Dynamiques et enjeux paysagers des Vallées du Clunisois

publié le 6 novembre 2018 (modifié le 2 avril 2019)

  DYNAMIQUES

La comparaison des cartes et photos aériennes permet de révéler les évolutions du paysage.

Vallées du Clunisois - carte d'Etat major 1850 en grand format (nouvelle fenêtre)
Vallées du Clunisois - carte d’Etat major 1850


 

La carte d’Etat-major montre une valorisation étagée du territoire : en haut des sommets boisés (vert), en dessous les vignes (gris bleu), puis dans les fonds et les vallées les prés (bleu clair) et les cultures.
Le vignoble occupe à cette époque de nombreuses emprises sur les pentes, ici sur les coteaux des vallées de la Guye et de la Gande.
Les villages présentent une silhouette bien groupée.

Vallées du Clunisois - photographie aérienne 1954 en grand format (nouvelle fenêtre)
Vallées du Clunisois - photographie aérienne 1954


 

Le recul de la vigne

Le vignoble a beaucoup reculé, suite aux ravages du phylloxéra à partir de 1875, abandonnant des versants entiers, comme ici à l’ouest de Salornay. Seules de rares parcelles ont été replantées avec des plants résistants. Le corollaire est soit l’enfrichement ou la légère progression des bois, soit le retour à la prairie sur les anciennes parcelles de vignes.

Un petit parcellaire ponctué d’arbres

La photographie aérienne révèle le morcellement des parcelles, aussi bien dans les vignes qu’au sein des cultures et des prairies. Les parcelles sont partout en lanières et ponctuées de nombreux arbres fruitiers.

Vallées du Clunisois - photographie aérienne 2016 en grand format (nouvelle fenêtre)
Vallées du Clunisois - photographie aérienne 2016


 

La vigne se raréfie

Le recul du vignoble s’est poursuivi, abandonnant les parcelles trop pentues ou moins bien exposées. La vigne est ainsi devenue un élément marginal dans les paysages des Vallées du Clunisois.

Le reboisement des versants

Ce phénomène déjà présent en 1954 s’est poursuivi, combiné avec l’apparition de plantations de conifères, dont les teintes plus sombres contrastent avec les feuillus.

L’ouverture des fonds de vallée

Dans les vallées, le paysage s’ouvre. L’agrandissement parcellaire s’est conjugué avec la raréfaction de la trame bocagère. Les haies, moins nombreuses, se réduisent par endroits à quelques arbres isolés, vieillissants.

Des extensions urbaines

Tout en restant modérées, les extensions urbaines ont considérablement modifié les silhouettes villageoises. Ainsi, Salornay-sur-Guye se voit désormais doublé d’un nouveau quartier implanté de l’autre côté de la rivière de la Gande. Mais cette extension s’est opérée sans plan d’ensemble, aboutissant à une succession d’opérations indépendantes les unes des autres, desservies par des voieries en cul de sac, bien éloignée de la composition urbaine de qualité du centre du village.

 

  ENJEUX PAYSAGERS

Vallée du Clunisois bloc-diagramme enjeux paysagers en grand format (nouvelle fenêtre)
Vallée du Clunisois bloc-diagramme enjeux paysagers


 

Maitriser l’évolution des versants forestiers et les lisières


 

La forêt qui occupait déjà majoritairement les hauts des coteaux et les crêtes a gagné certaines pentes. Dans ces vallées aux versants en covisibilité, la forêt constitue la toile de fond et la limite visuelle du paysage. Sa gestion et les modes de plantations constituent donc un fort enjeu. Par endroits des plantations de résineux affirment des formes géométriques calées sur le parcellaire cadastral, artificialisant le paysage. Cela est renforcé par leur coloration sombre en toutes saisons et leur port dressé qui focalise le regard. La taille des parcelles doit également être prise en compte pour éviter les effets de mitage ou d’uniformisation des versants. La souplesse des formes et la diversité des transitions entre peuplements, des lisières variées et entretenues, sont autant d’éléments qui permettent d’obtenir des versants harmonieux. Les problèmes s’estompent dès lors que le peuplement retrouve une diversité, soit par des parcelles mixtes feuillus et conifères, soit par une gestion jardinée. Le traitement des lisières doit être différencié afin qu’elles ne soient pas trop opaques ou monotones.

