La Bresse bourguignonne vue par René Pacaut, sd

publié le 29 novembre 2017 (modifié le 27 janvier 2019)

« Il s’étale dans cette plaine immense qui commence au bas de la ligne bleutée des monts où se lève le soleil, et qui se termine le long de la grande rivière paresseuse : cette plaine fertile qu’on appelle la Bresse.
C’est un pays de prairies « « bordées » » de saules et où poussent tous les légumes ; des rivières nonchalantes, nées dans la montagne voisine, s’y promènent lentement ; des fermes allongées y dorment au coin des champs ; des étangs y rêvent, entourés de bouleaux, et des prés pleins de fraîcheur se cachent entre les bois touffus.
Au milieu de la beauté simple, du calme et de la richesse de cette aimée du ciel, des villages éparpillent leurs maisons bases entourées de jardins fleuris.
Chouse-en-Plaine est un des plus importants et certainement le plus beau. Pour le voir tout entier, il vous suffit de monter sur la colline voisine de Castel-en-Mont (…)
Quand vous le voyez de là-haut, mon village, avec sa grande rue bordée de maisons soudées les unes aux autres et ses deux autres rues recourbées qui se rejoignent, à chacune de ses extrémités, on dirait un gros bateau prêt à glisser dans la rivière qui vient lui caresser le flan, pour aller se promener avec elle à travers les prairies ; un bateau à voile avec, pour mât, le clocher rouge et or.
Le plus beau clocher de Bresse ! Son coq veille sur toutes les basses-cours de la plaine.
En se couchant, le soleil semble toujours accrocher un peu de dorure à ses tuiles ; pour qu’il soit tout à fait Bressan, il ne lui manque, sous la balustrade de pierre, que quelques rangées d’épis de maïs.
Mais le bateau ne bouge pas ; tranquille, il regarde devant lui la Seraine, notre belle rivière, qui se dirige lentement vers la plaine, et son flanc gauche se mire dans le Roiron venu lui aussi de la ligne bleue des monts, avant qu’il n’aille mêler ses eaux à celles de sa grande sœur, à l’entrée même du village.
De chaque côté de Chouse, les faubourgs s’allongent ; sur la gauche, ils vont se perdre dans la campagne toute proche ; sur la droite, ils alignent soigneusement leurs maisons entre deux parcs de larges marronniers et de platanes.

René Pacaut, L’Idiot de mon village, Marque-Mailland, sd