Repères géographiques de la Vallée de la Loire
RELIEF ET EAU
Une vallée à fond plat
La Loire ouvre une vaste vallée à fond plat dont la largeur varie de 2 à 5 kilomètres dans laquelle s’écoule le fleuve entre 250 m d’altitude au sud-est vers Iguerande jusqu’à 198 m à sa sortie du département au nord-ouest vers Cronat. Dans ce fond plat, la Loire divague affleurant tantôt un versant, tantôt l’autre. Les méandres se déplacent au cours du temps comme en témoigne la limite départementale avec l’Allier matérialisant la position du fleuve au XVIII ème siècle, aujourd’hui en décalage avec la Loire en plusieurs endroits. De nombreux ruisseaux et bras morts aux formes courbes révèlent les emplacements d’anciens méandres. De basses terrasses alluviales forment une légère surélévation en pied de coteau, la plus visible s’étendant entre la Loire et l’Arconce.
La vallée de la Loire qui borde la limite sud-Ouest du département change deux fois de direction.
- Au sud, d’Iguerande à Digoin, elle suit une direction sud-nord dans une vallée d’abord resserrée jusqu’à Marcigny, puis s’élargissant (5 kilomètres). La Loire serpente le long du versant gauche avant de confluer avec l’Arconce et de rejoindre alors le versant droit.
- de Digoin à Diou (en rive gauche dans l’Allier), son cours s’incline vers l’ouest et la vallée se rétrécit (3 kilomètres). La Loire longe le pied du versant en rive droite.
- Au Nord de Diou et jusqu’à Cronat, le fleuve prend une orientation sud-ouest, occupant progressivement une position médiane dans une vallée de plus en plus large (7 km).
Des versants dissymétriques
Les coteaux de Loire restent de hauteur modérée, alternant entre 30 et 80 m de dénivelée. Globalement les coteaux en rive droite sont plus affirmés que ceux de la rive gauche, côté Allier. C’est particulièrement sensible sur deux secteurs :
- Au sud, entre Marcigny et Iguerande, où la vallée se resserre entre les reliefs du Brionnais et les marches du Bourbonnais.
- Au centre, entre La Motte-St-Jean et St-Aubin-sur-Loire, où les roches dures des collines du Bourbonnais forment un coteau aux pentes plus raides.
En rive gauche, deux canaux se succèdent en pied de versant : au sud le canal de Roanne à Digoin qui rejoint le canal latéral de la Loire à Chassenard.
ROCHE ET SOL
Dans la logique de la lecture paysagère, l’unité comporte le fond de la vallée et les coteaux qui l’encadrent. La vallée traverse deux Limagnes successives, séparées par un seuil au niveau de Bourbon-Lancy, que la Loire franchit entre deux coteaux granitiques, qui forment les pointes extrêmes des roches du Morvan, au nord et celle du Forez au sud. Ces deux Limagnes ont été générées à l’ère tertiaire par l’effondrement de blocs de croûte terrestre de 20 à 30 km de large, qui se sont enfoncés de plusieurs centaines de mètres. Un grand lac a longtemps occupé cette dépression, à l’époque oligocène et pliocène, et il a comblé ce fossé de matériaux lacustres, et de matériaux plus détritiques apportés par les rivières à proximité. Les vases lacustres, qui concernent surtout la rive gauche dans l’Allier voisin, sont des marnes entrecoupées de quelques bancs de calcaire lacustre, pouvant comporter quelques récifs, restant assez friables. Sous la Loire, l’épaisseur de ces sédiments tertiaires (galets, sables, argiles) dépasse toujours 200 m, et atteint même 1 000 m au niveau de Bourbon-Lancy au moment où le fleuve franchit le socle de gneiss et de granite.À l’ère quaternaire, à mesure que le lac régressait, le fleuve est venu se caler sur les coteaux est et nord. Il a d’abord déposé des terrasses hautes, 15 à 20 m au-dessus du niveau actuel du fleuve. Ces terrasses ont été pour la plupart ravinées par les ruisseaux, mais il en reste un large lambeau dépassant 3 km de large entre Marcigny et Digoin qui domine la plaine de 4 à 10 m. Un chapelet de villages s’y est établi, dans un paysage plat de grands champs cultivés, taillés au carré. Les sols de cette ancienne terrasse ne sont pas homogènes. La fertilité est meilleure en présence de limons, ils peuvent devenir séchants sur les sables et graviers.