Pistes d’actions envisageables :
- Analyser et identifier les versants les plus importants dans le paysage.
- Ne pas pratiquer les coupes de régénération sur des surfaces géométriques calées sur le parcellaire : privilégier des plages d’intervention plus larges que hautes dont les formes s’accordent mieux avec celles des versants.
- Limiter les coupes à blanc et les boisements mono-spécifiques. Privilégier les peuplements de feuillus et les peuplements mixtes sur les versants les plus exposés visuellement.
- Créer des secteurs de transition (peuplement mixtes, essences variées) en limite des parcelles résineuses afin d’en atténuer l’impact visuel.
- Raisonner le plan de régénération à une échelle suffisante. Eviter les trop petites parcelles qui créent un effet de mitage du versant.
- Eviter d’intervenir sur des surfaces trop importantes sur les versants en covisibilité.
- Avoir une grande vigilance pour toute intervention sur les crêtes qui sont très visibles.
- Maintenir des lisières forestières de qualité le long des chemins et des routes. Eviter de planter uniquement des conifères en lisière. Varier les essences et composer des lisières mixtes feuillus-conifères.
- Prévoir une gestion différenciée de la lisière : augmenter la fréquence de l’élagage et des éclaircies des premiers rangs.
- Gérer les abords des boisements pour éviter les friches qui gomment les limites franches
- Composer le paysage du versant, en conservant des ouvertures agricoles en alternance avec la forêt sur des points stratégiques : crête, abords de hameaux, cols…
- Mettre en place une réglementation des boisements.


 
 

Pérenniser le maillage bocager


 

Compte tenu des pentes qui les mettent remarquablement en scène, la présence des haies bocagères prend de l’importance, constituant un enjeu incontournable. L’aspect graphique des haies anime les versants, et forme un premier plan de qualité le long des routes et des chemins. Ce bocage participe également à la mise en scène des villages dans leur site en étant partie prenante de leur écrin. Mais certains secteurs voient la création de plus grandes parcelles de prés, où arbres et haies ont tendance à disparaître au profit du fil barbelé. Les jeunes arbres sont par ailleurs rares dans les haies ou au milieu des parcelles. Les arbres isolés, majoritairement âgés, mériteraient d’être renouvelés. Une attention particulière est donc nécessaire pour le maintien du bocage qui contribue à la richesse et à l’attrait indéniable de ces paysages.

Pistes d’actions envisageables :
- Remailler les prairies par des haies vives en cas d’ouverture trop importante.
- Faire porter l’effort sur certains versants bien visibles.
- Planter des haies et des arbres le long des chemins ruraux qui se dénudent.
- Soigner l’entretien des haies.
- Inclure des arbres de haut jet dans les haies.
- Replanter des arbres isolés au sein des prairies.
- Conserver les haies dans les ruptures de pente pour éviter l’érosion.


 
 

Affirmer la présence de l’eau


 

Dans ce paysage de vallées la présence de l’eau reste paradoxalement discrète, seulement révélée par le tracé de la ripisylve qui souligne le cours de la rivière au milieu des prairies bocagères. Mais celle-ci n’est souvent perceptible qu’à ses abords directs à l’occasion du franchissement d’un pont ou aux abords d’un village ou d’un moulin. Le passage de l’eau donne un formidable atout aux espaces publics du village. Tout un petit patrimoine lié à l’eau mérite d’être mis en valeur : biefs, rigoles, fontaines, lavoirs, ponts, étangs… L’entretien des cours d’eau, leur accessibilité, la mise en valeur des ponts, la gestion des fonds et des ripisylves participent à produire un paysage attractif. Cela vient également appuyer la démarche Trame verte et bleue des liaisons écologiques.

Pistes d’actions envisageables :
- Ouvrir les abords des cours d’eau pour les rendre visibles dans le paysage. Maintenir des espaces ouverts en prairie près des cours d’eau.
- Supprimer les microboisements en fond de vallée.
- Mettre en valeur les points de vue sur la vallée et sa rivière.
- Gérer la ripisylve qui signale le passage de l’eau.
- Donner accès au cours d’eau. Créer ou rouvrir des chemins. Retrouver des emprises publiques le long des cours d’eau dans ou à proximité des villages.
- Ouvrir les abords des ponts qui constituent des points de découverte privilégiés.
- Utiliser l’eau comme élément fondateur des espaces publics dans les villages.
- Restaurer le petit patrimoine lié à l’eau avec un vocabulaire simple.
- Révéler la présence des moulins.


