Dynamiques et enjeux paysagers de la Montagne Autunoise

publié le 26 octobre 2018 (modifié le 2 avril 2019)

  DYNAMIQUES

Montagne Autunoise Carte d'Etat-major 1860 en grand format (nouvelle fenêtre)
Montagne Autunoise Carte d’Etat-major 1860


 

La carte d’Etat-Major montre une occupation forestière déjà importante sur les rebords du plateau d’Antully. Par contre la présence forestière est très faible sur les versants pentus de la vallée du Rançon (affluent du Mesvrin), mis en valeur par l’agriculture. La carte révèle également l’importance des prés humides (gris-bleu) dans les fonds de vallée mais également sur le plateau.

L’habitat reste très dispersé sous la forme de fermes isolées ou de petits hameaux éparpillés sur le plateau ou sur les pentes des vallées.

Montagne Autunoise photographie aérienne 1954 en grand format (nouvelle fenêtre)
Montagne Autunoise photographie aérienne 1954


 

La photographie aérienne de 1954 montre une permanence de l’occupation du sol par rapport à la carte d’Etat-major. Elle permet toutefois d’analyser le parcellaire agricole.
De grandes parcelles de prés humides apparaissent ainsi sur le plateau ou dans les vallées avec un maillage bocager moins dense. Ailleurs, les prairies bocagères dominent avec un parcellaire compris entre 1 et 2 ha en moyenne. Sur les replats et les meilleures terres, de petites parcelles de culture apparaissent, formant des bandes étroites de quelques ares.

Montagne Autunoise photographie aérienne 2017 en grand format (nouvelle fenêtre)
Montagne Autunoise photographie aérienne 2017


 

La photographie aérienne de 2017 montre une évolution de l’équilibre entre forêt et agriculture.

Le recul agricole et l’extension forestière sur les pentes

La disparition des cultures est très marquée sur les fortes pentes : les terres agricoles les plus pentues et enclavées ont été plantées ou ont naturellement été recolonisées par la forêt.

Les conifères marquent le paysage forestier

L’apparition des conifères modifie radicalement le paysage forestier sur le plateau d’Antully. De vastes parcelles sont ainsi enrésinées, introduisant des formes géométriques (ligne de plantation, lignes d’éclaircies, formes rectilignes des parcelles) jusque-là inconnues. Si seules les lisières sont perceptibles sur le plateau, toutes cette géométrie devient très visible lorsque les conifères sont implantés sur les versants.

L’agrandissement des parcelles agricoles

L’intensification agricole tend à découdre le bocage et à simplifier les perceptions. Le parcellaire s’est agrandi mais c’est surtout la trame bocagère qui a diminué : le maillage de haie s’est disloqué par endroits.

Un étalement urbain modéré

Le plateau d’Antully semble à l’écart des pressions urbaines mais les extensions bâties n’y sont pourtant pas négligeables : autour des hameaux et des villages, de nouvelles constructions s’égrainent ainsi le long des routes, semblant étirer les hameaux. Mais c’est surtout dans la vallée du Mesvrin que les évolutions urbaines sont importantes sous la pression de l’agglomération du Creusot.

  ENJEUX PAYSAGERS

Montagne Autunoise bloc diagramme enjeux paysagers en grand format (nouvelle fenêtre)
Montagne Autunoise bloc diagramme enjeux paysagers


 
 

Maintenir les ouvertures agricoles


 

Dans la Montagne Autunoise les évolutions passées ont montré globalement une fermeture du paysage par la forêt sauf sur le plateau d’Antully où domine la prairie bocagère. Dans les parties les plus boisées, très semblables au Morvan, chaque ouverture offre une respiration appréciable et prend une valeur importante. Situées sur des replats en hauteur ou sur les versants, parfois dans des vallons, ces clairières occupées par des prairies, apportent une tonalité lumineuse et permettent de retrouver des vues plus lointaines. Ceci est d’autant plus important qu’elles sont souvent habitées. Elles constituent alors un atout pour le cadre de vie. Le maintien de terres non boisées et d’une agriculture active constitue donc un enjeu important dans la perception de ce paysage de moyenne montagne. Il est également important d’y maitriser les développements bâtis des villages et des hameaux. L’éviction des micro-boisements permet également d’éviter de brouiller la perception de ces ouvertures.

