LEXIQUE ET BIBLIOGRAPHIE
 

Les mots du paysage

publié le 4 janvier 2017

Comprendre les concepts du paysage

  Aire de covisibilité

Une aire de covisibilité est une portion de paysage que le regard peut découvrir dans son ensemble depuis plusieurs points répartis de part et d’autre de l’aire.
La présence d’une telle aire permet de lire et de comprendre aisément l’organisation du paysage, ce qui donne souvent une grande force au paysage ainsi perçu. Mais elle implique aussi la nécessité d’une vigilance accrue, car le paysage étant vu depuis plusieurs endroits de façon globale, il devient très sensible à tout changement d’affectation du sol (culture, boisement, construction), ou à toute modification dans la gestion du territoire.

  Belvédère

(De l’italien belvedere, composé de bello, « beau », et vedere, « voir » signifiant bellevue).
1. construction ou terrasse bâtie au sommet d’un édifice ou sur une éminence d’où la vue porte au loin.
2. Emplacement naturel ou aménagé en terrasse, en plate-forme, d’où l’on découvre un vaste paysage. Source : dictionnaire académique Français

  Covisibilité

Littéralement « Voir ensemble ». De manière générale, la covisibilité désigne le fait que deux éléments (bâtiment, élément de paysage…) sont mis en relation par un même regard : l’un étant visible à partir de l’autre, ou les deux pouvant être embrassés par un même regard.

  Echelle

Pour évaluer la dimension d’un paysage, le cerveau se réfère à des éléments qu’il connaît bien. Ainsi les habitations, les arbres et l’emprise de ce chemin de halage permettront de reconnaître que cette vallée est de modeste dimension. L’estimation de « l’échelle d’un paysage » est importante, car elle permet ensuite de proposer des équipements qui ne doivent être ni démesurés ni mesquins. Le respect du rapport d’échelle entre éléments d’un paysage est une condition de son bon « équilibre visuel ». Source : « Rivières et paysages » Marie-France Dupuis-Tate et Bernard Fischesser

  Elément de paysage

Elément simple du paysage participant à la composition et à l’identité des paysages. Les composantes peuvent être de nature agricole (le verger, l’arbre isolé, la rangée de fruitiers…), bâtie (le clocher, le mur de pierre, la place, l’entrée…), hydraulique (le ruisseau, le canal…), forestière (le petit bois, la coupe…) ou liées aux circulations (la route en belvédère, la piste forestière, le sentier…).

  Ligne de force

Elément prépondérant qui a une échelle suffisante pour marquer le paysage, être identifiable visuellement, donc reconnu. Il peut ainsi s’agir d’un coteau, d’un front boisé, d’un fleuve ou d’une infrastructure importante… Les lignes de force du paysage conduisent le regard, ces lignes sont les premières que nous suivons des yeux quand nous regardons un paysage. Les repérer est important car elles structurent la perception du paysage et doivent être prise en compte dans tout projet d’aménagement du territoire, afin de ne pas les contrarier mais, au contraire, de se caler sur elles et de renforcer ainsi la lisibilité du paysage.

  Lisibilité

Pouvoir appréhender facilement l’organisation d’un paysage permet d’en garder une image forte et plaisante. Et cela tient tout à la fois à l’existence de points de repère qui permettent de bien s’y situer à tout moment, au regroupement en un nombre limité d’ensembles d’éléments visuels par effet de ressemblance (alignement d’arbres, regroupement d’habitations de couleurs et de formes similaires, types de cultures …) et, mais cela est plus subtil, d’une relation logique entre l’organisation perçue de ce paysage et son contexte naturel et social.
Ce concept de lisibilité qui, finalement, traduit un certain sentiment de confort visuel chez l’observateur d’un paysage peut être un guide précieux pour le paysagiste qui souhaite affirmer « l’identité » d’un paysage et la cohérence de ses ambiances. Source : « Rivières et paysages » Marie-France Dupuis-Tate et Bernard Fischesser

  Mitage

Eparpillement anarchique des constructions. Source : Le Petit Robert
Evoque les trous aléatoires provoqués par les mites dans un tissu (racine indo-européenne « mai », idée de ronger, couper en très petits morceaux). Source : « les mots de la géographie » Roger Brunet
Mitage du territoire : par analogie, évoque la consommation de l’espace et la dégradation du « tissu » agricole, forestier, naturel ou urbain.
Mitage bâti ou urbain : éparpillement de constructions dans un territoire rural, sans recherche d’une cohérence de développement du bourg ou du hameau proche. Ce mode d’extension s’effectue aux dépens du territoire agricole et il entraîne souvent une banalisation des paysages.
Mitage forestier : La présence de nombreux micro-boisements (ou boisements en “timbre-poste”) peut entraîner, au même titre que les constructions, un mitage du territoire agricole. Ils ont tendance à fragmenter le paysage et à amoindrir sa lisibilité ainsi que sa cohérence. Cela complique aussi la gestion des terres adjacentes à ces boisements. On peut également parler de mitage forestier lorsque le couvert forestier apparaît mité par la juxtaposition de petites coupes à blanc.