 

Mettre en valeur le centre du village et le petit patrimoine


 

La qualité des ambiances villageoises, où la pierre s’affiche, participe à l’attractivité des paysages des Vallées du Clunisois. La mise en valeur des espaces publics des villages et de leur périphérie constitue un faire-valoir important pour la qualité du cadre de vie et la fréquentation touristique. Les espaces publics (entrée, rue, place, venelle, tour de village, bord de rivière…) sont des points stratégiques à valoriser pour conserver le cachet du bourg et sa convivialité. Les aménagements doivent faire preuve de simplicité pour préserver la tonalité rurale des lieux qui fait le charme des villages. Certains éléments de patrimoine (lavoir, mur, puits, calvaire, bâti…) ne doivent pas être oubliés. Des actions pour restaurer et redonner vie aux habitations anciennes délaissées, plutôt que de systématiquement construire en périphérie du bourg, sont à privilégier.
Les entrées et les traversées des bourgs ou villages sont par endroit à améliorer pour valoriser le cadre de vie des habitants et parfaire l’image des villages. Il est important que la transition de la route à la rue soit bien perceptible. L’aménagement de la rue doit prendre un caractère plus urbain ou villageois et abandonner le langage routier.

Pistes d’actions envisageables :
- Aménager les entrées de bourg avec simplicité pour marquer la transition de la route à la rue en évitant les traitements routiers.
- Utiliser l’arbre à bon escient pour structurer l’espace des entrées (alignement) ou des places (mail)
- Mettre en valeur les places. Trouver un équilibre entre stationnement et convivialité des espaces publics.
- Prévoir dans toute extension urbaine des espaces publics structurants de qualité.
- Privilégier l’utilisation de matériaux locaux dans les aménagements. Conserver un vocabulaire simple mais de qualité, en accord avec la ruralité des lieux.
- Valoriser les petits éléments de patrimoine (lavoir, muret, noue pavée, calvaire…).
- Soigner les périphéries des villages : plantations, chemin de tour de village, abords du cimetière. Préserver un maillage de chemins en périphérie des villages.


 

Maîtriser les extensions urbaines et valoriser le site d’implantation du village


 

Mis à part aux abords de Cluny, les villages du Clunisois restent relativement à l’écart de forts développements urbains. Mais cela n’enlève pas le fait d’avoir une vigilance vis à vis de leur évolution. De nombreux villages possèdent des éléments bâtis patrimoniaux et se sont implantés historiquement avec finesse dans le paysage, que cela soit au bord d’une rivière, sur un versant ou une petite crête. Ils sont bien visibles dans ces paysages. L’urbanisation constitue un élément d’évolution très visible, mais surtout irréversible. Quelques extensions bâties mal positionnées suffisent à altérer la lisibilité de la silhouette du bourg. L’urbanisation linéaire et le mitage desservent la qualité des paysages. Les nouvelles constructions mises en façade le long des axes routiers ou en périphérie du village transforment la perception et l’identité des lieux. Il est donc important de réfléchir à la forme des groupes bâtis et à leur relation avec le relief, aux connexions avec le centre ancien ou encore au respect du site originel d’implantation du village.

Pistes d’actions envisageables :
- Prôner un développement durable et économe de l’espace dans les documents d’urbanisme.
- Préserver la silhouette groupée des villages et des bourgs. Harmoniser le développement en fonction du relief.
- Mettre en place des limites pérennes à l’urbanisation.
- Maintenir des coupures non bâties entre les villages et les bourgs.
- Porter une attention particulière aux routes d’accès et aux entrées en évitant de les coloniser par une urbanisation linéaire.
- Renforcer le centre bourg plutôt que d’éparpiller des constructions le long des routes.
- Ne pas penser qu’au pavillon individuel comme seul modèle d’habitat, promouvoir les maisons de ville ou le petit collectif.
- Dynamiser les centres des villages pour inciter la restauration des habitations.
- Soigner les périphéries des villages : plantations, chemin de tour de village, abords du cimetière…
- Respecter l’aspect patrimonial de certains villages.


