Dynamiques et enjeux paysagers des Collines du Bourbonnais

publié le 27 novembre 2018 (modifié le 3 avril 2019)

  DYNAMIQUES

La comparaison des cartes et photos aériennes permet de révéler les évolutions du paysage.

Collines du Bourbonnais carte d'Etat-Major 1860 en grand format (nouvelle fenêtre)
Collines du Bourbonnais carte d’Etat-Major 1860


 

La carte d’Etat-major distingue plusieurs modes d’occupation du territoire : les bois (vert clair), les fonds humides (gris-bleu) et les terres saines (beige). L’habitat est très dispersé, de multiples fermes et hameaux ponctuent le territoire.

Collines du Bourbonnais - photographie aérienne 1950-1960 en grand format (nouvelle fenêtre)
Collines du Bourbonnais - photographie aérienne 1950-1960


 

La photographie aérienne des années 50-60 révèle un petit parcellaire agricole de toutes formes. Les prairies dominent mais de nombreux petits champs y sont intercalés. Les parcelles sont de petite taille, comprises entre quelques ares et de 3 à 5 ha pour les plus grandes.
Le maillage bocager est dense, les haies cernent chaque parcelle et bordent les routes et chemins. Les arbres sont régulièrement taillés, ce qui explique le faible développement de leur couronne.
Les hameaux et villages ont peu évolué depuis la carte d’Etat-Major.

Collines du Bourbonnais - photographie aérienne 2016 en grand format (nouvelle fenêtre)
Collines du Bourbonnais - photographie aérienne 2016


 

En 2016 plusieurs évolutions marquent le paysage :

Regroupement parcellaire et élargissement de la trame bocagère

Avec la mécanisation de la traction agricole, le parcellaire s’est agrandi, les parcelles sont comprises entre 4 et 10 ha. Le maillage bocager s’est également élargi mais si les arbres sont moins nombreux, ils sont moins élagués que dans les années 60 ce qui leur permet de plus se développer et donc d’avoir une présence plus forte dans le paysage. Ce phénomène est particulièrement net au niveau des ripisylves.

Une légère extension des boisements

Les massifs forestiers ont légèrement progressé en superficie en colonisant quelques parcelles limitrophes. Les extensions sont en revanche plus marquées sur les hauts et les terrains en forte pente (comme ici au sud autour du Signal de Mont et du Bois de la Teugne)

Une croissance urbaine faible dans les villages

Dans ce territoire éloigné des grands axes et sans polarité urbaine, le développement urbain est resté très modéré. Quelques maisons se sont implantées en périphérie des villages, modifiant parfois la perception de la silhouette groupée.
A Bourbon-Lancy en revanche le développement bâti est important autour de la seule ville du territoire. Les extensions se sont d’abord faites le long de la RD 973 autour de l’usine Puzenat et de sa cité ouvrière (1000 ouvriers en 1925). La ville s’est ensuite étalée au sud et au nord par un large tissu pavillonnaire.

 

  ENJEUX PAYSAGERS

Collines du Bourbonnais bloc diagramme enjeux paysagers en grand format (nouvelle fenêtre)
Collines du Bourbonnais bloc diagramme enjeux paysagers


 

Pérenniser le maillage bocager


 

Les prairies et leur maillage de haies bocagères participent grandement à la qualité paysagère des lieux. Les amples ondulations des collines mettent la présence de l’arbre agricole particulièrement en valeur. Leur aspect graphique anime les versants et forme un premier plan de qualité le long des routes et des chemins. Ce bocage participe également à la mise en scène des villages dans leur site en étant partie prenante de leur écrin. Mais certains secteurs voient la création de très grandes parcelles de prés, où arbres et haies ont tendance à disparaître au profit du fil barbelé, ou s’ouvrir localement avec des grandes parcelles de cultures. Les jeunes arbres sont par ailleurs rares dans les haies ou au milieu des parcelles. Les arbres isolés, majoritairement âgés, mériteraient d’être renouvelés. Une attention particulière est nécessaire pour le maintien du bocage qui contribue à la richesse et à l’attrait indéniable de ces paysages.

Pistes d’actions envisageables :
- Remailler les prairies par des haies vives en cas d’ouverture trop importante.
- Faire porter l’effort sur certains versants bien visibles qui forment des ensembles.
- Planter des haies et des arbres le long des chemins ruraux qui se dénudent.
- Soigner l’entretien des haies.
- Inclure des arbres de haut jet dans les haies.
- Replanter des arbres isolés au sein des prairies.
- Conserver les haies dans les ruptures de pente pour éviter l’érosion.


