Repères géographiques de la Vallée de l’Arroux
RELIEF ET EAU
Entre Igornay et Digoin, l’Arroux parcourt 130 km en Saône-et-Loire, sculptant une vallée aux profils très variés du nord au sud.
Au nord la Plaine d’Autun
Au nord, la vallée de l’Arroux forme une vaste plaine entre le massif du Morvan et la Montagne Autunoise qui dominent le fond de vallée d’environ 200 m. Dans cette dépression large d’une dizaine de kilomètres, les altitudes varient autour de 300 m. Au cœur de la Plaine d’Autun, les silhouettes des deux terrils des Télots forment deux cônes dominant la plaine d’une centaine de mètres de hauteur chacun, qui témoignent de l’exploitation des schistes bitumineux de 1824 à 1958 pour la production d’huile de schiste.
Les principaux affluents de l’Arroux proviennent de la rive gauche (la Lacanche, la Drée) tandis que le chevelu hydrographique en rive droite est très dense (le Ternin, la Celle, le Méchet). Le Ternin, la Celle et le Méchet traversent la Plaine d’Autun, suivant des chemins parallèles avant de rejoindre l’Arroux. Les trois affluents, qui avaient sculpté des reliefs profonds dans le Morvan, perdent leurs vallées en pénétrant dans la plaine où ils génèrent de nombreux fonds humides.
Au centre, une vallée au milieu de hautes collines
Entre Laizy et Toulon-sur-Arroux, le val d’Arroux traverse des granites et change de profil. La vallée garde une certaine ampleur tout en alternant des sections larges et des resserrements. Les versants forment un piedmont ondulé où quelques reliefs s’élèvent parfois au-dessus des 400 m (Montagne de la justice, montagne de Charbonnat, Montagne du Mont…). L’Arroux reçoit les eaux du Mesvrin et de la Braconne, dont la vallée semble constituer la continuité de la vallée de l’Arroux au nord. Le fond de vallée présente un relief doucement ondulé. A partir de Charbonnat, l’Arroux change de direction et file plein sud, traversant une faille par une vallée encaissée et boisée, d’où il émerge au nord de Toulon-sur-Arroux.
Au sud, une vallée linéaire entre Bourbonnais et Charolais
A partir de Toulon-sur-Arroux, la basse vallée de l’Arroux, après avoir franchi une faille, s’épanouit dans les terrains houillers du bassin de Blanzy puis les sables du Bourbonnais, avant de se jeter dans la Loire à Digoin. L’Arroux forme une vallée large de 2 km, à fond plat avec des versants généralement arrondis, dominant le fond de vallée de 50 à 80 m, entaillés par de nombreux vallons qui créent des promontoires. L’Arroux reçoit de nombreux ruisseaux, et au nord de Digoin conflue avec la Bourbince.
La rigole de l’Arroux : un étroit chemin d’eau
La rigole de l’Arroux relie Gueugnon au canal du Centre par un chenal de 13 Km. Creusée à l’origine pour acheminer du bois, charbons, tuiles, acier à l’industrie Campionnet de Gueugnon, c’est aujourd’hui un axe qui n’est plus utilisé. Outre ses deux écluses, elle possède un ouvrage remarquable : un pont-canal au-dessus de la Bourbince, peu avant son débouché dans le canal du Centre.
ROCHE ET SOL
La vallée de l’Arroux prend sa source, au sens strict, en Côte-d’Or vers l’Auxois. En Saône-et-Loire, elle traverse plusieurs secteurs géologiques. Tous ont en commun de générer un relief de collines et des sols herbagers. Cette vallée traverse donc la plupart des paysages de bocage qui couvrent l’ouest du département.
Les roches apparaissent très colorées sur la carte géologique car leur époque de formation balaye toute l’histoire géologique. L’Arroux traverse d’abord la plaine d’Autun avec ses collines bocagères ondulant sur les sédiments carbonifères de l’ère primaire. Ces schistes très anciens se sont accumulés sous les pieds de la grande forêt carbonifère, en périphérie de la vieille montagne hercynienne. C’est à cette forêt que l’on doit la plupart des gisements de charbon, de pétrole et de gaz sur notre continent. A partir du XVIIIe s, l’activité minière, puis les forges prennent une importance qui explosera au XIXe s. À la fin du XXe siècle, se développe également une activité de nettoyage des minerais en particulier d’uranium.
