Dynamiques et enjeux paysagers du Bassin Minier

publié le 26 novembre 2018 (modifié le 3 avril 2019)

  DYNAMIQUES

La comparaison des cartes et photos aériennes permet de révéler les évolutions du paysage.

Bassin Minier carte d'Etat-Major 1861 en grand format (nouvelle fenêtre)
Bassin Minier carte d’Etat-Major 1861


 

La carte d’Etat-major distingue plusieurs modes d’occupation du territoire : les bois (vert), les prairies humides (gris bleu) et les prés et champs (beige). Les infrastructures, canal (1791) et voie ferrée (1860) sont en place. On peut noter le petit raccordement ferroviaire entre le puits Mont-Maillot et la voie ferrée et le canal. De tels raccordements étaient fréquents entre les puits de mines ou les usines et la voie ferrée ou le canal.

Le territoire reste encore à dominante très rurale même si le développement de la sidérurgie au Creusot et des mines à Blanzy a commencé à transformer l’organisation du territoire. En 1856, est créée la commune de Montceau-les-Mines (1 300 habitants) sur des fractions de territoire enlevées aux communes voisines de Blanzy, Saint-Vallier, Saint-Berain-Sous-Sanvignes, Sanvignes.

Bassin Minier - photographie aérienne 1954 en grand format (nouvelle fenêtre)
Bassin Minier - photographie aérienne 1954


 

La photographie aérienne de 1954 révèle un territoire radicalement transformé. Parcellaire agricole et enclaves urbaines et industrielles sont extrêmement imbriquées, formant un paysage composite.

Un territoire industriel

L’extraction du charbon a modifié la topographie des sites, creusant des fosses et élevant des terrils de stériles. De nouvelles voies ferrées, reliant les puits de mines à la voie ferrée, ont été créées.
Le long du canal, la route départementale 974 a été construite sur la digue du canal, dans les années 1930.

Une explosion urbaine

Mais le plus marquant est l’explosion urbaine sur tout le territoire. Au nord-ouest, Montceau-les-Mines est devenue une ville de 28 000 habitants, dont les cités ouvrières s’étalent largement autour du cœur minier. De vastes cités minières sont également apparues à proximité de puits de mines isolés dans la campagne : cité des Essarts (1906), cité des Baudras (1913), cité des Gautherets (1921)…
A St-Vallier, le développement a pris une autre forme, avec une urbanisation linéaire le long des routes rayonnant vers le village.

Un cadre agricole

Autour du bassin minier, la photo aérienne révèle un petit parcellaire agricole de toutes formes, s’adaptant au relief collinaire. Les prairies dominent, entourées de haies étroites, ponctuées d’arbres isolés. Les parcelles de cultures sont de petites tailles, imbriquées dans les prairies.

Bassin Minier - photographie aérienne 2016 en grand format (nouvelle fenêtre)
Bassin Minier - photographie aérienne 2016


 

En 2016, plusieurs évolutions marquent le paysage :

La reconversion minière

L’extraction minière s’est progressivement réduite (en 1992 : Arrêt de l’exploitation souterraine, l’exploitation continue à ciel ouvert) puis définitivement arrêtée en 2000. Les mines ont laissé des terrains dont la reconversion n’est pas toujours aisée. L’exploitation passée du sous-sol crée toutefois un risque potentiel important (tassement, affaissement, glissement de terrain ou même effondrement) qui compromet certains usages des terrains.
Certaines emprises ont retrouvé une vocation agricole. Les fosses se sont naturellement remplies d’eau avec l’arrêt du pompage créant de petits lacs dont certains accueillent des activités de loisir. Les voies ferrées minières ont été démontées, laissant quelques emprises désaffectées. Les stériles forment aujourd’hui des emprises boisées dont les reliefs aplatis sont relativement discrets.

Une dynamique urbaine ralentie

Malgré le déclin industriel et minier, les villes et les bourgs ont poursuivi leur étalement pendant un temps. La route express qui relie Montceau-les-Mines au Creusot à et Chalon a été réalisée en 1960. Les secteurs d’habitat ont prospéré à Montceau, mais également à St-Vallier (avec une urbanisation quasi continue le long des routes) ou à Sanvignes. Des zones d’activités artisanales ou commerciales sont apparues aux entrées de villes.
Le déclin industriel a toutefois entrainé un déclin démographique affirmé dans les villes (Montceau-les-Mines 18 700 hab en 2015) mais compensé en partie par une périurbanisation des communes limitrophes. Le tissu urbain a fait l’objet de reprises, notamment des démolitions ou arasement de cités minières ont eu lieu.