 

Animer les lisières


 

En limite des Collines du Bourbonnais les forêts modulent les vues, encadrant de vastes clairières bocagères. Les lisières prennent alors de l’importance dans le paysage, formant les horizons. Il est donc intéressant de travailler les lisières forestières par une politique de plantation et de gestion adéquate (conservation de beaux sujets, éclaircie des plantations, choix d’essences variées…) qui permette d’animer le paysage. Si les lisières forment des murs végétaux trop opaques ou uniformes, les perceptions sont plus monotones. Garder une certaine transparence aux lisières permet ainsi d’apporter une plus grande diversité paysagère.

Pistes d’actions envisageables :
- Eviter une gestion homogène des lisières sur de longs linéaires routiers ou le long des champs.
- Privilégier les boisements mixtes ou feuillus sur les lisières les plus visibles.
- Préserver et dégager des arbres remarquables en lisière.
- Mettre en valeur les carrefours forestiers.
- Animer les lisières le long des axes routiers. Varier les essences sur les premiers rangs.
- Eclaircir les premiers rangs pour favoriser la perméabilité visuelle des lisières.


 

Mettre en valeur l’eau


 

Entre les collines, de nombreux petits cours d’eau drainent ce territoire, accompagnés des ambiances intimes de fond de vallons. Quelques étangs jalonnent l’unité offrant par endroit un miroir lumineux. Cet élément important du paysage reste toutefois discret. L’eau mérite donc d’être mise en valeur. L’ouverture visuelle des fonds de vallons permet de révéler la présence des cours d’eau (ligne d’arbres de la ripisylve, ouvrage…). Le passage de la rivière aux abords des villages ou sa présence dans les espaces publics donne un formidable atout aux lieux. Tout un petit patrimoine lié à l’eau mérite d’être mis en valeur : biefs, rigoles, fontaines, lavoirs, ponts, étangs… L’entretien des cours d’eau, leur accessibilité, la mise en valeur des ponts, la gestion des fonds et des ripisylves participent à produire un paysage attractif. Cela vient également appuyer la démarche Trame verte et bleue des liaisons écologiques.

Pistes d’actions envisageables :
- Conserver l’ouverture des prairies dans les fonds de vallée.
- Utiliser la politique Trame verte et bleue pour mettre en valeur l’eau et ses abords.
- Maintenir une ripisylve dans les paysages ouverts.
- Préserver des accès au cours d’eau.
- Acquérir des emprises foncières pour retrouver des accès publics le long des cours d’eau et à certains étangs.
- Ouvrir des fenêtres sur l’eau depuis les routes et les villages.
- Valoriser le passage de l’eau à proximité des bourgs et villages.
- Gérer la végétation pour ouvrir des vues sur l’eau depuis les ponts. Mettre en valeur les vues sur la rivière.
- Valoriser le petit patrimoine lié à l’eau : moulin, bonde, seuil, rigole…


 
 

Veiller à la qualité des bâtiments agricoles et de leurs abords


 

Le bocage des Collines du Bourbonnais est voué majoritairement à l’élevage bovin charolais. Cela implique dans le paysage la présence de hangars, accolés ou non aux fermes anciennes, ou en périphérie des villages. Les nouveaux bâtiments agricoles construits sont en rupture avec les bâtiments anciens, en raison de l’évolution des techniques et des normes. Leurs volumes, leurs matériaux ou leur couleur n’ont pas toujours fait l’objet d’une réflexion pour conserver une certaine harmonie avec leur situation et leur entourage. Leur localisation et leur qualité architecturale (volume, couleur…), ainsi que l’aménagement de leurs abords (plantations, chemin, transition avec les prés) peut participer à mieux inclure les nouveaux bâtiments dans le paysage.

Pistes d’actions envisageables :
- Eviter les implantations trop visibles : en crête ou versant, en entrée de village ou en bord de route.
- Soigner l’architecture des bâtiments (volumes, matériaux), fractionner les volumes.
- Privilégier des bâtiments de teinte sombre, plus discrets dans le paysage.
- Soigner l’entrée de la ferme. Planter des arbres isolés ou alignés le long du chemin d’entrée.
- Planter aux abords des bâtiments pour faire une transition avec le paysage. Utiliser des essences locales adaptées au contexte.
- Installer les stockages dans des lieux discrets en arrière-plan.


 
 

Mettre en valeur le centre du village et le petit patrimoine


 

Les villages des Collines du Bourbonnais sont dispersés au sein du bocage, mais certains offrent un patrimoine non dénué d’intérêt comme les enceintes de Bourbon-Lancy et Issy-l’Evêque. Les espaces publics (entrée, rue, place, venelle, tour de village…) sont des points stratégiques à valoriser pour conserver le cachet du bourg et sa convivialité. Les aménagements doivent faire preuve de simplicité pour préserver la tonalité rurale des lieux qui fait le charme des villages. Certains éléments de patrimoine (remparts, lavoir, mur, puits, calvaire, bâti…) ne doivent pas être oubliés. Des actions pour restaurer et redonner vie aux habitations anciennes délaissées, plutôt que de systématiquement construire en périphérie du bourg, sont à privilégier. Les entrées et les traversées des bourgs ou villages sont par endroit à améliorer pour valoriser le cadre de vie des habitants et parfaire l’image des villages.