  Panorama

Du grec : qui montre tout (de Pan, tout et horama, vue) ; désigne une vue circulaire. Source « les mots de la géographie » Roger Brunet
Patrimoine
Ce qui est considéré comme un bien propre, une richesse. Ce qui est considéré comme l’héritage commun d’un groupe » (source : Larousse, 2013). Les paysages patrimoniaux, sont les parties de territoire possédant une grande valeur, de par leurs qualités propres ou par les représentations, historiques, culturelles, sociales, qui leur sont attachées.

  Paysage

« Partie du territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et ou humains et de leurs interrelations. Le paysage participe de manière importante à l’intérêt général, sur les plans culturel, écologique, environnemental et social,(…) il constitue une ressource favorable à l’activité économique, dont une protection, une gestion, et un aménagement appropriés peuvent contribuer à la création d’emploi.
(…)Le paysage concourt à l’élaboration des cultures locales(…) il représente une composante fondamentale du patrimoine culturel et naturel de l’Europe, contribuant à l’épanouissement des êtres humains et à la consolidation de l’identité européenne.(…) Le paysage est partout un élément important de la qualité de vie des populations : dans les milieux urbains et dans les campagnes, dans les territoires dégradés comme dans ceux de grande qualité, dans les espaces remarquables comme dans ceux du quotidien. » Source : Convention européenne du paysage
Le paysage est le visage d’un pays. PAYS, du latin pagus : contrée. Le terme correspondra successivement à la seigneurie médiévale puis à l’arrondissement républicain, pour tendre aujourd’hui vers l’idée de bassin de vie. Le paysage est tout d’abord un genre artistique, apparu à la Renaissance : « la vue de paysage ». C’est, en 1690, « l’aspect d’un pays, le territoire jusqu’où la vue peut porter ». Trois siècles plus tard, le mot exprime toujours la perception qu’a l’homme de son espace de vie.
Étym. : ce que l’on voit du pays, d’après le mot italien paesaggio, apparu à propos de peinture pendant la Renaissance ; ce que l’œil embrasse… d’un seul coup d’œil, le champ du regard. Le paysage est donc une apparence et une représentation : un arrangement d’objets visibles perçu par un sujet à travers ses propres filtres, ses propres humeurs, ses propres fins (…). Il n’est de paysage que perçu. Certains de ses éléments n’ont pas attendu l’humanité pour exister ; mais s’ils composent un paysage, c’est à la condition qu’on les regarde. » Source : « Les mots de la géographie » Roger Brunet

  Perception

Action de percevoir par les organes des sens. Idée, compréhension plus ou moins nette de quelque chose. Source : Larousse, 2013

  Prégnance

Qualité de ce qui est prégnant. Qui s’impose à l’esprit, qui produit une forte impression, qui s’impose fortement » (Source : Larousse, 2013). En matière de paysage, est prégnant un élément s’imposant fortement aux autres éléments de paysage en place, de nature à perturber leur lisibilité ou à les concurrencer.

  Ripisylve

(Du latin ripa, « rive » et silva, « forêt ») Formation végétale composée d’arbres et d’arbustes installée sur les rives d’un cours d’eau.

  Rupture

Limite réduite formant une frontière brusque entre deux unités paysagères. Passage soudain d’une unité paysagère à une autre.

  Unité paysagère

A une échelle d’analyse donnée, portion d’un territoire présentant des caractéristiques paysagères distinctes découlant de la perception, de l’organisation et de l’évolution des éléments suivants : morphologie, relief, occupation des sols, organisation du bâti, nature et qualité des horizons, organisation du réseau hydrographique, … etc. Celles-ci l’identifient et le différencient des unités paysagères contiguës.
A l’intérieur d’une unité, des territoires hétérogènes peuvent être réunis, tant qu’ils respectent les caractéristiques principales de l’unité.
Cette portion d’un territoire distinct correspond à un premier niveau de subdivision d’un territoire d’étude.
« Les unités paysagères sont définies comme des paysages portés par des espaces dont l’ensemble des caractères de relief, d’hydrographie, d’occupation du sol, de formes d’habitat et de végétation présentent une homogénéité d’aspect. Elles se distinguent des unités voisines par une différence de présence, d’organisation ou de forme de ces caractères » Source : Méthode d’inventaire des paysages, Ministère de l’Equipement.
« Une unité paysagère est un ensemble d’éléments physiques et naturels homogènes, avec des caractéristiques propres, une organisation spatiale spécifique et son ambiance, qui se distingue d’un espace voisin. » Source : La charte paysagère, Mairie-conseil et la Fédération des parcs naturels régionaux de France

  Sous-unité paysagère

Sous-division d’une unité paysagère, présentant des caractéristiques paysagères propres qui l’individualisent au sein d’un ensemble reconnu, constitué par l’unité paysagère.

  Transition

Portion de territoire mettant en relation plusieurs unités paysagères. Une transition, à une échelle donnée, est caractérisée par une modification progressive des caractéristiques des deux unités paysagères, au fur et à mesure que l’on progresse de l’une vers l’autre