Pistes d’actions envisageables :
- Pérenniser l’ouverture des prairies de montagne par l’agriculture. Préserver des groupes de pâtures de taille suffisante pour conserver un attrait pour les agriculteurs.
- Mettre en place une gestion alternative en l’absence de reprise agricole.
- Remettre en prairie des parcelles de conifères qui ont grignoté l’espace ouvert.
- Maîtriser le foncier aux endroits les plus sensibles (fort impact visuel, lieux stratégiques, abords de villages).
- Surveiller la progression des friches et des micro-boisements, vecteurs de fermeture du paysage.
- Limiter la descente des boisements vers le fond de vallée. Eviter toute plantation forestière sur les prés.
- Ouvrir des vues depuis les routes en balcon.
- Eviter le mitage par l’urbanisation au sein des clairières.
- Renouveler des arbres isolés qui animent les prairies. Préserver les haies autour des prés.


 
 

Maitriser l’évolution des versants forestiers et les lisières


 

La forêt et l’enrésinement se sont fortement développés à partir des années 60. Les versants forestiers sont très prégnants tant depuis l’extérieur de l’unité qu’à l’intérieur et notamment dans la vallée du Mesvrin. Ils constituent la toile de fond et la limite visuelle du paysage. Les ouvertures visuelles des clairières en belvédère, offrant un peu de recul, permettent de les percevoir. Leur gestion a donc un fort impact dans le paysage. Par endroits des plantations de résineux affirment des formes géométriques calées sur le parcellaire cadastral, artificialisant le paysage. Cela est renforcé par leur coloration sombre en toutes saisons et leur port dressé qui focalise le regard. La taille des parcelles doit également être prise en compte pour éviter l’effet de mitage ou d’uniformisation des versants. La souplesse des formes et la diversité des transitions entre peuplements, des lisières variées et entretenues, sont autant d’éléments qui permettent d’obtenir des versants harmonieux. Les problèmes s’estompent dès lors que le peuplement retrouve une diversité, soit par des parcelles mixtes feuillus et conifères, soit par une gestion jardinée. Le traitement des lisières doit être différencié afin qu’elles ne soient pas trop opaques ou monotones.

 

Pistes d’actions envisageables
- Planter et gérer en tenant compte des formes générales du paysage et du relief.
- Ne pas pratiquer les coupes de régénération sur des surfaces géométriques calées sur le parcellaire : privilégier des plages d’intervention plus larges que hautes dont les formes s’accordent mieux avec celles des versants.
- Limiter les coupes à blanc et les boisements mono-spécifiques. Privilégier les peuplements de feuillus et les peuplements mixtes sur les versants les plus exposés visuellement.
- Créer des secteurs de transition (peuplement mixtes, essences variées) en limite des parcelles résineuses afin d’en atténuer l’impact visuel.
- Raisonner le plan de régénération à une échelle suffisante. Eviter les trop petites parcelles qui créent un effet de mitage du versant.
- Eviter d’intervenir sur des surfaces trop importantes sur les versants en covisibilité.
- Maintenir des lisières forestières de qualité le long des chemins et des routes. Eviter de planter uniquement des conifères en lisière. Varier les essences et composer des lisières mixtes feuillus-conifères.
- Prévoir une gestion différenciée de la lisière : augmenter la fréquence de l’élagage et des éclaircies des premiers rangs.
- Gérer les abords des boisements pour éviter les friches qui gomment les limites franches
- Composer le paysage du versant, en conservant des ouvertures agricoles en alternance avec la forêt sur des points stratégiques : crête, abords de hameaux, cols…
- Mettre en place une réglementation des boisements.


 

Pérenniser le maillage bocager


 

Les prairies et leur maillage de haies bocagères participent grandement à la qualité paysagère des lieux, tant sur le plateau d’Antully où elles forment un vaste ensemble, qu’au sein des clairières ou sur les versants des vallées. Leur aspect graphique anime les clairières et les versants, et forme un premier plan de qualité le long des routes et des chemins. Mais certains secteurs voient la création de très grandes parcelles de prés, où arbres et haies ont tendance à disparaître au profit du fil barbelé. Les jeunes arbres sont par ailleurs rares dans les haies ou au milieu des parcelles. Les arbres isolés, majoritairement âgés, mériteraient d’être renouvelés. Une attention particulière est nécessaire pour le maintien du bocage qui contribue à la richesse et à l’attrait indéniable de ces paysages.

Pistes d’actions envisageables
- Remailler les prairies par des haies vives en cas d’ouverture trop importante.
- Planter des haies et des arbres le long des chemins ruraux qui se dénudent.
- Soigner l’entretien des haies.
- Inclure des arbres de haut jet dans les haies.
- Replanter des arbres isolés au sein des prairies.
- Conserver les haies dans les ruptures de pente pour éviter l’érosion.


