Dynamiques et enjeux paysagers de la Vallée de la Saône
DYNAMIQUES
La comparaison des cartes et photos aériennes permet de révéler les évolutions du paysage.
La carte d’État-major montre une occupation du sol calée sur la topographie : sur la terrasse les massifs boisés (vert) et les cultures (beige), puis les villages et hameaux en limite des secteurs inondables, enfin les pâtures dans les fonds inondables et les vallées.
Un contraste terrasse/val inondable très affirmé
La terrasse est mise en valeur par un parcellaire agricole en lanières où seuls quelques arbres isolés sont présents. De vastes massifs forestiers feuillus aux allées rectilignes forment les horizons.
Le val inondable est occupé par de grandes parcelles de prairies. L’ensemble forme un paysage très ouvert, sans arbre, mis à part quelques petits enclos proches du rebord de terrasse. Les bords de Saône eux-mêmes sont très peu arborés.
Dans la vallée de la Grosne, la présence arborée et également assez réduite avec seulement une fine Ripisylve et quelques haies.
Des villages-rues étirés
Les villages s’étirent le long de la RD en rebord de la terrasse dominant le val inondable. Plus à l’intérieur de la terrasse, les villages restent assez aérés, les maisons se répartissant le long des rues en maintenant de vastes espaces non bâtis.
La RD 906 est accompagnée d’un alignement d’arbres sur tout son linéaire qui souligne la présence de cette route dans le paysage.
La périurbanisation autour des agglomérations
On est ici au sud de Chalon-sur-Saône et la proximité de la ville se fait sentir. Le développement urbain est important aboutissant à une vaste conurbation le long de la RD 906. Les zones commerciales et d’activités composent désormais le paysage des entrées d’agglomérations. Dans ces paysages banalisés, la RD 906 a perdu son alignement d’arbres, qui aurait pu pourtant constituer ici une forme paysagère structurante.
Le tracé de l’autoroute accentue la vocation d’axe de communication de ce territoire. L’autoroute renforce aussi le cloisonnement du paysage par les infrastructures, le village de Sevrey se retrouve ainsi encadré par l’autoroute et la voie ferrée.
Les mutations agricoles
Le parcellaire a changé d’échelle. C’est particulièrement frappant sur la terrasse où les vastes parcelles de grandes cultures s’imposent. Dans le val inondable, les cultures ont également progressé occupant un tiers de la superficie. Le paysage reste majoritairement ouvert dans le val, mais la présence de l’arbre s’est renforcée avec des haies plus nombreuses et quelques peupleraies. La Saône a également retrouvé une ripisylve plus conséquente. Sur la terrasse, les massifs forestiers sont restés quasiment identiques.
ENJEUX PAYSAGERS
Maintenir la présence de l’arbre et du bocage

Pistes d’actions envisageables :
- Concilier le maintien de la trame arborée et l’évolution du parcellaire agricole.
- Entretenir et renouveler les haies. Reconstituer des réseaux de haies avec des continuités.
- Lancer des actions de replantation sur les secteurs qui se sont les plus ouverts.
- Mettre en valeur les chemins avec des plantations dans les espaces ouverts.
- Maintenir ou créer un réseau de chemins agricoles accessibles sans culs de sac, surtout en périphérie des villages.
- Positionner des arbres de haut jet au niveau des croisements.
- Renouveler les arbres isolés vieillissants. Replanter des arbres de haut jet pour l’avenir.
- Maintenir les ripisylves le long des petits cours d’eau.
- Evaluer l’impact visuel des peupleraies.
Valoriser les grands massifs forestiers
De grands massifs forestiers s’étendent sur les Terrasses Chalonnaises. La lisière périphérique de ces massifs forestiers marque une limite bien identifiable qui tranche avec les cultures, les prairies. Cette lisière franchie, le changement est radical, révélant un univers intime de sous-bois à découvrir. Des actions visant à rendre plus attractif et accessible ces lieux sont à envisager. La mise en valeur des chemins et des routes constitue alors d’autant plus un enjeu important. Les événements qui animent les parcours méritent d’être entretenus et mis en valeur : abords des étangs, arbres remarquables, point d’arrêt, carrefours… Il est important de travailler les lisières forestières par une politique de plantation et de gestion adéquate (conservation de beaux sujets, éclaircies des plantations, choix d’essence variées).
Pistes d’actions envisageables :
- Moduler les lisières pour apporter une diversité. Éviter une gestion homogène des lisières sur de longs linéaires. Varier les essences sur les premiers rangs.
- Éclaircir les premiers rangs pour favoriser la perméabilité visuelle des lisières.
- Préserver et dégager des arbres remarquables en lisière.
- Mettre en valeur les petits événements : croisement, arbres, clairière, étangs…
- Prévoir des aires d’arrêt et de détente dans de petites clairières.
- Mettre en valeur les carrefours, points d’accès et de repères. Dégager une clairière autour de quelques carrefours forestiers.
- Maintenir des arbres repères en bordure de parcelles ou au croisement des chemins.
- Maintenir une bande d’arbres non exploités entre la route et les vastes coupes.
- Soigner les chantiers d’exploitation (chemins, andains, stockage des grumes).
Mettre en valeur la présence de l’eau
Pistes d’actions envisageables :
- Ouvrir des vues sur l’eau depuis les routes.
- Gérer la ripisylve pour en faire un point de repère qui signale la présence de l’eau.