Dans la basse plaine de la Loire, domine un bocage de prairies humides, délimitées par des haies hautes, dont le tracé sinueux est souvent calé sur un ruisseau, relique d’un ancien méandre. Les sols sont des sables et des argiles déposés par des crues du fleuve dans une époque récente qui ont recouvert les alluvions plus anciennes. Leur épaisseur atteint cependant couramment 10 m, et comporte une nappe phréatique d’où l’on tire de l’eau potable au nord de Bourbon-Lancy. Cette nappe reste cependant limitée. Elle s’abaisse de 4 à 5 m pendant l’été et sa faible épaisseur la rend vulnérable aux pollutions.
Au contact de la roche cristalline et des alluvions, au niveau du seuil de Bourbon-Lancy, se trouve une source d’eau thermale très chaude, entre 55 et 60 degrés, accessible à moins de 8 m de profondeur. Il s’agit d’eaux anciennes provenant des fissures des roches granitiques. Elles étaient connues déjà des celtes, et les romains les ont aménagées avec des équipements de marbre de la région pour y développer une activité thermale qui est longtemps restée en veille avant de se développer au XVIIe siècle.
AGRICULTURE
Dans le fond de vallée, l’occupation agricole est très liée au risque d’inondation plus ou moins fréquent des sols : Les prairies dominent dans les parties les plus basses de la vallée, régulièrement submergées lors des crues. Les terres en dehors de la zone d’inondation sont très fertiles et accueillent des cultures céréalières et fourragères de bon rendement. Certains secteurs du fond de vallée forment ainsi des poches de grandes cultures au paysage très ouvert. Sur les collines des Marches du Bourbonnais, les prairies sont omniprésentes. Comme dans tout l’ouest du département, l’élevage bovin allaitant domine et constitue une véritable spécificité du territoire. Il est accompagné d’un élevage caprin et ovin, valorisant particulièrement les prairies plus pauvres.ARBRE ET FORET
Un maillage bocager plus ou moins dense
Un réseau de haies plus ou moins dense accompagne les prairies du fond de vallée. Les haies basses sont accompagnées de chênes, de frênes et parfois d’acacias. Dans les secteurs les plus humides, on retrouve des saules et quelques alignements de peupliers. Par endroits, le bocage s’estompe et laisse la place à de très vastes parcelles pâturées ou cultivées.
Sur les collines du Bourbonnais, on retrouve un maillage bocager ample formé de haies basses ponctuées d’arbres isolés (chênes, frênes, charmes…).
Des boisements sur les versants
La forêt occupe une place très modeste dans la vallée de la Loire. De petits boisements morcelés couvrent les versants les plus raides et quelques crêtes. Ces boisements, privés, sont en général de faible superficie. Ils sont composés de taillis sous futaie de chênes pédonculés et rouvres et de charmes.
Des verdiaux en bord de fleuve
Autour du la Loire et d’anciens bras, la Ripisylve s’élargit par endroits formant de denses boisements humides où dominent saules et peupliers.
URBANISME
« Il n’est pas certain que le val de Loire et la zone comprise entre les vallées de la Loire et de l’Allier dans la partie ouest de la carte ait été une zone de passage et de peuplement. Les hordes d’envahisseurs comme les armées romaines ne semblent pas avoir emprunté cette région basse appelée la Sologne bourbonnaise. Cette Sologne était comme l’autre, dans le Nord du Berry, un pays d’étangs, de tourbières et de marais où la malaria existait à titre endémique. Des forêts chétives y végétaient dans ces landes à sous-sol argileux où régnait le genêt. Il semble que cette région inhospitalière et déshéritée, située aux confins du pays des Éduens au Nord-Est, des Biturges au Nord-Ouest et des Arvernes au Sud, ait été un peu comme une zone frontière entre les zones d’influence de chacune de ces peuplades gauloises, à la manière d’un « no man’s land ». On dit même que, c’est pour établir une tête de pont sur la rive éduenne que les Bourbons seront amenés à créer Moulins sur la frange de cette région aux maigres ressources (Dussourd, 1975). » (source : notice de la carte géologique de Bourbon-Lancy)En 1054, l’abbaye de Marcigny fonde le Premier prieuré de bénédictines qui va devenir un grand monastère féminin rattaché à Cluny. Marcigny sera également un dépôt de sel stratégique, ce qui lui vaudra d’être pillé à plusieurs reprises pendant les guerres de religion.
