Dynamiques et enjeux paysagers du Brionnais

publié le 28 novembre 2018 (modifié le 4 avril 2019)

  DYNAMIQUES

La comparaison des cartes et photos aériennes permet de révéler les évolutions du paysage.

Brionnais carte d'Etat-Major 1860 en grand format (nouvelle fenêtre)
Brionnais carte d’Etat-Major 1860


 

La carte d’Etat-major distingue plusieurs modes d’occupation du territoire : les bois (vert) occupent des mauvaises terres des hauteurs et des pentes fortes, les prairies humides (gris-bleu) couvrent la majeure partie des fonds de vallées, le reste du territoire (beige) se partageant entre cultures et prés. Le bourg de Chauffailles s’étire sur près d’un kilomètre le long de la rue principale, au-dessus du fond de vallée humide du ruisseau du Botoret.
Dans le Brionnais et le Charolais, le paysage traditionnel de polyculture évolue à la fin du XIXème vers une spécialisation vers l’élevage d’embouche de bovins de race charolaise. Les cultures se font alors plus rares au profit des prairies bocagères qui progressivement couvrent tout le territoire.

Brionnais - photographie aérienne 1950-1960 en grand format (nouvelle fenêtre)
Brionnais - photographie aérienne 1950-1960


 

La photographie aérienne des années 50-60 révèle un petit parcellaire agricole de toutes formes. Les cultures restent encore nombreuses dans ce territoire aux confins du Brionnais et du Haut-Charolais, même si les prairies dominent dans tous les fonds de vallons. Les parcelles sont de petite taille, comprises entre quelques ares et 3 ha pour les plus grandes.
Les haies cernent chaque parcelle et bordent les routes et chemins. Les arbres sont régulièrement taillés, ce qui explique le faible développement de leur couronne.

Sur les pentes les conifères ont pris place au sein des boisements dans le Haut-Charolais.

L’arrivée de la voie ferrée au nord a entrainé la création d’un quartier de la gare qui a étoffé le bourg. Chauffailles s’est développé en s’épaississant et en conservant une structure groupée.

Brionnais - photographie aérienne 2016 en grand format (nouvelle fenêtre)
Brionnais - photographie aérienne 2016


 

Agrandissement parcellaire et diminution des haies

Avec la mécanisation de la traction agricole, le parcellaire s’est agrandi, les parcelles sont comprises entre 4 et 10 ha. Le maillage bocager s’est également élargi mais si les arbres sont moins nombreux, ils sont moins élagués que dans les années 60 et possèdent donc une présence plus forte dans le paysage. Ce phénomène est particulièrement net au niveau des ripisylves. De nombreuses haies basses ont disparu, laissant derrière elles des arbres isolés au milieu des parcelles regroupées.

Un enrésinement affirmé des pentes du Haut-Charolais

L’enrésinement amorcé dans les années 60 prend désormais toute sa place dans le paysage forestier des pentes. Les parcelles de conifères affirment des formes géométriques sur les versants qui contrastent avec les boisements feuillus.

Un bourg qui s’étale

Chauffailles a connu un développement résidentiel, commercial et industriel important qui a étiré le bourg sur plus de 2.5 km de long. Les activités se sont implantées à l’ouest, formant une vaste zone d’activité en entrée de ville au traitement routier et peu urbain.
L’urbanisation a également conquis le fond de vallée et des quartiers résidentiels colonisent le coteau sud, enclavant progressivement de nombreuses parcelles agricoles.

  ENJEUX PAYSAGERS

Brionnais bloc-diagramme enjeux paysagers en grand format (nouvelle fenêtre)
Brionnais bloc-diagramme enjeux paysagers


 
 

Pérenniser le maillage bocager


 

Le Brionnais s’illustre par un bocage remarquable que met particulièrement en scène le relief vallonné voire montagneux par endroit. Les lignes des haies animent les versants et forment un premier plan de qualité le long des routes et des chemins. Ce bocage participe également à la mise en scène des villages dans leur site en étant partie prenante de leur écrin. Mais certains secteurs voient la création de plus grandes parcelles de prés, où arbres et haies ont tendance à disparaître. Les jeunes arbres sont par ailleurs rares dans les haies ou au milieu des parcelles. Les arbres isolés, majoritairement âgés, mériteraient d’être renouvelés. Une attention particulière est nécessaire pour le maintien du bocage qui contribue à la richesse et à l’attrait indéniable de ces paysages.

