Dynamiques et enjeux paysagers de la Côte Mâconnaise

DYNAMIQUES

La comparaison des cartes et photos aériennes permet de révéler les évolutions du paysage.

Côte Mâconnaise carte d'Etat-Major 1850
 
La carte d’Etat-major montre une valorisation étagée du territoire : en haut des sommets boisés (vert) et quelques espaces communaux de pâturage, en dessous les vignes (gris), puis dans les fonds de vallées les cultures et les prés (bleu clair). Les villages sont peu développés mais de nombreux hameaux se répartissent sur le territoire.
 
Côte Mâconnaise Photographie aérienne 1945 | IGN
 

Le parcellaire apparaît sur la photo aérienne, révélant les toutes petites parcelles du vignoble. Quelques arbres isolés ponctuent les vignes ainsi que quelques rangées de fruitiers pour les parcelles les plus près du village.
Dans les vallées, les parcelles de prés sont de taille plus importante. Elles s’accompagnent de haies et d’arbres qui composent un paysage bocager dont la Ripisylve forme l’armature.
Sur les hauteurs, on peut observer un début d’enfrichement de certains prés communaux, mais le phénomène reste encore limité.

L’entrée dans Azé est marquée par un bel alignement d’arbres qui mène à la place centrale. Quelques domaines entourés d’un parc arboré apparaissent révélant la prospérité de ce territoire viticole.

Côte Mâconnaise photographie aérienne 2017 | IGN
 

La dynamique viticole

Par regroupement, la taille des parcelles viticoles s’est largement agrandie. Les parcelles les plus importantes s’observent dans les secteurs nouvellement gagnés par la vigne. La vigne a conquis de nombreux espaces aux dépens des prairies et des cultures. Sur les hauteurs, le vignoble vient désormais directement au contact des lisières boisées. Les fruitiers et les arbres isolés se sont raréfiés ou ont disparu, mais l’arbre reste présent sous forme de bosquets ou de bandes boisées amenant ainsi un contre-point dans un paysage de vigne qui s’est considérablement simplifié.

La diffusion urbaine

L’évolution urbaine est importante. Le village s’est développé hors les vignes, s’étirant le long des routes de vallée jusqu’à rejoindre les hameaux qui l’entouraient. La silhouette du village initial qui était contenu dans un cercle d’environ 500 m a explosé. Le village s’étire désormais sur plus de 2 Km de long donnant une impression de Mitage du fond de vallée.

 

ENJEUX PAYSAGERS

Côte Mâconnaise bloc-diagramme enjeux paysagers
 
 

Préserver la diversité paysagère du vignoble

 

Les vignes constituent un élément prépondérant des paysages de la Côte Mâconnaise et lui donnent son unité. Le vignoble épouse le relief des coteaux, formant parfois de vastes étendues homogènes, mais aussi de plus petites parcelles qui composent avec les prairies ou les boisements. Son parcellaire s’anime avec des arbres isolés, des murets, des cabanes de vigne, des pelouses sèches ou encore des chemins. Cette diversité tend à régresser au fil du temps avec l’agrandissement des parcelles de vignes et une moindre présence de l’arbre et des prairies. Elle mérite d’être encouragée pour que perdure le charme des lieux. A une autre échelle, il est également important de veiller aux covisibilités, proches ou lointaines, des pentes qui se mettent en scène et révèlent leur occupation du sol. Il en est ainsi pour les versants visibles depuis la Vallée de la Saône ou à l’intérieur des différentes vallées et des combes. De nombreux belvédères sont présents, rendant particulièrement sensible cette côte. Tout ce qui prend place sur les versants et à leurs pieds a un fort impact visuel, parfois de loin. La maîtrise de l’urbanisation, pour éviter le mitage ou les effets de masse, doit être recherchée. L’enjeu pour le vignoble est de conserver un paysage diversifié, formant l’écrin des villages et l’image de marque des domaines viticoles.

 

Pistes d’actions envisageables :

  • Conserver une diversité au sein du parcellaire (prairie, fruitiers, bosquets).
  • Renouveler les arbres isolés vieillissants.
  • Encourager la plantation d’arbres ou de fruitiers intercalés entre les parcelles de vignes.
  • Préserver le petit parcellaire. Éviter les regroupements trop importants de parcelles.
  • Mettre en valeur les chemins à travers le vignoble. Éviter les revêtements de sol imperméabilisants.
  • Soigner les murs de soutènements en pierre.
  • Favoriser l’insertion paysagère des ouvrages hydrauliques. Privilégier les techniques qui favorisent l’infiltration des eaux de ruissellement.
  • Maîtriser le développement urbain en pied de coteau.
  • Porter l’effort de mise en valeur du vignoble en priorité le long des axes routiers et des points en Belvédère.
  • Mettre en valeur les abords des exploitations viticoles et des chais.
  • Constituer des itinéraires pour découvrir le vignoble et mettre en avant ses points forts.
 

