Les enjeux paysagers liés à la forêt

publié le 5 octobre 2018 (modifié le 13 juin 2019)

La forêt occupe 25% du territoire de Saône-et-Loire. Les forêts les plus étendues couvrent les reliefs affirmés du Morvan, de la Montagne Autunoise, des vallées du Clunisois, du Haut Brionnais ou des Côtes viticoles. En plaine de vastes massifs occupent les terrasses de la vallée de la Saône et de la Bresse Chalonnaise. Et partout dans l’ouest du département des bois ponctuent les collines bocagères.
Dans la montagne, les boisements progressent à mesure que l’agriculture délaisse des prairies pentues ou trop humides. Les plantations de conifères ont par endroits un impact visuel important accentué par un type de sylviculture basé sur des plantations monospécifiques, des lignes d’éclaircies, et des coupes rases. La gestion forestière sur les versants les plus exposés et la qualité des lisières le long des routes ou depuis les prés sont des enjeux paysagers forts.

  Veiller à la gestion forestière des versants

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St-Pierre-le-Vieux


 


 

Maitriser les effets artificiels des plantations

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Maitriser les effets artificiels des plantations


Dans le paysage les coteaux boisés forment les horizons ou cadrent les vues. Ils jouent un rôle fort, constituant souvent des limites affirmées. L’amplitude du relief, la présence de belvédères et les covisibilités entre les coteaux accentuent la perception des versants boisés. L’équilibre entre espaces ouverts et forestiers, la souplesse des formes et la diversité des transitions entre peuplements, des lisières variées et entretenues, sont autant d’éléments qui permettent d’obtenir des versants attractifs. Mais tous les versants n’ont pas le même impact visuel. Une identification des plus significatifs du point de vue du paysage, doit constituer la première étape. Une gestion adéquate doit ensuite être privilégiée aux abords des sites les plus visibles et le long des routes d’accès aux sites emblématiques et touristiques. Plus concrètement tout aspect artificiel avec des formes géométriques du parcellaire marquées, les lignes verticales de plantations ou d’éclaircie, ou encore une domination des conifères doit vent être évités sur ces versants sensibles. Il est le plus souvent intéressant de privilégier les peuplements diversifiés, une gestion en futaie jardinée et des parcelles d’intervention aux formes horizontales en harmonie avec les lignes de forces du relief.

Quelques pistes d’actions envisageables :
- Analyser et identifier les versants les plus importants dans le paysage.
- Planter et gérer en tenant compte des formes générales du paysage et du relief.
- Tenir compte du relief. Ne pas pratiquer les coupes de régénération sur des surfaces géométriques calées sur le parcellaire : privilégier des plages d’intervention plus larges que hautes dont les formes s’accordent mieux avec celles des versants.
- Limiter les coupes à blancs et les boisements monospécifiques. Privilégier les peuplements de feuillus et les peuplements mixtes sur les versants les plus exposés visuellement.
- Raisonner le plan de régénération à une échelle suffisante. Eviter les trop petites parcelles qui créent un effet de mitage du versant.
- Etre vigilent sur les effets paysagers de la gestion forestière des crêtes.
- Eliminer les micro-boisements de conifères sur les versants ouverts.
- Créer des secteurs de transition (peuplement mixtes, essences variées) en limite des parcelles résineuses afin d’en atténuer l’impact visuel.
- Gérer les abords des boisements pour éviter les friches qui gomment les limites franches
- Mettre en place une réglementation des boisements.
- Composer le paysage du versant, en conservant des ouvertures agricoles en alternance avec la forêt sur des points stratégiques : crête, abords de hameaux, cols…




Instaurer des modes d’exploitation plus doux / Atténuer l’impact visuel des coupes

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Instaurer des modes d’exploitation plus doux / Atténuer l’impact visuel des coupes