 

Affirmer la présence de l’eau


 

L’eau, bien présente, s’affirme sous de multiples formes dans la Montagne Autunoise. Elle s’illustre à travers les rivières, les étangs ou les mares, les prairies humides qui constituent des atouts dans ce paysage et méritent d’être mis en valeur. L’ouverture visuelle des fonds de vallée (Mesvrin) permet de révéler la présence des cours d’eau (ligne arborée de la ripisylve, visibilité des méandres, le passage des ponts..). La présence de l’eau aux abords de l’urbanisation (lac de St-Sernin, le Mesvrin à Marmagne) donne l’occasion de créer des espaces publics de qualité. Tout un petit patrimoine lié à l’eau mérite d’être mis en valeur : biefs, rigoles, fontaines, lavoirs, ponts, étangs… L’entretien des cours d’eau, leur accessibilité, la mise en valeur des ponts en pierre, la gestion des fonds et des ripisylves participent à produire un paysage attractif. Cela vient également appuyer la démarche Trame verte et bleue des liaisons écologiques.

Pistes d’actions envisageables :
- Ouvrir les abords des cours d’eau pour les rendre visibles dans le paysage. Maintenir des espaces ouverts en prairie près des cours d’eau.
- Supprimer les microboisements en fond de vallée.
- Mettre en valeur les points de vue sur la vallée et sa rivière.
- Gérer la ripisylve qui signale le passage de l’eau.
- Donner accès au cours d’eau. Créer ou rouvrir des chemins. Retrouver des emprises publiques le long des cours d’eau dans ou à proximité des villages.
- Ouvrir les abords des ponts qui constituent des points de découverte privilégiés.
- Utiliser l’eau comme élément fondateur des espaces publics dans les villages.
- Restaurer le petit patrimoine lié à l’eau avec un vocabulaire simple.


 

Veiller à la qualité des bâtiments agricoles et de leurs abords


 

L’activité agricole de la Montagne Autunoise est dédiée à l’élevage. Cela implique dans le paysage la présence de hangars, accolés ou non aux fermes anciennes, ou en périphérie des villages. Les nouveaux bâtiments agricoles construits sont souvent en rupture avec les bâtiments anciens, en raison des mises aux normes ou de l’évolution des techniques. Leurs volumes, leurs matériaux ou leur couleur n’ont pas toujours fait l’objet d’une réflexion pour conserver une certaine harmonie avec leur situation et leur entourage. Leur localisation et leur qualité architecturale (volume, couleur…), ainsi que l’aménagement de leurs abords (plantations, chemin, transition avec les prés) peut participer à mieux inclure les nouveaux bâtiments dans le paysage.

Pistes d’actions envisageables :
- Eviter les implantations trop visibles : en crête, en entrée de village ou en bord de route.
- Soigner l’architecture des bâtiments (volumes, matériaux), fractionner les volumes.
- Privilégier des bâtiments de teinte sombre, plus discrets dans le paysage.
- Soigner l’entrée de la ferme. Planter des arbres isolés ou alignés le long du chemin d’entrée.
- Soigner l’insertion des plateformes des bâtiments en limitant la pente des talus de raccordement au terrain naturel.
- Planter aux abords des bâtiments pour faire une transition avec le paysage. Utiliser des essences locales adaptées au contexte.
- Installer les stockages dans des lieux discrets en arrière-plan.


 

Maitriser les extensions urbaines


 

La présence en périphérie de la Montagne Autunoise de centres urbains (Le Creusot, Autun) entraine une pression urbaine sur les communes proches de ces agglomérations notamment dans la vallée du Mesvrin et sur le plateau d’Antully. L’urbanisation constitue un élément d’évolution très visible, mais surtout irréversible. Des extensions bâties mal positionnées peuvent altérer la lisibilité de la silhouette du bourg. L’urbanisation linéaire et le mitage desservent la qualité des paysages. Les nouvelles constructions mises en façade le long des axes routiers ou en périphérie du village transforment la perception et l’identité des lieux. Il est donc important de réfléchir à la forme des groupes bâtis et à leur relation avec le relief, aux connexions avec le centre ancien ou encore le respect du site originel d’implantation du village.