Pistes d’actions envisageables :
- Remailler les prairies par des haies vives en cas d’ouverture trop importante.
- Planter des haies et des arbres le long des chemins ruraux qui se dénudent.
- Soigner l’entretien des haies.
- Inclure des arbres de haut jet dans les haies.
- Replanter des arbres isolés au sein des prairies.
- Conserver les haies dans les ruptures de pente pour éviter l’érosion.
- Faire porter l’effort sur certains versants bien visibles qui forment des ensembles.


 
 

Animer les lisières et veiller à la gestion des versants forestiers


 

A travers le Brionnais, les bois et forêts prennent place sur les hauteurs des collines et les versants les plus pentus. Les lisières prennent alors de l’importance dans le paysage, limitant les horizons. Si les lisières forment des murs végétaux trop opaques ou uniformes, les perceptions sont plus monotones. Il est donc intéressant de travailler les lisières forestières par une politique de plantation et de gestion adéquate (conservation de beaux sujets, éclaircies des plantations, choix d’essences variées…) qui permette d’animer le paysage. Garder une certaine transparence aux lisières permet aussi d’apporter une plus grande diversité, tout en évitant leur fermeture.
La gestion et les modes de plantation des versants forestiers constituent également un enjeu. Une vigilance s’impose vis à vis des plantations de résineux qui affirment des formes géométriques calées sur le parcellaire cadastral, artificialisant le paysage. La souplesse des formes et la diversité des transitions entre peuplements permettent d’obtenir des versants harmonieux. Les problèmes s’estompent dès lors que le peuplement retrouve une diversité, soit par des parcelles mixtes feuillus et conifères, soit par une gestion jardinée.

Pistes d’actions envisageables :
- Préserver et dégager des arbres remarquables en lisière. Maintenir et renouveler les vieux arbres.
- Mettre en valeur les carrefours forestiers.
- Animer les lisières le long des axes routiers. Varier les essences sur les premiers rangs.
- Moduler les lisières pour apporter une diversité. Eviter une gestion homogène des lisières sur de longs linéaires routiers ou le long des champs.
- Privilégier les boisements mixtes ou feuillus sur les lisières les plus visibles.
- Modeler les plantations par des éclaircies pour favoriser la perméabilité visuelle des lisières.
- Limiter les coupes à blanc et les boisements mono-spécifiques. Privilégier les peuplements de feuillus et les peuplements mixtes sur les versants les plus exposés visuellement.
- Créer des secteurs de transition (peuplement mixtes, essences variées) en limite des parcelles résineuses afin d’en atténuer l’impact visuel.

 

Mettre en valeur l’eau


 

De nombreux petits cours d’eau coulent entre les collines, accompagnés des ambiances intimes de fond de vallons. Quelques étangs jalonnent l’unité offrant par endroit un miroir lumineux. L’eau est une composante incontournable du paysage mais que finalement on voit peut. Toutes les occasions de la voir et de la côtoyer participent à l’attrait du paysage. Elle mérite donc d’être mis en valeur. L’ouverture visuelle des fonds de vallons permet de révéler la présence des cours d’eau (ligne d’arbre de la ripisylve, ouvrage…). Le passage de l’eau aux abords ou dans les villages, sa présence dans les espaces publics, donne un formidable atout aux lieux. Tout un petit patrimoine lié à l’eau mérite d’être mis en valeur : biefs, rigoles, passerelles, fontaines, lavoirs, ponts, étangs, crots (mares), moulins… L’entretien des cours d’eau, leur accessibilité, la mise en valeur des ponts, la gestion des fonds et des ripisylves participent à produire un paysage attractif. Cela vient également appuyer la démarche Trame verte et bleue des liaisons écologiques.

Pistes d’actions envisageables :
- Conserver l’ouverture des prairies dans les fonds de vallée et en pied de coteau.
- Utiliser la politique Trame verte et bleue pour mettre en valeur l’eau et ses abords.
- Gérer la ripisylve et la berge afin d’éviter l’enfrichement.
- Maintenir une ripisylve dans les paysages ouverts.
- Préserver des accès au cours d’eau.
- Rétablir des chemins permettant de côtoyer l’eau. Acquérir des emprises foncières pour retrouver des accès publics le long des cours d’eau et à certains étangs.
- Ouvrir des fenêtres sur l’eau depuis les routes et les villages.
- Valoriser le passage de l’eau dans ou non loin des bourgs et villages.
- Gérer la végétation pour ouvrir des vues sur l’eau depuis les ponts. Mettre en valeur les vues sur la rivière.
- Valoriser le petit patrimoine lié à l’eau : puits, moulin, lavoirs, ponts…