Ces collines basses du bassin d’Autun s’étirent sur 30 km, oscillant entre 290 et 460 mètres. La roche dominante est très ancienne, sédimentaire mais elle est cependant suffisamment dure à l’érosion pour générer des « dorsales » boisées qui dominent la plaine, tandis que leurs pentes fortes sont également boisées. Cette roche est entaillée par les rivières qui descendent du Morvan, grignotant les flancs des nouveaux reliefs issus des chocs tertiaires qui ont remonté les blocs du Morvan et du plateau d’Antully, affaissé la plaine d’Autun. A l’articulation de l’ère tertiaire et quaternaire, ces rivières ont été puissantes. Elles ont rechargé le flanc de leurs vallons de larges et épaisses terrasses hautes qui adoucissent aujourd’hui le relief.
De Laizy à Toulon-sur-Arroux, les pentes s’affirment, tout en restant bocagères. La vallée se faufile entre d’imposantes collines granitiques dont les crêtes seules sont boisées.
De Toulon à Gueugnon, elle s’étale à nouveau dans un deuxième bloc de sédiments de l’ère primaire, qui peuvent être localement acides ou calcaires, dans le sous-sol desquels se développera une activité minière à partir du XVIIIe siècle.
À l’approche de la Loire enfin, elle serpente entre des plateaux de dépôts pliocènes, à la fin de l’ère tertiaire.
Mais c’est la rivière elle-même, qui a pour partie remanié ses propres matériaux. Elle a arraché des sables et des argiles dans sa partie amont, pour les repousser quelques dizaines de kilomètres plus bas en aval ; ce matériau issu du Morvan tout proche, garde une composition assez proche des granites et des tufs volcaniques d’origine.
Les sables acides les plus récents de l’époque tertiaire ont ainsi un air de famille avec les schistes et argiles très anciens du bassin d’Autun. Leurs sables et argiles proviennent toujours des granites et des tufs du Morvan, aussi bien ceux qui ont été redéposés en auréole avant les grands chocs du tertiaire, que ceux qui ont été déposés juste après comme les plateaux pliocènes à proximité de la Loire. Ces collines font ainsi partie d’une grande famille de paysages disposés en auréole tout autour du vieux massif central, et en périphérie des Limagnes. La logique de la décantation fait que les matériaux sont toujours plus caillouteux au pied de l’ancien massif et deviennent de plus en plus fins, à mesure que l’on s’en éloigne.
Tout au long de la vallée, les sols des collines sont acides, sableux, assez séchants, souvent caillouteux. Les sols sont plus caillouteux à proximité du Morvan, sablo-argileux dans tout le grand secteur bocager, franchement argileux sur les alluvions en aval. Ils sont plus sains dans la partie amont des versants. À l’inverse, à mesure que l’on descend vers le ruisseau ou vers la Basse vallée de l’Arroux, l’engorgement (hydromorphie) augmente et des taches de jonc apparaissent. L’ensemble reste essentiellement voué à l’herbage.
AGRICULTURE
L’élevage bovin allaitant domine et constitue une véritable spécificité du territoire comme dans tout l’ouest du département. Il est accompagné d’un élevage caprin et ovin, valorisant particulièrement les prairies plus pauvres.
Les prairies composent l’essentiel des superficies, occupant plus de 80% de la SAU. Dans ce contexte, les terres labourées restent peu nombreuses, même si on observe une tendance vers une légère augmentation des surfaces. Les céréales à paille (blé, orge, triticale, seigle, avoine…) constituent l’essentiel des grandes cultures.
