Les murets de pierre en Brionnais

publié le 18 janvier 2018 (modifié le 27 janvier 2019)

De nombreux murs de pierres sèches délimitent des parcelles et accompagnent routes et chemins du Brionnais. Oyé  en grand format (nouvelle fenêtre)
De nombreux murs de pierres sèches délimitent des parcelles et accompagnent routes et chemins du Brionnais. Oyé
CAUE 71


 

Sources : Étude de faisabilité d’un dossier paysage culturel- 2014- syndicat mixte du pays Charolais-Brionnais


 

Le territoire du Charolais-Brionnais présente de nombreux vestiges des murets en pierres sèches qui autrefois délimitaient les parcelles. De prime abord, ceux-ci semblent concentrés en Brionnais et dans le voisinage de Charolles sur les sols calcaires et marneux. Il en existe aussi plus rarement dans les Monts du Charolais, où les parcelles comportent parfois d’abondants blocs granitiques visibles en surface.

Carte de présence des murets en Brionnais  en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte de présence des murets en Brionnais
Ont été exclues les communes où n’ont été inventoriés que des murs de clôture de cour d’habitation et de rares traces de murets routiers.


 


Les murets résultent initialement de l’épierrage des prairies et des sols cultivés, destiné à améliorer les terres agricoles. Les pierriers, appelés localement murgers, servaient de lieux de stockage des pierres gênant l’exploitation agricole. Ils étaient donc situés au plus près de la parcelle, à un endroit où leur présence ne gênait pas les travaux divers. Les pierriers ont servi de ressource pour la construction des murets, permettant ainsi une valorisation de ces tas de pierres encombrants.

Les pierriers sont parfois inclus dans une ligne de murets. Ils peuvent avoir servi à construire des cabanes agricoles (cadoles). Dans d’autres cas, ils ne sont que des tas de pierres inutilisées. Le rôle de l’épierrage était de faciliter le travail de la terre, d’augmenter la quantité de sol arable disponible et le nombre de plantes cultivées par unité de surface. La mise en murets se faisait si la pierre avait la bonne conformation (pierres assez plates de dimensions décimétriques).

Plusieurs types de murs peuvent être distingués selon les types de roches extraites du sol. Les calcaires fournissent des dalles plus ou moins grandes et épaisses, de couleur variable, en fonction de la stratification des dépôts. Les blocs ont été retaillés ou non, selon le degré de silification des niveaux. Les chailles au sud de Saint-Christophe-en-Brionnais et autour de la forêt des Charmay sont, par exemple, toujours utilisées brutes.

St-Germain-en-Brionnais en grand format (nouvelle fenêtre)
St-Germain-en-Brionnais
Oyé en grand format (nouvelle fenêtre)
Oyé
 
Oyé en grand format (nouvelle fenêtre)
Oyé
Ballore en grand format (nouvelle fenêtre)
Ballore
Oyé en grand format (nouvelle fenêtre)
Oyé
 

La densité des murs est parfois directement liée à la quantité de pierres extraites du sol lors des premiers travaux agricoles. Ainsi, les grès triasiques de Saint-Germain-en-Brionnais ont fourni de grandes quantités de blocs disposés, sans avoir été retaillés, en un dense maillage au lieu-dit les Brosses Dieu. Cet ensemble de murs est le plus important repéré en Charolais-Brionnais. Certains murs surmontent des affleurements de roches naturelles ou d’anciennes carrières, créant ainsi un aménagement.

Les murets seraient une survivance du système de polyculture-élevage, antérieur au développement de l’élevage bovin. Toutefois, ils ont été réutilisés par le nouveau système et sont constitutifs du paysage encore aujourd’hui.

  Murets et géologie

Saint-Didier-en-Brionnais en grand format (nouvelle fenêtre)
Saint-Didier-en-Brionnais


 

Le contexte géologique a aussi une influence sur l’utilisation des matériaux : murs de clôture de propriétés, murs de clôture de parcelles agricoles dans les embouches les plus réputées, murs de soutènement de chemins ou de routes dans les zones plus argileuses.
La construction des murets a utilisé principalement 4 niveaux géologiques : granit, grès, calcaire à entroques et calcaire à gryphées. Les murets conservés en Charolais-Brionnais sont principalement faits de grès et de calcaire.
Le grès a donné des ensembles exceptionnels, particulièrement imposants en largeur, en volume et en densité. Le meilleur exemple étant sans doute au lieu-dit Les Brosses-Dieu à Saint-Germain-en-Brionnais.
Le calcaire a donné de nombreux linéaires de murs moins larges et volumineux.
Des murs agricoles (séparation de parcelles et clôture de tènement) sont conservés dans les ensembles en grès (Colombier, Saint-Germain, Amanzé), moins dans les ensembles calcaires (Oyé, Varenne-l’Arconce).
Les basaltes sont utilisés localement comme à Argues, commune de Baugy, à proximité du château de Launay, entre Sainte-Foy et Saint-Christophe-en-Brionnais, au nord du hameau de Mans à Dyo ou au nord d’Iguerande. Ils conservent la section hexagonale des orgues basaltiques issus du refroidissement du magma.

  Les murets sont difficiles à dater

Ils auraient connu leur apogée aux XVIIe et XVIIIe siècles quand les états de Bourgogne autorisèrent les propriétaires du Brionnais à clôturer leurs héritages.
Construits par l’homme, ils sont un élément temporaire et l’expression d’un système agricole mis en place dans un contexte historique particulier. La remise en cause de ce système a compromis leur existence. La diminution du nombre d’exploitations agricoles, l’agrandissement de celles qui se sont maintenues et les profonds bouleversements économiques et sociaux survenus dans le monde agricole ont contribué à l’abandon des murets.

Les exploitants n’ont plus aujourd’hui les moyens humains, techniques, financiers de les entretenir. Leur sauvegarde semble pourtant essentielle à la préservation de la qualité des paysages et à la mémoire d’un système agricole aujourd’hui révolu mais qui a accompagné le développement de la race bovine charolaise.