 
 

Veiller à la qualité des bâtiments agricoles et des fermes


 

Le bocage du Brionnais est voué majoritairement à l’élevage bovin charolais. De nombreuses fermes de bonne stature, bien visibles en belvédère, constituent un patrimoine bâti remarquable à valoriser. De nouveaux hangars agricoles sont apparus, accolés ou non aux fermes anciennes, ou en périphérie des villages. Ces nouveaux bâtiments sont souvent en rupture avec les bâtiments anciens, en raison de l’évolution des techniques et des normes. Leurs volumes, leurs matériaux ou leur couleur n’ont pas toujours fait l’objet d’une réflexion pour trouver une certaine harmonie avec leur situation et leur entourage. Leur localisation et leur qualité architecturale (volume, couleur…), ainsi que l’aménagement de leurs abords (plantations, chemin, transition avec les prés) peuvent participer à mieux inclure les nouveaux bâtiments dans le paysage.

Pistes d’actions envisageables :
- Préserver et mettre en valeur les ensembles bâtis des fermes patrimoniales.
- Veiller à l’harmonie entre les hangars et les bâtiments anciens.
- Eviter les implantations de hangars trop visibles : en crête ou versant , en entrée de village ou en bord de route.
- Soigner l’architecture des bâtiments (volumes, matériaux), fractionner les volumes.
- Privilégier des bâtiments de teinte sombre, plus discrets dans le paysage.
- Soigner l’entrée de la ferme. Planter des arbres isolés ou alignés le long du chemin d’entrée.
- Planter aux abords des bâtiments pour faire une transition avec le paysage. Utiliser des essences locales adaptées au contexte.
- Installer les stockages dans des lieux discrets en arrière-plan.


 
 

Mettre en valeur les bourgs, les villages et les murs de pierre


 

La mise en valeur des espaces publics des villages et des bourgs ainsi que de leur périphérie constitue un faire-valoir important pour la qualité du cadre de vie. Les espaces publics (entrée, rue, place, venelle, tour de village…) sont des points stratégiques à valoriser pour conserver le cachet des lieux et sa convivialité. Certains villages ou bourgs sont au contact ou à proximité de l’eau, tissant des liens à mettre en valeur Les aménagements doivent faire preuve de simplicité pour préserver la tonalité rurale des lieux qui fait le charme des villages. Certains éléments de patrimoine (lavoir, mur, puits, calvaire, bâti…) ne doivent pas être oubliés. C’est le cas tout particulièrement des murs de pierre caractéristiques du Brionnais. Des actions pour restaurer et redonner vie aux habitations anciennes délaissées, plutôt que de systématiquement construire en périphérie du bourg, sont à privilégier. Les entrées et les traversées des bourgs ou villages sont par endroit à améliorer pour valoriser le cadre de vie des habitants et parfaire l’image des villages. L’enjeu est de préserver ce qui a une valeur et de trouver une nouvelle harmonie avec les aménagements envisagés.

Pistes d’actions envisageables :
- Aménager les entrées pour marquer une transition vers le village.
- Préserver le cachet des places. Révéler l’histoire et soigner la qualité des aménagements. Trouver un équilibre entre stationnement et convivialité des espaces publics.
- Privilégier l’utilisation de matériaux locaux dans les aménagements. Conserver un vocabulaire simple mais de qualité, en accord avec la ruralité des lieux.
- Valoriser le patrimoine bâti dans toute sa diversité.
- Favoriser l’occupation des maisons anciennes délaissées. Redynamiser l’habitat en centre bourg.
- Valoriser les petits éléments de patrimoine (lavoir, muret, noue pavée, calvaire…). Prendre en compte la spécificité des murets du Brionnais, éléments du patrimoine.
- Soigner les périphéries des villages en complément du centre ancien : plantations, chemin de tour de village, abords du cimetière. Préserver un maillage de chemins en périphérie des villages.


 
 

Composer les extensions urbaines et valoriser le site du village


 

De nombreux villages ou bourgs du Brionnais composent en finesse avec leur site d’implantation. Que cela soit sur une pente ou au bord de l’eau le charme s’opère. L’urbanisation constitue un élément d’évolution très visible, mais surtout irréversible. Des extensions bâties mal positionnées peuvent altérer la lisibilité de la silhouette du bourg. L’urbanisation linéaire et le mitage desservent la qualité des paysages. Les nouvelles constructions mises en façade le long des axes routiers ou en périphérie du village transforment la perception et l’identité des lieux. Il est donc important de réfléchir à la forme des groupes bâtis et à leur relation avec le relief, aux connexions avec le centre ancien ou encore le respect du site originel d’implantation du village. Les zones d’activités ou les lotissements qui s’implantent le long des grands axes et des entrées de villes nécessitent une grande attention afin de veiller à leur qualité architecturale ainsi qu’à l’aménagement de leurs abords (clôture, stationnement, aire de stockage…).