La Loire dans cette partie est jalonnée de nombreux bancs de sable qui n’autorisaient que des bateaux à fond plat, et gênaient le transport de matériau lourd. La navigation reste assez dangereuse à l’amont de Digoin, et toujours aléatoire selon la hauteur des eaux. Les mois navigables deviennent vraiment rares à Marcigny, surtout les années sèches où la Loire est "guéable".
Au XVIIe siècle, des travaux améliorent la navigabilité de la Loire ; ils visent à améliorer la navigabilité sur la Loire à l’amont de Roanne, pour permettre la descente de charbon depuis St Etienne. Elle devient la principale voie de fret vers Lyon, depuis Paris ou Nantes. Cette activité a justifié l’embauche d’une main-d’œuvre importante, les haleurs, au service des bateliers de la Loire.
En 1680, l’hôpital à Bourbon-Lancy affirme la vocation de la ville comme ville de cure. Mais jusqu’au XVIII ème siècle, Bourbon-Lancy reste à l’écart de l’axe allant de Autun à Moulins, puisque le passage de la Loire se fait une dizaine de kilomètres plus au sud.
Dans la seconde moitié du XVIII ème siècle, de nombreux entrepôts s’implantent à Digoin, avec une population de mariniers. On y charge bois de charpente, pierre de taille, poisson, charbon. Au second empire, le transit par la vallée prend de l’importance, suite à la mise en valeur de la Sologne bourbonnaise (défrichements des landes, assèchement des étangs, chaulage des terres). C’est la période où se développe l’élevage d’embouche pour expédier des animaux vers Paris et Lyon. Le transit bascule du fluvial au chemin de fer, quelques décennies plus tard.
Des villages et bourgs loin des caprices du fleuve
Dans la vallée de la Loire, plusieurs bourgs et villages se sont implantés en limite de la zone inondable, profitant d’un rebord de terrasse surélevé d’une dizaine de mètres par rapport au fleuve. C’est ainsi le cas pour Gilly-sur-Loire, St-Aubin-sur-Loire, Digoin, l’Hopital-le-Mercier, Baugy, Chambilly, Marcigny, St-Martin-du-Lac.
Les autres villages se sont implantés sur le coteau : Cronat, Vitry-sur-Loire, Lesme, La Motte-St-Jean, Perrigny-sur-Loire, St-Agnan, Bourg-le-Comte, Artaix, Iguerande.
Les deux pôles urbains sont ceux de Digoin (8100 hab) et de Bourbon-Lancy (5200 hab), ce dernier étant toutefois implanté aux confins de la vallée de la Loire et des Collines du Bourbonnais. Quatre bourgs secondaires se distinguent également : La Motte-St-Jean (1200 hab), St-Yan (1100 hab), Marcigny (1900 hab) et Iguerande (1000hab).
Des fermes isolées sont également présentes dans la vallée, implantées sur de légères éminences de terrain ne dépassant pas parfois les 5 m de hauteur, mais qui s’avèrent suffisantes pour se maintenir hors d’eau lors des crues ordinaires les plus fréquentes.
Un axe en rive droite
Les RD982 et RD979 longent la vallée du sud au nord, traçant de longues lignes droites sur les terrasses et les versants les plus doux, tandis qu’elles sinuent en pied de coteau là où le relief est plus affirmé. Huit ponts routiers permettent de franchir le fleuve (Iguerande, Chambilly, Vindecy, Digoin (RCEA et RD 779), Diou, Bourbon-Lancy, Cronat) espacés de 10 à 15 km.
Patrimoine
Patrimoine culturel
Le patrimoine fait l’objet de peu de protections dans la vallée de la Loire ; on n’y retrouve aucun site inscrit ou classé. Les monuments protégés sont moins fréquents que dans d’autres parties du département. Les protections concernent classiquement quelques châteaux et églises. A noter la présence de plusieurs bâtiments protégés dans le centre de Marcigny.
Patrimoine naturel
Le patrimoine naturel est, lui, très riche et est pris en compte par de multiples inventaires ou protections. L’ensemble de la vallée est ainsi concernée par le réseau Natura 2000, les inventaires ZNIEFF, ZICO et Zones humides.
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