Mettre en valeur les belvédères et les routes en balcon

 

La Côte Mâconnaise offre de nombreux belvédères sur les panoramas lointains au-dessus de la Plaine de la Saône, ou sur les vallées plus intimes à l’intérieur. Ils méritent une attention pour les faire connaître, les préserver, les mettre en scène à travers des itinéraires ou des aménagements. Ces panoramas aux vues plongeantes, montrent de nombreux aspects du territoire, éclairant les paysages d’une vision géographique. Certains révèlent très bien les plissements du relief et l’étendue des boisements qui les couvrent (Mont St-Romain). D’autres exposent les roches majestueuses (Solutré, Vergisson). Cela doit inciter à maîtriser la gestion du paysage ainsi découvert. La qualité des vues dépend aussi d’un aménagement soigné des premiers plans et des abords immédiats du point de vue. Les routes sont aussi des éléments très importants à prendre en compte pour un travail sur les vues. Elles fournissent de nombreux itinéraires en balcon remarquables, véritable faire valoir de ce territoire qu’elles révèlent avec force et subtilité.

 

Pistes d’actions envisageables :

  • Mettre en valeur les routes en balcon offrant des vues remarquables.
  • Aménager simplement les aires d’accueil ou de stationnement. Favoriser les accès en respectant l’identité des sites remarquables.
  • Identifier et aménager des belvédères pour profiter du paysage : plateforme sobre, table d’orientation, mobilier discret …
  • Conserver et valoriser les chemins agricoles communaux, véritables faire-valoir des vues.
  • Aménager des circuits de découverte.
  • Mettre en place un balisage et une information claire.
  • Accompagner le cheminement par des plantations, de fruitiers par exemple.
  • Maîtriser les silhouettes des villages visibles de loin.
  • Conserver l’équilibre et l’harmonie entre les différents éléments du paysage (vigne, urbanisation, boisement).
 

Maîtriser la gestion des forêts, des prairies et des pelouses des coteaux

 
Les boisements, plutôt stables dans le temps, occupent historiquement les hauts, cadrant les vues et les horizons. La vigne a gagné sur les prairies, les pelouses sèches et les cultures. Quelques parcelles de pelouses sèches plus lumineuses attirent l’œil et sont encore présentes. Des prairies avec des arbres isolés diversifient le paysage. Les lisières des boisements contrastent avec les rangs de vignes, complétant leur graphisme. Boisements, prairies et pelouses forment l’écrin et la toile de fond du vignoble. Ils méritent donc une attention particulière pour parfaire le tableau de la Côte en conservant la force de ses caractéristiques paysagères. Sur les versants forestiers les plantations géométriques de conifères ont parfois un impact visuel fort. L’exploitation des carrières demande des précautions pour respecter le paysage du coteau, tant au cours de son exploitation que dans le projet de reconversion ultérieur.
 

Pistes d’actions envisageables :

  • Préserver une composition harmonieuse et diversifiée entre vigne, forêt, prairies et pelouses sèches.
  • Conserver des prairies/pelouses entretenues. Limiter la progression des boisements ou des friches.
  • Avoir une vigilance particulière sur les lieux les plus remarquables : les monts, falaises, les fronts de côte, les combes et les vallées très visibles…
  • Veiller à une bonne insertion des carrières et à maîtriser leur impact paysager depuis le pied de la côte.
  • Privilégier des boisements feuillus ou mixtes sur les versants les plus visibles.
  • Ne pas pratiquer les coupes de régénération sur des surfaces géométriques calées sur le parcellaire : privilégier des plages d’intervention dont les limites épousent les formes des versants.
  • Atténuer la géométrie des lignes de plantation et d’éclaircies sur les versants les plus visibles
  • Maintenir des lisières forestières de qualité le long des chemins, des routes et des vignes.
  • Avoir une grande vigilance pour toute intervention sur les crêtes qui sont très visibles.
  • Rouvrir les parcelles boisées ou enfrichées qui descendent au contact des villages.
 

Concilier les extensions urbaines avec la qualité paysagère de la Côte

 

Dans le vignoble les villages et les hameaux présentent des formes groupées, denses et contenues dans un creux du relief. Ils restent à la fois discrets mais bien visibles de loin, en offrant une composition harmonieuse avec leur site d’implantation. Aujourd’hui, on peut observer par endroits des implantations bâties récentes individuelles (mitage) ou étirées le long d’une route (urbanisation linéaire) qui pénalisent la Perception des lieux en créant des entre-deux peu qualitatifs. L’éparpillement n’est pas dans la tonalité de ces lieux au paysage viticole ordonné. Il est donc important de réfléchir à la forme des groupes bâtis et à leur relation avec le relief, de limiter les étalements au coup par coup qui altèrent la silhouette des hameaux et villages. Certains panoramas s’accommodent mal de premiers plans bâtis désordonnés. La relative préservation de la Côte due à la présence de la vigne demande en contrepartie une vigilance particulière à la limite du vignoble, où s’édifient les constructions qui ne peuvent s’implanter dans les vignes. L’influence de Mâcon, des grands axes routiers de la terrasse de la Saône ou dans la vallée de la Petite Grosne, créent une pression urbaine qui demande une grande vigilance.