 


 

Pistes d’actions envisageables :
- Prôner un développement durable et économe de l’espace dans les documents d’urbanisme.
- Prendre en compte les logiques d’implantation du bourg dans son site, valoriser les éléments qui donnent au bourg son côté unique.
- Préserver la silhouette groupée des villages.
- Révéler le site d’origine d’implantation des villages en fonction du relief ou de la présence de l’eau. Mettre en valeur les vues en belvédère au niveau des villages.
- Mettre en place des limites pérennes à l’urbanisation.
- Porter une attention particulière aux routes d’accès et aux entrées en évitant de les coloniser par une urbanisation linéaire.
- Renforcer le centre bourg plutôt que d’éparpiller des constructions le long des routes.
- Ne pas penser qu’au pavillon individuel comme seul modèle d’habitat, promouvoir les maisons de ville ou le petit collectif.
- Créer des quartiers harmonieux plutôt que des lotissements impersonnels.
- Valoriser les abords des cours d’eau au contact de l’urbanisation
- Qualifier et aménager les abords des zones de développement (zone commerciale, équipement, lotissement).
- Accompagner les zones d’activités ou les sites industriels par un projet paysager de qualité. Imposer un plan de composition et un cahier des charges architectural et paysager. Maîtriser la publicité et les enseignes.


 

Valoriser les routes, les chemins et les belvédères

 

Dans le Brionnais le relief offre de nombreux panoramas et des covisibilités particulièrement bien révélées par les routes et les chemins. L’enjeu est d’éviter un vocabulaire routier banalisant, de veiller à la qualité de vues (abords directs de la voie et gestion de la végétation) et à la perception des villages ou des bourgs ainsi qu’à leurs accès. Il est essentiel de maîtriser la qualité les abords de la voie, qui pourraient être sollicités par un développement urbain. Sur les versants, les routes ou chemins en balcon offrent des vues en belvédère qui doivent être maintenues par une gestion suivie de la végétation arborée. La mise en valeur des chemins de randonnée ou de balade, ainsi que la remise en état des chemins d’exploitation forestière, constitue également un enjeu important. Les nombreux évènements qui animent les parcours méritent d’être entretenus et mis en valeur : arbre remarquable, source, franchissement d’un cours d’eau, point de vue sur les vallons ou le village, aire d’arrêt…

Pistes d’actions envisageables :
- Retrouver et maintenir des points de vue depuis les hauts.
- Soigner les itinéraires en balcon en dégageant ou en préservant les vues. Aménager des points d’arrêts..
- Maitriser la qualité des premiers plans le long des itinéraires. Soigner le bocage.
- Mettre en valeur les carrefours et les cols.
- Soigner les abords des ponts (dégager la végétation, créer des aires d’arrêt).
- Mettre en valeur les petits évènements le long des parcours.
- Réfléchir à l’accessibilité des points de vue, à l’aménagement de belvédères, la gestion de la végétation, la maîtrise des vues depuis les hauts.


 

Valoriser les lieux particuliers du Brionnais


 

Plusieurs monts, dont plusieurs sont situés sur la ligne de partage des eaux entre Saône et Loire bordent le Brionnais (butte de Suin, mont St-Cyr, montagne de Dun …) et constituent des lieux remarquables en belvédère, visibles de loin et offrant de somptueux panoramas très étendues. Ils méritent une attention particulière pour leur mise en valeur et la mise en scène de leur accès. Ils nécessitent une maîtrise de leurs abords et de leurs premiers plans pour maintenir des vues de qualité.

Pistes d’actions envisageables :
- Mettre en valeur les routes d’accès.
- Aménager des stationnements discrets respectant le site.
- Aménager des belvédères innovants en adéquation avec le site.
- Gérer la végétation pour maintenir les vues depuis le sommet. Maîtriser les premiers plans en contre-bas des vues.
- Faire attention à l’aspect des reliefs et son image dans le paysage.
- Remettre à niveau certains aménagements vieillissants.

- Communiquer autour de la présence de ces reliefs remarquables comme image de marque et faire valoir du territoire.