ARBRE ET FORET
Les bois des versants
La forêt reste peu présente au sein de la Vallée de l’Arroux, par contre de nombreux boisements occupent les versants des unités voisines : Morvan Oriental, Montagne Autunoise. Ces versants forestiers forment les horizons dans la plaine d’Autun. Dans la vallée, les bois occupent essentiellement des pentes raides et des sommets de coteaux. Quelques boisements prennent également place dans la plaine d’Autun entre les très légers vallons des rivières descendant du Morvan. Les peuplements sont majoritairement feuillus, composés de taillis sous futaie de chêne et de charme. Les plantations de conifères (Douglas essentiellement) deviennent plus présentes sur les versants dans la partie centrale de la vallée en aval de la Boulaye ainsi que dans la basse vallée en amont de Geugnon.
La forêt est privée à l’exception de quelques petits bois sectionnaux en limite nord de l’unité sur les communes d’Igornay et d’Epinac.
L’arbre du bocage
L’arbre est ici partout présent dans la trame bocagère. La maille bocagère, composée de haies basses ponctuées d’arbres isolés, encadre de vastes parcelles donnant sur certaines vues l’impression d’un paysage boisé.
URBANISME
Une vallée qui a concentré l’urbanisation
La vallée de l’Arroux, malgré une topographie peu affirmée, concentre l’urbanisation. Trois villes de l’ouest du département s’y sont ainsi installées : Autun (14 500 hab), Geugnon (7 500 hab), Digoin (8 100 hab) ainsi que plusieurs bourgs compris entre 1 500 et 2000 habitants : Epinac, Etang-sur-Arroux, Toulon-sur-Arroux. Cela démontre le rôle de voie de circulation qu’a joué la vallée au cours du temps.
Des implantations au bord de la rivière
Bien que l’Arroux soit sujet à des crues pouvant être importantes, quasiment toutes les communes se sont implantées à proximité de la rivière, à une distance parfois prudente (Autun, Cordesse, Digoin) ou plus près dans le prolongement d’un pont (Rigny-sur-Arroux, Gueugnon, Toulon-sur-Arroux, Charbonnat, St-Nizier-sur-Arroux, Etang-sur-Arroux, Laizy, Dracy-st-Loup, Igornay ). Les implantations ont majoritairement privilégié des sites de confluence avec des affluents (Digoin, Rigny-sur-Arroux, Toulon-sur-Arroux, Etang-sur-Arroux, Laizy, Autun).
De nombreux écarts
Sur les collines et les versants, ont pris place de nombreux écarts : fermes et hameaux forment ainsi un maillage dense qui ponctue le territoire.
Une route de vallée
La RD681 puis la RD994 empruntent la vallée de l’Arroux sur l’essentiel de son parcours entre Autun et Digoin, à l’exception d’une section entre St-Nizier et La Boulaye.
Une étoile routière dans la plaine d’Autun
L’histoire de cette région jusqu’au Moyen-âge est très liée à l’histoire de la ville gallo-romaine d’Autun. Son positionnement est un héritage de l’oppidum éduen de Bibracte en haut du mont Beuvray. Autun est le point de convergence de 6 routes formant une étoile la reliant aux territoires et villes voisines. Ces routes rectilignes offrent de belles perspectives sur la ville dominant la plaine.
Patrimoine
Patrimoine culturel
Autun, ancienne ville gallo-romaine, concentre de nombreuses protections au titre des sites inscrits (versant, vieux quartier, quartier Marchaux, abords du théâtre romain, Pont d’Arroux, Promenade des Marbres) et des monuments historiques. Ces derniers protègent les nombreux témoins de l’époque romaine (Temple de Janus, Porte d’Arroux, Remparts romains, théâtre romain, Pyramide de Couhard, Porte Saint-André) mais également le patrimoine religieux (cathédrale, abbaye, églises) et les châteaux et hôtels.
En dehors d’Autun, les protections des monuments concernent soit des églises, soit des châteaux, pour l’essentiel concentrés dans la plaine d’Autun.
La majeure partie de la vallée de l’Arroux, entre Autun et Digoin, est couverte par une Zone de protection du patrimoine archéologique.
Patrimoine naturel
L’ensemble de la vallée de l’Arroux est couvert par des inventaires Znieff qui témoignent du patrimoine naturel (prairies humides et bocagères) de la vallée.
Etang-sur-Arroux ainsi que plusieurs communes de la Plaine d’Autun appartiennent au PNR du Morvan.
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