Pistes d’actions envisageables :
- Aménager les entrées pour marquer une transition vers le village.
- Préserver le cachet des places. Révéler l’histoire et soigner la qualité des aménagements. Trouver un équilibre entre stationnement et convivialité des espaces publics.
- Valoriser le patrimoine bâti dans toute sa diversité.
- Favoriser l’occupation des maisons anciennes délaissées. Redynamiser l’habitat en centre bourg.
- Privilégier l’utilisation de matériaux locaux dans les aménagements.
- Conserver un vocabulaire simple mais de qualité, en accord avec la ruralité des lieux.
- Valoriser les petits éléments de patrimoine (lavoir, muret, noue pavée, calvaire…).
- Soigner les périphéries des villages en complément du centre ancien : plantations, chemin de tour de village, abords du cimetière.
- Préserver un maillage de chemins en périphérie des villages.


 

Maîtriser les extensions urbaines et valoriser le site d’implantation du village


 

Le relief ondulé permet de voir facilement les villages groupés, dans un creux ou en position de belvédère, donnant par endroit une image claire de leur implantation. Dans ce paysage ou tout semble être à sa place avec harmonie, l’urbanisation constitue un élément d’évolution qui peut être très visible, mais surtout irréversible. Des extensions bâties mal positionnées peuvent altérer la lisibilité de la silhouette du bourg. L’urbanisation linéaire et le mitage desservent la qualité des paysages. Les nouvelles constructions mises en façade le long des axes routiers ou en périphérie du village transforment la perception et l’identité des lieux. Il est donc important de réfléchir à la forme des groupes bâtis et à leur relation avec le relief, aux connexions avec le centre ancien ou encore le respect du site originel d’implantation du village.

Pistes d’actions envisageables :
- Prôner un développement durable et économe de l’espace dans les documents d’urbanisme.
- Prendre en compte les logiques d’implantation du bourg dans son site, valoriser les éléments qui donnent au bourg son côté unique.
- Préserver la silhouette groupée des villages.
- Révéler le site d’origine d’implantation des villages en fonction du relief ou de la présence de l’eau. Mettre en valeur les vues en belvédère au niveau des villages.
- Eviter le développement d’une urbanisation linéaire le long des routes d’accès et des entrées de bourg.
- Renforcer le centre bourg plutôt que d’éparpiller des constructions le long des routes.
- Ne pas penser qu’au pavillon individuel comme seul modèle d’habitat, promouvoir les maisons de ville ou le petit collectif.


 
 

Valoriser les routes, les chemins et les belvédères


 

Ici les routes, de taille raisonnable, déambulent en suivant le relief des collines, côtoyant tour à tour les fonds intimes puis les versants avec des vues plus lointaines. L’enjeu est d’éviter un vocabulaire routier banalisant, de veiller à la qualité de vues (abords directs de la voie et gestion de la végétation) et à la perception des villages ou des bourgs ainsi qu’à leurs accès. Sur les versants, quelques routes ou chemins en balcon offrent des vues en belvédère qui doivent être maintenus par une gestion suivie de la végétation arborée. La mise en valeur des chemins de randonnée ou de balade, ainsi que la remise en état des chemins d’exploitation forestière, constitue également un enjeu important. Les nombreux évènements qui animent les parcours méritent d’être entretenus et mis en valeur : arbre remarquable, source, franchissement d’un cours d’eau, point de vue sur le vallon ou le village, aire d’arrêt, …

Pistes d’actions envisageables :
- Soigner les itinéraires en balcon en dégageant ou en préservant les vues. Aménager des points d’arrêts.
- Eviter d’implanter les réseaux aériens du côté du point de vue.
- Maitriser la qualité des premiers plans le long des itinéraires.
- Mettre en valeur les carrefours.
- Soigner les abords des ponts. Gérer la végétation pour ouvrir des vues sur la rivière.
- Mettre en valeur les petits évènements le long des parcours.
- Préserver et dégager des arbres remarquables en lisière.
- Réfléchir à l’accessibilité des points de vue, à l’aménagement de belvédères, la gestion de la végétation, la maîtrise des vues depuis les hauts.
- Retrouver et maintenir quelques points de vue vers les vallées de l’Arroux et de la Loire.
- Conserver et valoriser les chemins communaux, en particulier autour des villages.