 

Pistes d’actions envisageables :

  • Prendre en compte les logiques d’implantation du bourg dans son site, valoriser les éléments qui donnent au bourg son côté unique.
  • Préserver la silhouette groupée des villages et des hameaux. Harmoniser le développement en fonction du relief. Privilégier les implantations discrètes à l’image de certains hameaux.
  • Agrandir le bourg en prolongeant la logique de son plan de composition.
  • Prôner un développement durable et économe de l’espace dans les documents d’urbanisme. Proscrire le mitage.
  • Respecter la hiérarchie des masses bâties et du clocher. Eviter les juxtapositions ou les vis-à-vis malencontreux pour les constructions ou les zones de développement.
  • Etre vigilant sur l’emplacement, les volumes et les couleurs des nouvelles habitations.
  • Veiller à l’impact paysager des bâtiments d’activité et des chais (volume, couleur, intégration, plantations).
  • Porter une attention et un accompagnement qualitatif à tous les développements bâtis en pied de coteau et le long de la RN 79 dans la vallée de la Petite Grosne.
 

Mettre en valeur les espaces publics et le petit Patrimoine

 

La qualité des ambiances villageoises participe à l’attractivité des paysages de la Côte. La mise en valeur des espaces publics des villages et à leur périphérie constitue un faire-valoir important pour la qualité du cadre de vie et la fréquentation touristique. Les espaces publics (rue, place, venelle, tour de village , bord de rivière…) sont des points stratégiques à valoriser pour conserver le cachet du bourg et sa convivialité. Les aménagements doivent faire preuve de simplicité pour assurer l’harmonie et le charme des villages et la tonalité rurale des lieux. Un certain nombre d’éléments de patrimoine (lavoirs, murets, puits, calvaires, clos, bâti…) ne doit pas être oublié.
Les entrées et les traversées des bourgs ou villages sont par endroit à améliorer pour valoriser le cadre de vie des habitants et parfaire l’image des villages. Il est important que la Transition de la route à la rue soit bien perceptible. L’aménagement de la rue doit prendre un caractère plus urbain ou villageois et abandonner le langage routier.

 

Pistes d’actions envisageables :

Aménager les entrées de bourg avec simplicité pour marquer la transition de la route à la rue en évitant les traitements routiers.
Utiliser l’arbre à bon escient pour structurer l’espace des entrées (alignement) ou des places (mail)
Mettre en valeur les places. Trouver un équilibre entre stationnement et convivialité des espaces publics.
Prévoir dans toute extension urbaine des espaces publics structurants de qualité.
Privilégier l’utilisation de matériaux locaux dans les aménagements. Conserver un vocabulaire simple mais de qualité, en accord avec la ruralité des lieux.
Valoriser les petits éléments de patrimoine (lavoir, muret, noue pavée, calvaire…).
Soigner les périphéries des villages : plantations, chemin de tour de village, abords du cimetière. Préserver un maillage de chemins en périphérie des villages.

 

Valoriser les lieux particuliers de la côte

 

La force des paysages de la Côte Mâconnaise s’illustre par certains lieux ou structures paysagères : le coteau viticole, l’enfilade des vallées sèches, les plissements aux crêtes forestières, les roches emblématiques, certains belvédères… Les majestueuses Roche de Solutré et Vergisson constituent un lieu incontournable avec une reconnaissance qui s’étend bien au-delà des limites du département. Le Mont-St-Romain à Blanot, offre de magnifiques panoramas très étendus. Les vallées sèches dans les plissements du relief mettent en scène des perspectives profondes remarquables animées par le graphisme des vignes et cadrées par les crêtes boisées. Entre les vallées de la Saône et de la Grosne, le belvédère en proue de St-Martin à Laives offre de large vues de part et d’autre. Le coteau étagé viticole sur la vallée de la Saône offre une Lisibilité du paysage.'>Ligne de force graphique au fil des saisons, véritable vitrine de la profession et du terroir. Tous ces lieux, et bien d’autres, méritent une attention particulière, une reconnaissance, une mise en valeur et peut-être une protection adaptée pour assurer la pérennité de leur qualité.

 

Pistes d’actions envisageables :

  • Réfléchir à l’accessibilité des monts, l’aménagement de belvédères, la gestion de la végétation, la maîtrise des vues depuis leur sommet.
  • Mettre en valeur les affleurements rocheux, conserver la visibilité de l’étagement du paysage. Mettre en valeur les anciennes carrières.
  • Mettre plus particulièrement en valeur avec des points de vue certains itinéraires dans les vallées sèches et les combes.
  • Respecter et mettre en valeur les châteaux et leur site d’implantation (vallée de la Petite Grosne).
 

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