Un parcellaire agricole fragmenté

Entre urbanisation, infrastructures de transport et anciennes emprises minières, l’espace agricole apparaît aujourd’hui fragilisé, tellement il est fragmenté et enclavé.
Sur la périphérie du Bassin minier, on retrouve toutefois une évolution plus classique des espaces agricoles avec un agrandissement parcellaire et une réduction des linéaires de haies.

  ENJEUX PAYSAGERS

Bassin Minier bloc diagramme enjeux paysagers en grand format (nouvelle fenêtre)
Bassin Minier bloc diagramme enjeux paysagers


 
 

Valoriser la présence de l’eau comme élément structurant


 

Autour de la Dheune, de la Bourbince et de leurs affluents, l’eau se décline sous des formes plus maitrisées par l’homme, tel le Canal du Centre, les réservoirs de régulation ou d’alimentation, de nombreux étangs, mais aussi d’anciens sites miniers comblés par l’eau. Dans ce paysage cloisonné, oscillant entre urbain et rural, le parcours de l’eau constitue un formidable support de découverte et de valorisation du Bassin Minier. Le canal ouvre de longues perspectives mettant en valeur la rigueur technique de son tracé et un vocabulaire spécifique : berges, écluses, port, pont, chemin de halage. Cette richesse paysagère liée à l’eau implique une mise en valeur réfléchie à l’échelle du grand paysage : gestion de la végétation arborée, visibilité du tracé, continuité des accès à travers les séquences urbaines, agricoles ou forestières, gestion des abords des ponts… La mise en valeur de l’eau dans la composition urbaine et les espaces publics constitue un fort enjeu. Le passage de l’eau serait par exemple à valoriser par des voies de communication douces, pour recentrer des secteurs de développement ou des quartiers existants. Cela participerait aussi à retisser des liens et une cohérence au sein de ce territoire fragmenté.

 

Pistes d’actions envisageables :
- Remettre le canal en contact avec le paysage environnant (gérer la végétation, effectuer des plantations d’alignement, dégager des vues depuis les ponts …). Soigner les accroches du canal dans les bourgs. Mettre en valeur les ponts et les ouvrages.
- Organiser les espaces publics et les nouvelles constructions en tenant compte du passage de l’eau.
- Créer un réseau de circulations douces en lien avec l’eau. Améliorer l’aménagement des abords des voies existantes longeant l’eau.
- Valoriser les abords des étangs pour le public (promenade, accès aux berges…).
- Mettre en valeur l’eau lors des traversées par les axes routiers.
- Révéler les confluences entre les différents cours d’eau.
- Ouvrir la végétation aux abords des cours d’eau. Gérer les ripisylves.
- Conserver des espaces ouverts en prairie le long des cours d’eau.
- Utiliser la politique Trame verte et bleue pour mettre en valeur l’eau et ses abords.


 

Mettre en valeur le patrimoine industriel


 

Le développement industriel et minier a créé un paysage singulier dont l’identité se cherche aujourd’hui avec de forts contrastes et des confrontations étonnantes. Il y a néanmoins un héritage historique intéressant à considérer et à mettre en valeur. Cette histoire constitue un atout indéniable de valorisation du territoire. Certaines actions d’aménagements ont déjà eu lieu ou sont en cours : implantation de zone artisanale, musée, parc éco-industriel, réemploi de halles. Les cités ouvrières, même si elles sont déconnectées des centres anciens, offrent un exemple intéressant de développement urbain qui n’a rien à envier aux lotissements actuels. Le choix de la conservation ou non des zones d’exploitations et des symboles qui en découlent (bâtiments, carreau) a également une certaine importance. Une planification globale à l’échelle du Bassin Minier revêt ici une grande importance pour retrouver une cohésion territoriale.