- Restaurer les ponts en conservant leur caractère. Soigner les abords des ponts (dégager la végétation, créer des aires d’arrêt).
- Créer des cheminements le long des rivières. Créer ou retrouver des accès à l’eau.
- Mettre en valeur les confluences.
- Maintenir les espaces de divagation du Doubs et ses paysages particuliers : grèves, falaise d’érosion, bras morts…
- Remettre le canal en contact avec le paysage environnant (gérer la végétation, effectuer des plantations d’alignement, dégager des vues depuis les ponts …) pour lui redonner un rôle principal dans le paysage.
- Relier le canal avec les villages proches.
- Privilégier des aménagements simples et de qualité pour les accès ou les stationnements, les haltes nautiques.
- Mettre en valeur la traversée de l’eau dans les villages, en faire un support de l’espace public.
- Valoriser les fronts urbains sur les rivières.
- Soigner les abords des ports et mettre en scène leurs activités.
Veiller à la qualité des bâtiments agricoles et de leurs abords
Pistes d’actions envisageables :
- Éviter les implantations trop visibles : en entrée de village ou en bord de route.
- Soigner l’architecture des bâtiments (volumes, matériaux), fractionner les volumes.
- Privilégier des bâtiments de teinte sombre, plus discrets dans le paysage.
- Soigner l’entrée de la ferme. Planter des arbres isolés ou alignés le long du chemin d’entrée.
- Planter aux abords des bâtiments pour faire une transition avec le paysage. Utiliser des essences locales adaptées au contexte.
- Installer les stockages dans des lieux discrets en arrière-plan.
Maitriser et recomposer les périphéries des grandes villes
Pistes d’actions envisageables :
- Aménager systématiquement les entrées de ville pour marquer la transition de la route à la rue. Créer de véritables boulevards urbains si nécessaire.
- Améliorer les abords des zones d’activités en façade sur la route. Qualifier et aménager les abords des zones de développement (zone commerciale, équipement, lotissement) le long des voies pénétrantes.
- Tirer parti de la présence de l’eau comme élément de composition urbaine fédérateur dans les futurs quartiers. Créer des liaisons (circulations douces, trames vertes) entre la Saône, la ville centre et le reste de l’agglomération.
- Limiter au maximum l’urbanisation des secteurs inondables. Prendre en compte les risques accrus d’inondation liés au changement climatique.
- Donner aux espaces agricoles une reconnaissance et une protection forte leur permettant de rivaliser avec la pression foncière urbaine.
- Éviter la fragmentation des espaces agricoles.
- Créer des parcs agricoles mêlant jardins familiaux, AMAP, verger et maraîchage.
- Raisonner à l’échelle de l’agglomération et non au cas par cas lors de projet d’urbanisation d’espaces agricoles.
- Créer des zones de transition entre les parcelles bâties et les terrains agricoles.
Maitriser les extensions urbaines des bourgs

Pistes d’actions envisageables :
- Prôner un développement durable et économe de l’espace dans les documents d’urbanisme.
- Préserver la silhouette groupée des villages.
- Mettre en place des limites pérennes à l’urbanisation.
- Maintenir des coupures non bâties entre les villages et les bourgs.
- Porter une attention particulière aux routes d’accès et aux entrées en évitant de les coloniser par une urbanisation linéaire. - Renforcer le centre bourg plutôt que d’éparpiller des constructions le long des routes.
- Anticiper la composition et la desserte des futurs quartiers. Créer de nouvelles rues et proscrire les voies en cul de sac.
- Ne pas penser qu’au pavillon individuel comme seul modèle d’habitat, promouvoir les maisons de ville ou le petit collectif.
Mettre en valeur les centres des bourgs
Pistes d’actions envisageables :
- Prendre en compte les logiques d’implantation du bourg dans son site, valoriser les éléments qui donnent au bourg son côté unique.
- Révéler le site d’origine d’implantation des villages en fonction du relief ou de la présence de l’eau. Mettre en valeur les vues en Belvédère au niveau des villages.
- Aménager les entrées pour marquer une transition vers le village.
- Préserver le cachet des places. Révéler l’histoire et soigner la qualité des aménagements.
- Privilégier l’utilisation de matériaux locaux dans les aménagements et conserver une simplicité.
- Recomposer des espaces publics avec l’eau.
- Aménager des tours de villages attractifs en complément du centre ancien.
- Valoriser le Patrimoine bâti dans toute sa diversité.
- Favoriser l’occupation des maisons anciennes délaissées. Redynamiser l’habitat en centre bourg.
Valoriser les routes et infrastructures
Pistes d’actions envisageables :
- Soigner le paysage perçu depuis les grands axes.
- Mettre en scène les itinéraires en fonction des séquences paysagères.
- Pérenniser et planter des alignements d’arbres sur des itinéraires choisis.
- Élaborer des plans de gestion des dépendances vertes et des alignements d’arbres.
- Aménager des aires d’arrêt attractives aux endroits clés du paysage.
- Aménager les entrées et les traversées de bourg.
- Maîtriser l’urbanisation limitrophe de la voie, en particulier autour des carrefours ou des échangeurs.
- Améliorer les abords des zones d’activités en façade sur la route. Limiter l’affichage publicitaire et les enseignes en entrée de bourg.
- Soigner l’aménagement des carrefours.
- Valoriser les événements jalonnant les parcours (pont, carrefour, point de vue).