La ferme par Pierre Goujon, 1992

publié le 11 juillet 2018 (modifié le 27 janvier 2019)

"En 1851, La plaine chalonnaise, le nord du Val de Saône, avec leurs gros villages groupés au centre de terroirs découverts, leur richesse en biens communaux, leur artisanat nombreux, présentent quelques affinités avec la France du Nord-Est.
Les bocages de l’ouest - Autunois, Charolais, Bourbonnais- évoquent le Limousin par leur habitat dispersé, leurs paysages coupés de haies vives, le contraste entre le bourg et les écarts.
Le bocage d’embouche se répand rapidement car on considère en 1852 qu’un ha de pré rapporte à son propriétaire deux fois plus qu’un ha de blé. La priorité reste cependant au vivrier : à la même date, les champs couvent encore 60% des terroirs du Brionnais. On y meurt plus jeune, les moyens sont très limités : les écoles y sont rares, les chemins impraticables en hiver, empêchant de facto la scolarisation de nombreux enfants. Ce sont des pays de chrétienté.
Dans le Morvan, l’habitat se répartit également entre un petit bourg et des écarts. La scolarisation y est également faible.
La Bresse est également un bocage avec son habitat dispersé, ses paysages coupés de haies vives hautes. Les revenus décollent un peu et la présence d’une catégorie plus aisée -cultivateurs, artisans- assure un taux de scolarisation correct. Le Louhanais est un pays de chrétienté.
Les côtes Chalonnaise et surtout Mâconnaise offrent des aspects déjà méridionaux : présence obsédante de la vigne, opposition entre les solitudes des hauteurs et les cultures soignées de la plaine, des vallons et des pentes, forte densité démographique et vie de relations intense. La misère y est beaucoup moins marquée. La pratique religieuse y est modérée. Les crises de mévente de la vigne alimentent des griefs contre le protectionnisme, et on y prône souvent une fiscalité directe sur le revenu qui préserve davantage le commerce."

La Saône-et-Loire de la préhistoire à nos jours. Pierre Goujon, 1992. Éd Bordessoules