 

Veiller à la qualité des bâtiments agricoles et de leurs abords


 

L’activité agricole dominante des Vallées du Clunisois est l’élevage. Cela implique dans le paysage la présence de hangars, accolés ou non aux fermes anciennes, ou en périphérie des villages. Les nouveaux bâtiments agricoles construits sont souvent en rupture avec les bâtiments anciens, en raison des mises aux normes ou de l’évolution des techniques. Leurs volumes, leurs matériaux ou leur couleur n’ont pas toujours fait l’objet d’une réflexion pour conserver une certaine harmonie avec leur situation et leur entourage. Leur localisation et leur qualité architecturale (volume, couleur…), ainsi que l’aménagement de leurs abords (plantations, chemin, transition avec les prés) peut participer à mieux inclure les nouveaux bâtiments dans le paysage.

Quelques pistes d’actions envisageables :
- Eviter les implantations trop visibles : en crête, en entrée de village ou en bord de route.
- Soigner l’architecture des bâtiments (volumes, matériaux), fractionner les volumes.
- Privilégier des bâtiments de teinte sombre, plus discrets dans le paysage.
- Soigner l’entrée de la ferme. Planter des arbres isolés ou alignés le long du chemin d’entrée.
- Planter aux abords des bâtiments pour faire une transition avec le paysage. Utiliser des essences locales adaptées au contexte.
- Installer les stockages dans des lieux discrets en arrière-plan.


 
 

Valoriser les routes, les chemins et les belvédères


 

Les axes routiers majeurs sont pour la plupart situé en fond de vallée. L’enjeu est alors d’éviter un vocabulaire routier banalisant, de veiller à la qualité de vues (abords directs de la voie et gestion de la végétation) et à la perception des villages ou des bourgs ainsi qu’à leurs accès. Sur les versants, quelques routes ou chemins en balcon offrent des vues en belvédère sur les vallées, qui doivent être maintenus par une gestion suivie de la végétation arborée. La mise en valeur des chemins de randonnée ou de balade, constitue également un enjeu important, notamment aux abords des villages. Les nombreux événements qui animent les parcours méritent d’être entretenus et mis en valeur : arbre remarquable, source, franchissement d’un cours d’eau, point de vue sur la vallée ou le village, calvaire, aire d’arrêt …

Pistes d’actions envisageables :
- Conserver une qualité de découverte et de lien avec le paysage environnant pour les voies de fond de vallée à fort trafic.
- Soigner les itinéraires en balcon en dégageant ou en préservant les vues. Eviter d’implanter les réseaux aériens du côté du point de vue.
- Aménager des points d’arrêts.
- Gérer et moduler les lisières forestières le long des routes (transparence, variété, recul…).
- Maitriser la qualité des premiers plans le long des itinéraires. Maîtriser l’urbanisation aux abords des voies.
- Mettre en valeur les carrefours.
- Dégager des points de vue sur l’eau. Soigner les abords des ponts (dégager la végétation, créer des aires d’arrêt).
- Mettre en valeur les petits évènements le long des parcours.
- Réfléchir à l’accessibilité des points de vue, à l’aménagement de belvédères, la gestion de la végétation, la maîtrise des vues depuis les sommets. Remettre à niveau certains aménagements vieillissants.


 

Valoriser les lieux particuliers du Clunisois


 

La ville emblématique de Cluny mérite une attention particulière pour que sa périphérie soit le reflet de la qualité de son centre ancien historique, qui a fait l’objet de nombreux aménagements et de mise en valeur du patrimoine bâti. Des développements urbains ont colonisé les coteaux, d’autres s’installent le long des voies d’accès. Le passage de la RD 980 en marge de la ville lui donne un rôle important dans la perception de la ville qui doit être pris en compte. Un grand soin doit être apporté à l’aménagement de cette voie, à la gestion de ses abords et à la maîtrise de l’urbanisation qui la jouxte.
Plusieurs monts, dont certains sont situés sur la ligne de partage des eaux entre Saône et Loire bordent les vallées du Clunisois (Butte de Suin, Mont de Mandé…) et constituent des lieux remarquables, visibles de loin et offrant de somptueux belvédères. Ils méritent une attention particulière pour leur mise en valeur.

Pistes d’actions envisageables :
- Maitriser l’évolution urbaine de Cluny et la qualité paysagère de ses abords.
- Soigner la découverte et la traversée de la ville depuis la RD 980.
- Réfléchir à l’accessibilité des monts, l’aménagement de belvédères, la gestion de la végétation, la maîtrise des vues depuis leur sommet. Remettre à niveau certains aménagements vieillissants.
- Mettre en valeur les châteaux dans le paysage.