 

Pistes d’actions envisageables :
- Entretenir et rénover les cités ouvrières en encourageant la réhabilitation du parc de logements et en développant une réflexion sur le devenir et le statut des espaces publics.
- Reconnecter les anciens sites miniers avec le bourg, la route, le cours d’eau.
- Créer des communications visuelles et physiques (circulations douces) entre les différents sites valorisés.
- Solliciter de nouveaux projets sur les emprises délaissées.
- Etudier l’implantation d’équipements publics à l’emplacement des anciennes usines.
- Conserver des symboles de l’exploitation minière, comme repères monumentaux de l’armature paysagère et urbaine.
- Protéger et valoriser les bâtiments industriels patrimoniaux.
- Mettre en valeur et gérer les anciens sites miniers en eau.
- Requalifier les abords des anciennes emprises industrielles.


 

Mettre en valeur les espaces publics


 

L’étalement urbain entraine un besoin d’espaces publics pour les habitants. La qualité des espaces publics conditionne fortement l’image des communes et la qualité de vie dans le Bassin Minier. Elle participe grandement au renouveau des lieux. Dans ces conurbations les espaces publics sont un moyen de structurer l’espace et de donner des points de repères (place centrale, esplanade, avenues, rues, passages, parc…). Les espaces publics sont aussi le moyen de relier les opérations d’urbanisation à leur entourage. La présence de l’eau peut être une opportunité pour structurer les espaces publics et leur donner un sens. De nombreux lieux le long du canal mériteraient d’être qualifiés et reliés aux quartiers alentours.

 

Pistes d’actions envisageables :
- Mettre en valeur les places. Trouver un équilibre entre stationnement et convivialité des espaces publics.
- Trouver un vocabulaire simple mais de qualité pour les aménagements des espaces publics.
- Utiliser l’arbre à bon escient pour structurer l’espace des entrées (alignement) ou des places (mail).
- Prévoir dans toute extension urbaine des espaces publics structurants en lien avec le centre bourg.
- Acquérir, le cas échéant, des « dents creuses » aux endroits stratégiques pour accueillir des espaces publics.
- Créer des liaisons, supports d’espaces publics, entre les différents quartiers nouvellement construits ou plus anciens. Donner une place aux circulations douces.
- Valoriser les abords des cours d’eau.


 

Maîtriser et recomposer l’urbanisation


 

L’urbanisation s’est développée au fil du temps autour des mines et des usines. Puis la déprise industrielle a créé des mutations et des vides importants produisant un nouveau « paysage ». Si les principales villes ont connu depuis une dévitalisation, les bourgs périphériques continuent de s’étendre. Aujourd’hui, l’enjeu est de limiter l’étalement urbain et de recomposer l’existant pour atténuer le fractionnement du territoire. Les opérations urbaines devraient contribuer à retisser des liens dans ces quartiers urbains morcelés et leurs franges (création de liaisons, hiérarchies des voies, requalification des lotissements…). Conserver des espaces ouverts de détente ou agricoles permet également d’offrir des respirations appréciables. Il reste important pour les habitants de pouvoir bénéficier d’espaces de proximité directement accessibles.
Les nouvelles activités commerciales et industrielles qui s’implantent le long des grands axes et des entrées de villes nécessitent une grande attention afin de veiller à leur qualité architecturale ainsi qu’à l’aménagement de leurs abords (clôture, stationnement, aire de stockage…).

Pistes d’actions envisageables :
- Prôner un développement durable et économe de l’espace dans les documents d’urbanisme.
- Se développer autrement que par l’étalement urbain.
- Valoriser les abords des cours d’eau au contact de l’urbanisation.
- Qualifier et aménager les abords des zones de développement (zone commerciale, équipement, lotissement).
- Accompagner les zones d’activités ou les sites industriels par un projet paysager de qualité. Imposer un plan de composition et un cahier des charges architectural et paysager. Maîtriser la publicité et les enseignes.
- Soigner l’architecture des bâtiments (volumes, matériaux). Privilégier des bâtiments de teinte sombre, plus discrets dans le paysage.
- Soigner les limites des zones d’activité. Disposer les aires de stockage et les parkings en retrait des vues. Planter aux abords des bâtiments pour faire une transition avec le paysage.
- Créer des liaisons entre les différents quartiers nouvellement construits et ceux plus anciens.
- Créer des parcs agricoles mêlant jardins familiaux, AMAP, verger et maraîchage.
- Raisonner à l’échelle du Bassin Minier et non au cas par cas lors de projet d’urbanisation d’espaces agricoles. Eviter l’enclavement des espaces agricoles.
- Offrir un réseau de promenades et de déplacements doux entre les différents espaces du Bassin Minier.