Bien qu’elle soit liée à une gestion humaine, la forêt véhicule également l’image d’un milieu considéré comme naturel. Ceci explique les critiques formulées lorsque les modes de gestion forestière provoquent une artificialisation trop perceptible du paysage forestier. Cela se retrouve bien entendu au moment de l’exploitation du bois qui change localement complètement le paysage forestier tant depuis l’extérieur qu’à l’intérieur des massifs. Globalement il est important de ne pas être trop brutal et de respecter les sols. L’exploitation en futaie jardinée, ou en taillis sous futaie, permet d’éviter aussi le stress d’une coupe à blanc. Gérer les impacts du chantier permet de favoriser la cicatrisation rapide (stockage, remise en état divers, broyage, organisation des andains). La conservation de quelques ilots ou arbres isolés non exploités est utile. Les effets des coupes demeurent tout de même un certain nombre d’années avant que la croissance des arbres cicatrise vraiment les versants. Il est important de bien calibrer l’étendue des coupes pour éviter une « désertification » temporaire trop importante. Il faut aussi penser l’image de l’après chantier et redéfinir des priorités paysagères comme la conservation d’un point de vue sans plantation. Les impacts visuels et environnementaux sont à bien gérer, l’image de la profession sylvicole en dépend.

Quelques pistes d’actions envisageables
- Eviter d’intervenir sur des surfaces trop importantes sur les versants en covisibilité
- Eviter les plages d’exploitation en tranche verticale au profit de parcelles d’intervention horizontales sur les coteaux.
- Préserver des arbres et des bosquets afin d’amoindrir l’impact visuel de la coupe et d’assouplir la forme de la parcelle exploitée.
- Conserver quelques arbres de hauts jets le long des chemins en limite des parcelles exploitées.
- Privilégier une gestion en futaie jardinée ou en taillis sous futaie sur les versants les plus exposés visuellement.
- Atténuer et accompagner les impacts paysagers du chantier.
- Préférer un andainage en travers de pente plutôt que dans le sens de la pente. Eviter les andains trop importants qui ne se résorbent pas rapidement.
- Privilégier le broyage des rémanents à proximité des lieux fréquentés. Eloigner les andains des voies de communication.
- Organiser les voies d’accès aux parcelles.
- Remettre en état les chemins après exploitation.
- Respecter la topographie et le passage des ruisseaux ou la présence des sources.


 

  Animer les lisières et les voies d’accès

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Autun


 


 

Tenir la qualité des lisières forestières

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Tenir la qualité des lisières forestières


Dans le paysage de la Saône-et-Loire, majoritairement dédié aux prairies bocagères ou aux cultures, de nombreux boisements ou petites forêts s’intercalent. Les lisières avec l’espace agricole ou le long des routes sont donc fréquentes et visibles.
Après des coupes à blanc, les parcelles replantées créent des lisières linéaires homogènes, longues et monotones. Les jeunes peuplements, qu’il s’agisse de feuillus ou de résineux, créent des fourrés impénétrables et peu attractifs. Un traitement spécifique des premières rangées de plantation, avec des densités de plantation plus faibles, un mélange d’essences, une éclaircie et un élagage plus suivi, permet d’éviter la constitution d’un mur végétal obstruant toute vue. Il est intéressant de préserver en lisière quelques arbres ou des bosquets lors de la coupe afin de créer une diversité d’essences et d’âges pouvant être mises en scène.
Dans les secteurs de déprise agricole, il convient d’être vigilant sur l’implantation des petits boisements de conifères accolés aux grands massifs, qui semblent créneler le tracé de la lisière. Il est aussi intéressant d’affirmer le contraste entre l’espace ouvert des prairies et la forêt en évitant des friches intermédiaires qui brouillent une perception claire du paysage.

Quelques pistes d’actions envisageables :
- Maintenir des lisières forestières de qualité le long des chemins et des routes. Privilégier les boisements mixtes ou feuillus sur les lisières les plus visibles. Eviter de planter uniquement des conifères en lisière. Varier les essences et composer des lisières mixtes feuillus-conifères.
- Eviter une gestion homogène des lisières sur de longs linéaires. Éviter la coupe rase et le renouvellement simultané d’une longue parcelle le long d’une route.
- Prévoir une gestion différenciée de la lisière : augmenter la fréquence de l’élagage et des éclaircies des premiers rangs.
- Préserver et dégager des arbres remarquables en lisière.
- Eclaircir les lisières pour favoriser la perméabilité visuelle vers le sous-bois.
- Prévoir un chemin ou une bande enherbée en lisière dans les paysages de culture de la plaine.
- Éviter les petits boisements disposés en saillie sur une lisière. Gérer les abords des boisements pour éviter les friches qui gomment les limites franches.


