Le vignoble de Saône-et-Loire

publié le 22 août 2017 (modifié le 27 janvier 2019)

Le vignoble de la Côte Chalonnaise à Saint-Vallerin en grand format (nouvelle fenêtre)
Le vignoble de la Côte Chalonnaise à Saint-Vallerin


 

  Une présence ancienne

L’origine de la culture de la vigne en Bourgogne et plus précisément en Saône-et-Loire ne peut être située avec certitude, mais remonte probablement à l’époque romaine. Le texte le plus ancien relatant sa présence est daté de l’an 312. A partir des Xème et XIème siècles les communautés religieuses participent à l’essor du vignoble bourguignon, en particulier les abbayes de Cîteaux en Côte d’Or et de Cluny en Saône-et-Loire. Aux XIVème et XVème siècles, la puissance de la dynastie des ducs de Bourgogne contribue au développement de l’activité viticole, favorisant un essor commercial qui s’étend bien au-delà de la zone de production. La révolution de 1789 marque également l’histoire de la vigne, avec la remise en cause de la propriété de l’aristocratie et de l’Eglise. On trouve là l’origine du morcellement actuel des vignes. Le XIXème siècle symbolise la période de prospérité et de développement qui accompagne la révolution industrielle.
Fin XIXème deux fléaux, le mildiou et surtout le phylloxéra, se répandent sur l’ensemble du territoire français. Le phylloxéra, apparu en Saône-et-Loire vers 1875, ruine de très nombreux viticulteurs. La reconstitution des vignes au début du XXème siècle, à partir de plants greffés résistants à l’insecte, a conduit au vignoble que nous connaissons aujourd’hui.

Un vignoble qui se concentre en A.O.C.

En 2007, le vignoble de Saône-et-Loire occupe un peu plus de 13 000 ha, soit seulement 2,5% de la surface agricole utilisée départementale. La surface en vigne a globalement peu évolué au cours des 50 dernières années. Mais en 1960, où l’on comptabilisait pratiquement la même surface qu’aujourd’hui, le vignoble se partageait par moitié entre les vignes A.O.C. et les vignes destinées aux vins de consommation courante. Ces dernières ne se cantonnaient alors pas aux limites du vignoble actuel, mais se dispersaient au travers de la Bresse, du Charolais et parfois même sur les collines de l’Autunois. Au fil des ans, ce vignoble, de qualité souvent médiocre, a progressivement été arraché, remplacé dans la zone A.O.C. par des plants de qualité ainsi que des plantations nouvelles. Au cours de la période 1960-1980, les plantations d’A.O.C. ne compensaient pas les arrachages de vignes à vin de table et la surface départementale a légèrement régressé.
Après 1990, le développement des A.O.C. s’est poursuivi plus modérément, conduisant vers 2005 à un vignoble d’un peu plus de 13 000 ha, composé à 99% de vignes A.O.C.

  Trois grandes zones d’appellation

Aires d'appelation de Säone-et-Loire en grand format (nouvelle fenêtre)
Aires d’appelation de Säone-et-Loire

Trois grandes zones d’appellation sont présentes en Saône-et-Loire valorisant une palette de sols et de climats nuancée.
Au sud du département, la zone du Beaujolais, se différencie du vignoble bourguignon par la nature de ses sols, où dominent le granit et les schistes, plus ou moins associés à des argiles. C’est le terrain de prédilection du Gamay. Dominé à l’ouest par des collines assez élevées, le vignoble est bien abrité des vents océaniques et les étés sont souvent chauds et secs.
Un peu plus au nord, dans le Mâconnais, les arènes granitiques font rapidement place au calcaire mélangé à l’argile. Le relief est découpé en une série de blocs parallèles orientés Nord-Sud et inclinés vers la Saône. Plantée principalement sur les versants Est, la vigne se compose essentiellement de Chardonnay, qui s’exprime dans une grande diversité selon les terroirs. Les conditions climatiques sont très semblables à celles du Beaujolais.
En Côte Chalonnaise, les terrains calcaires restent dominants, mais le relief y est plus diversifié qu’en Mâconnais. Déjà plus au nord, le vignoble est sous l’influence d’un climat plus continental que le Beaujolais et le Mâconnais et la végétation y est sensiblement plus tardive. Les cépages traditionnels de la Bourgogne, Chardonnay, Aligoté et Pinot Noir, sont en parfaite harmonie avec ces terroirs.

La pyramide des appellations

Les viticulteurs de Saône-et-Loire distinguent plus de 250 appellations différentes. Cette grande variété est principalement liée à la déclinaison possible de certaines appellations. Afin de mieux cerner la hiérarchie des appellations, on a coutume de les classer selon une structure qualitative pyramidale.
La base de la pyramide est constituée des appellations régionales, qui représentent, en volume de production, presque 70% de la récolte moyenne annuelle. Certaines de ces appellations peuvent être suivies d’un nom de "village", comme par exemple le "Mâcon Blanc Azé".
L’échelon suivant de la pyramide se compose des appellations communales, soit au total environ 25% de la récolte annuelle. Il y en a 15 en Saône-et-Loire, dont 4 sont des Beaujolais.
Le 3ème niveau, très sélectif, comprend les "premiers crus" et les "climats", regroupant 5% de la production.
Tout au sommet de la pyramide trônent les "grands crus" de Bourgogne, mais aucun n’est présent en Saône-et-Loire.



  Quatre cépages pour un patchwork communal

Carte des cépages de Saône-et-Loire  en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte des cépages de Saône-et-Loire
Le Pinot noir domine au nord dans le Couchois et la Côte Chalonnaise, le Chardonnay caractérise la Côte Mâconnaise et le Gamay s’impose dans le Beaujolais.

Occupant un peu plus de la moitié du vignoble A.O.C. de Saône-et-Loire, le cépage Chardonnay a la préférence des viticulteurs du Mâconnais. C’est en effet le raisin de base des vins blancs de cette zone d’appellation où près de 80% des vignes sont plantés avec ce cépage. Il est beaucoup moins répandu en Côte Chalonnaise, mais peut néanmoins être localement fortement représenté, notamment dans les vignobles de la région de Buxy et de Rully.
Second cépage blanc cultivé dans le département, l’Aligoté occupe une surface beaucoup plus modeste, aux environs de 800 ha, localisés en quasi-totalité dans le vignoble de la Côte Chalonnaise. Il donne naissance à seulement deux appellations : le "Bourgogne Aligoté" et le "Bouzeron". Il peut aussi entrer dans la composition du Crémant de Bourgogne.
Le Pinot Noir arrive au premier rang des cépages rouges, occupant 56% des 5 500 ha produisant des vins A.O.C. rouges. On le considère originaire de Bourgogne, peut-être déjà présent en Gaule avant la conquête romaine. Il est principalement implanté sur le Nord du vignoble, en Côte Chalonnaise, en continuité avec le vignoble de Côte d’Or où il se décline au travers des appellations "Bourgogne" les plus prestigieuses. Plus modestement, il est aussi présent sur de nombreuses communes du nord du Mâconnais.
Cépage dominant sur la partie sud du vignoble, le Gamay est présent sur 2 400 ha. Il est très fortement implanté sur dix communes proches du département du Rhône, supports des crus du Beaujolais. Un peu plus au nord, les vignes plantées en Gamay produisent surtout des "Mâcon Rouges", mais tout comme l’Aligoté, ils peuvent aussi entrer dans la composition des Crémant de Bourgogne, dans une proportion de 20% au maximum.

Source : La filière viticole en Saône-et-Loire, DDAF 71, 2009