 

Préserver le bocage et veiller à la qualité des bâtiments agricoles


 

De nombreuses parcelles agricoles s’intercalent avec l’urbanisation et la bordent. La taille des parcelles a évolué vers un agrandissement au cours des dernières décennies. Le bocage joue un rôle paysager à ne pas négliger. Cette végétation anime le paysage, crée des jalons et des points de repères. Le maintien d’une diversité paysagère passe par la conservation et le renouvellement des arbres isolés, des haies bocagères et des ripisylves, qui modulent l’échelle du paysage et participent à son attrait. Les abords des chemins peuvent être également le support de cette végétation et concilier desserte agricole et découverte du paysage. Leur aménagement est à coordonner avec la démarche Trame Verte /Trame Bleue.
D’autre part l’activité d’élevage implique dans le paysage la présence de hangars, accolés ou non aux fermes anciennes, ou en périphérie des villages. Les nouveaux bâtiments agricoles construits sont souvent en rupture avec les bâtiments anciens, en raison des mises aux normes ou de l’évolution des techniques. Leur localisation et leur qualité architecturale (volume, couleur…), ainsi que l’aménagement de leurs abords (plantations, chemin, transition avec les prés) peut participer à mieux inclure les nouveaux bâtiments dans le paysage.

Pistes d’actions envisageables :
- Eviter l’enclavement des espaces agricoles.
- Conserver des ouvertures agricoles pour éviter la trop grande fermeture du paysage.
- Donner aux espaces agricoles une reconnaissance et une protection forte.
- Remailler les prairies par des haies vives en cas d’ouverture trop importante.
- Planter des haies et des arbres le long des chemins ruraux qui se dénudent.
- Soigner l’entretien des haies.
- Inclure des arbres de haut jet dans les haies.
- Replanter des arbres isolés au sein des prairies.
- Eviter les implantations de hangars trop visibles : en crête, en entrée de village ou en bord de route.
- Soigner l’architecture des bâtiments (volumes, matériaux), fractionner les volumes.
- Privilégier des bâtiments de teinte sombre, plus discrets dans le paysage.
- Planter aux abords des bâtiments pour faire une transition avec le paysage. Utiliser des essences locales adaptées au contexte.
- Installer les stockages dans des lieux discrets en arrière-plan.


 
 

Qualifier les grands axes et affirmer les entrées de ville


 

Le Bassin Minier présente un fort maillage de voies importantes qui compartimente l’espace, reliées à de grandes pénétrantes vers les villes. D’autre part, l’urbanisation a progressé le long des routes secondaires. L’aménagement de ces voies mérite une attention pour mieux les insérer dans les lieux qu’elles traversent, marquer les transitions urbaines ou au contraire affirmer l’entrée de ville, par une transition de la route à la rue. Pour cela il est nécessaire d’éviter les langages routiers stéréotypés (voies rapides, routes en milieu urbain) au profit d’aménagements à caractère plus urbains (boulevard urbain).
La prise en compte de la perception du paysage depuis la voie et réciproquement de la perception de la voie dans le paysage sont également importants. Il est essentiel de maîtriser la qualité les abords de la voie, souvent sollicités par un développement urbain. Les abords des voies et leur gestion conditionnent les vues et constituent donc un enjeu important.

Pistes d’actions envisageables :
- Mettre en valeur le paysage perçu depuis les grands axes et à l’échelle du déplacement rapide. Donner à voir le passé industriel.
- Mettre en scène les itinéraires en fonction des séquences paysagères.
- Valoriser les événements jalonnant les parcours (pont, carrefour, point de vue).
- Pérenniser et planter des alignements d’arbres sur des itinéraires choisis.
- Élaborer des plans de gestion des dépendances vertes et des alignements d’arbres.
- Aménager les entrées et les traversées de bourg.
- Maîtriser l’urbanisation limitrophe de la voie, en particulier autour des carrefours ou des échangeurs.
- Améliorer les abords des zones d’activités en façade sur la route.
- Aménager les abords de la voie pour redonner une unité à une urbanisation parfois disparate.
- Soigner l’aménagement des carrefours.