompagner les zones d’activités par un projet paysager de qualité. Imposer un plan de composition et un cahier des charges architectural et paysager. Maîtriser la publicité et les enseignes.
- Soigner les limites des zones d’activité. Disposer les aires de stockage et les parkings en retrait des vues. Planter aux abords des bâtiments pour faire une transition avec le paysage.
- Prendre en compte les logiques d’implantation du bourg dans son site, valoriser les éléments qui donnent au bourg son côté unique.
- Révéler le site d’origine d’implantation des villages en fonction du relief ou de la présence de l’eau. Mettre en valeur les vues en belvédère au niveau des villages.
- Ouvrir la végétation pour révéler les silhouettes des villages.
- Aménager les entrées pour marquer une transition vers le village.
- Respecter l’aspect patrimonial de certains villages.
- Dynamiser les centres des villages pour inciter la restauration des habitations.
- Soigner les périphéries des villages : plantations, chemin de tour de village, abords du cimetière…


 

Préserver le bocage et veiller à la qualité des bâtiments agricoles


 

Les terres humides de la vallée de la Loire et une partie des coteaux sont nappées d’un maillage bocager bien développé. Avec l’agrandissement des parcelles et la mise en culture de prairies, la trame bocagère tend à s’ouvrir par endroits. Le bocage joue un rôle paysager à ne pas négliger. Cette végétation anime le paysage, crée des jalons et des points de repères, mais aussi des lieux intimes dans le fond de la vallée de la Loire. Le maintien d’une diversité paysagère passe par la conservation et le renouvellement des arbres isolés, des haies bocagères et des ripisylves, qui modulent l’échelle du paysage et participe à son attrait. Les abords des chemins peuvent être également le support de cette végétation et concilier desserte agricole et découverte du paysage. Leur aménagement est à coordonner avec la démarche Trame Verte /Trame Bleue.
D’autre par l’activité d’élevage implique dans le paysage la présence de hangars, accolés ou non aux fermes anciennes, ou en périphérie des villages. Les nouveaux bâtiments agricoles construits sont en rupture avec les bâtiments anciens, en raison des mises aux normes ou de l’évolution des techniques. Leur localisation et leur qualité architecturale (volume, couleur…), ainsi que l’aménagement de leurs abords (plantations, chemin, transition avec les prés) peut participer à mieux les inclure dans le paysage.


 

Pistes d’actions envisageables :
- Concilier le maintien de la trame arborée et l’évolution du parcellaire agricole.
- Lancer des actions de replantation sur les secteurs qui se sont le plus ouverts.
- Mettre en valeur les chemins avec des plantations dans les espaces ouverts. Maintenir ou créer un réseau de chemins agricoles accessibles sans culs de sac, surtout en périphérie des villages.
- Renouveler les arbres isolés vieillissants. Replanter des arbres de haut jet pour l’avenir.
- Maintenir les ripisylves le long des petits cours d’eau.
- Evaluer l’impact visuel des peupleraies.
- Remailler les prairies par des haies vives en cas d’ouverture trop importante.
- Planter des haies et des arbres le long des chemins ruraux qui se dénudent.
- Soigner l’entretien des haies.
Eviter les implantations de hangars trop visibles : en crête, en entrée de village ou en bord de route.
- Soigner l’architecture des bâtiments (volumes, matériaux), fractionner les volumes.
- Privilégier des bâtiments de teinte sombre, plus discrets dans le paysage.
- Planter aux abords des bâtiments pour faire une transition avec le paysage. Utiliser des essences locales adaptées au contexte.
- Installer les stockages dans des lieux discrets en arrière-plan.


 
 

Valoriser les routes, les chemins et les belvédères


 

Peu de route côtoient la Loire hormis aux points de traversée, qui génèrent des évènements dans le parcours. Les axes routiers majeurs sont pour la plupart situés en fond de vallée avec des départementales rectilignes empruntant le couloir de la vallée. D’autres routes, plus petites, déambulent dans le fond de vallée ou sur les coteaux. Les enjeux du paysage de la route sont donc très divers. Pour les routes importantes leur aménagement doit être réfléchi pour obtenir une harmonie avec les lieux qu’elles traversent, marquer les transitions urbaines ou au contraire affirmer la rupture des entrées. L’enjeu est alors d’éviter un vocabulaire routier banalisant, de veiller à la qualité de vues (abords directs de la voie et gestion de la végétation) et à la perception des villages ou des bourgs ainsi qu’à leurs accès. Dans les Marches du Bourbonnais, des routes ou chemins en balcon offrent des vues en belvédère sur les vallées, qui doivent être maintenus par une gestion suivie de la végétation arborée. La mise en valeur des chemins de randonnée ou de balade, constitue également un enjeu important, notamment aux abords des villages. Les nombreux évènements qui animent les parcours méritent d’être entretenus et mis en valeur : arbre remarquable, source, franchissement d’un cours d’eau, point de vue sur la vallée ou le village, calvaire, aire d’arrêt …

 

Pistes d’actions envisageables :
- Conserver une qualité de découverte et de lien avec le paysage environnant pour les voies de fond de vallée à fort trafic.
- Soigner les itinéraires en balcon en dégageant ou en préservant les vues. Eviter d’implanter les réseaux aériens du côté du point de vue.
- Aménager des points d’arrêts.
- Maitriser la qualité des premiers plans le long des itinéraires. Maîtriser l’urbanisation aux abords des voies.
- Dégager des points de vue sur l’eau. Soigner les abords des ponts (dégager la végétation, créer des aires d’arrêt).
- Mettre en valeur les petits évènements le long des parcours.
- Réfléchir à l’accessibilité des points de vue, à l’aménagement de belvédères, la gestion de la végétation, la maîtrise des vues depuis les coteaux.
- Gérer et moduler le bocage comme un élément qualitatif d’accompagnement de la route.
- Soigner l’aménagement et la gestion des entrées et des pénétrantes.
- Créer des réseaux de chemins en lien avec la Loire et les villages.
- Retrouver des points de vue depuis les hauts et les gérer.