 

Pistes d’actions envisageables :
- Prôner un développement durable et économe de l’espace dans les documents d’urbanisme.
- Préserver la silhouette groupée des villages.
- Mettre en place des limites pérennes à l’urbanisation.
- Maintenir des coupures non bâties entre les villages et les bourgs.
- Porter une attention particulière aux routes d’accès et aux entrées en évitant de les coloniser par une urbanisation linéaire.
- Renforcer le centre bourg plutôt que d’éparpiller des constructions le long des routes.
- Ne pas penser qu’au pavillon individuel comme seul modèle d’habitat, promouvoir les maisons de ville ou le petit collectif.

Mettre en valeur les centres des villages


 

Le maintien d’un centre bourg animé avec des espaces publics de qualité joue un grand rôle dans l’attractivité et l’image de la commune. L’entrée du bourg doit marquer le passage de la route à la rue et donner une image positive annonçant la qualité interne des lieux. Dans ces environnements ruraux, il est important que l’aménagement de ces espaces publics conserve une belle simplicité. Certains villages ou bourgs sont au contact ou à proximité de l’eau, tissant des liens à mettre en valeur. Des actions pour restaurer et redonner vie aux habitations anciennes délaissées, plutôt que de systématiquement construire en périphérie du bourg, seraient à réfléchir. La construction d’un nouvel équipement ou la rénovation d’une mairie est aussi l’occasion de reconsidérer l’organisation du village. L’enjeu est de préserver ce qui a une valeur et de trouver une nouvelle harmonie avec les aménagements envisagés.

Pistes d’actions envisageables :
- Prendre en compte les logiques d’implantation du bourg dans son site, valoriser les éléments qui donnent au bourg son côté unique.
- Révéler le site d’origine d’implantation des villages en fonction du relief ou de la présence de l’eau. Mettre en valeur les vues en belvédère au niveau des villages.
- Ouvrir la végétation pour révéler les silhouettes perchées des villages.
- Aménager les entrées pour marquer une transition vers le village.
- Préserver les murs de pierre sur le plateau d’Antully.
- Préserver le cachet des places. Révéler l’histoire et soigner la qualité des aménagements.
- Privilégier l’utilisation de matériaux locaux dans les aménagements et conserver une simplicité.
- Recomposer des espaces publics avec l’eau.
- Aménager des tours de villages attractifs en complément du centre ancien.
- Valoriser le patrimoine bâti dans toute sa diversité.
- Favoriser l’occupation des maisons anciennes délaissées. Redynamiser l’habitat en centre bourg.


 

Valoriser les routes, les chemins et les belvédères


 

Ce territoire offre une grande diversité de routes tant en fond de vallée qu’en balcon depuis les versants. Certains points de basculements vers la vallée de l’Arroux, vers le bassin minier ou encore vers le Charolais marquent des limites à percevoir. A l’intérieur des massifs, les couloirs des traversées forestières peuvent paraître monotones. La gestion des lisières forestières le long des routes doit chercher à éviter de constituer des murs végétaux trop opaques ou uniformes afin de conserver un paysage attractif. Sur les versants, quelques routes ou chemins en balcon offrent des vues en belvédère qui doivent être maintenus par une gestion suivie de la végétation arborée. La mise en valeur des chemins de randonnée ou de balade, ainsi que la remise en état des chemins d’exploitation forestière, constitue également un enjeu important. Les nombreux évènements qui animent les parcours méritent d’être entretenus et mis en valeur : affleurement rocheux, arbre remarquable, source, franchissement d’un cours d’eau, point de vue sur la vallée ou le village, traversée de vallée, aire d’arrêt, …

 

Pistes d’actions envisageables :
- Retrouver et maintenir des points de vue depuis les hauts. Maintenir quelques points de vue ouverts lors des coupes forestières.
- Soigner les itinéraires en balcon en dégageant ou en préservant les vues. Aménager des points d’arrêts.
- Eviter d’implanter les réseaux aériens du côté du point de vue.
- Gérer et moduler les lisières forestières le long des routes (transparence, variété, recul…).
- Maitriser la qualité des premiers plans le long des itinéraires.
- Soigner les abords des ponts (dégager la végétation, créer des aires d’arrêt).
- Dégager des points de vue sur l’eau.
- Mettre en valeur les petits évènements le long des parcours.
- Préserver et dégager des arbres remarquables en lisière.
- Valoriser les lieux emblématiques en belvédère (Rocher du Carnaval, Panorama de Dettey).
- Réfléchir à l’accessibilité des points de vue, à l’aménagement de belvédères, la gestion de la végétation, la maîtrise des vues depuis les sommets. Remettre à niveau certains aménagements vieillissants.