 

Mettre en valeur les carrefours et les petits évènements le long des voies

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Mettre en valeur les carrefours et les petits évènements le long des voies


Les routes sont le premier vecteur de découverte du territoire. Lors des longues traversées forestières, l’horizon se limite souvent à la perception de la lisière. Dans les massifs forestiers importants, les traversées forestières, parfois monotones, peuvent être animées par la mise en valeur des carrefours, qu’il s’agisse de simples croisements, d’entrée de pistes forestières ou de plus grands carrefours. L’objectif est de rendre perceptible l’espace du croisement, de former un repère et de permettre une meilleure orientation ou un accès à la forêt. Cette mise en valeur passe par le dégagement de beaux arbres et par une ouverture du paysage créant une clairière au niveau du carrefour.
Maintenir une bande enherbée donne un recul visuel et réduit le caractère oppressant d’une lisière sombre. Un carrefour, une aire d’arrêt, un croisement de chemin, un arbre remarquable, une vue sur la vallée, un bloc de roche, ou bien le franchissement d’un ruisseau, sont autant de petits évènements pouvant être valorisés par une éclaircie ou une coupe ponctuelle, créant une respiration et incitant à un arrêt.

Quelques pistes d’actions envisageables :
- Dégager une clairière autour du carrefour.
- Planter et mettre en valeur un ou plusieurs arbres remarquables, signalant l’intersection.
- Aménager les étoiles forestières. Planter une ligne d’arbres formant la lisière autour du grand carrefour en étoile.
- Prévoir des aires d’arrêts à proximité des carrefours. Soigner l’aménagement des aires d’arrêts en lisière.
- Dégager la végétation pour mettre en valeur des petits évènements.
- Conserver quelques arbres remarquables en bordure des routes et des chemins.
- Dégager les abords des rivières, et des ponts, ainsi que certains fonds de vallons.


 

Valoriser les allées et chemins forestiers

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Valoriser les allées et chemins forestiers


 

En Saône-et-Loire les massifs forestiers offrent un bon complément de découverte souvent peu valorisé à proximité du vignoble, des vallées ou des grandes villes. L’intimité des sous-bois se découvre grâce aux chemins et aux allées. Un équilibre doit être recherché entre le respect de la propriété privée et le maintien d’un accès public aux forêts. Dans la partie montagneuse du Morvan ou près d’Autun, de petits chemins permettent de pénétrer les vastes massifs. Dans les forêts plates des terrasses de la vallée de la Saône il s’agit plus de longues allées ou de petites routes qui traversent la forêt. Chaque cas appelle à des modes de valorisation différents en fonction des caractéristiques paysagères des différents massifs et forêts.

Quelques pistes d’actions envisageables :
- Conserver un réseau de chemins suffisants, balisés et entretenus.
- Créer des points d’arrêts aménagés simplement pour s’arrêter.
- Maintenir un compromis entre propriété privée et accès public aux forêts.
- Conserver la typicité des chemins en fonction des unités paysagères (chemins creux, tracé rectiligne ou sinueux).
- Aménager des tours belvédères sur les sommets boisés.


 

  Bibliographie Forêt et paysage

Guide

- Cahier de recommandations paysagères. CRPF Limousin, 2002
- sylviculture & cours d’eau guide des bonnes pratiques. CRPF Limousin, 2014
- Prendre en compte la préservation des mares dans la gestion forestière. CNPF, 2015

Plaquettes

- Gérer la forêt pour produire du bois de qualité en accompagnant les dynamiques naturelles. Pro Silva France , 2015
- Gestion forestière et paysage. CRPF de Bourgogne, 2006
- La sylviculture des peuplements feuillus irréguliers. Société Forestière de Franche-Comté, 2017
- Le traitement irrégulier des chênaies de Bourgogne. CRPF de Bourgogne, non daté
- Le franchissement des cours d’eau en milieux forestiers. CRPF de Bourgogne, 2006
- La prise en compte du paysage en gestion forestière – CNPF, 2010
- Votre forêt dans le paysage, fiche paysage. Charte forestière du Morvan, 2007
- Réaliser une coupe rase sur versant, fiche paysage. Charte forestière du Morvan, 2007
- Réaliser la première éclaircie, fiche paysage. Charte forestière du Morvan, 2007
- Choix et répartition des essences pour un projet de reboisement, fiche paysage. Charte forestière du Morvan, 2007
- Traiter une lisière de peuplement résineux, fiche paysage. Charte forestière du Morvan, 2007
- Traiter un élément particulier du paysage, fiche paysage. Charte forestière du Morvan, 2007