La forêt
Entre bocage et forêt, l’arbre est partout présent dans les paysages de Saône-et-Loire. Au nord-ouest, le Morvan et la Montagne Autunoise forment deux massifs forestiers montagnards. A l’est, les terrasses de la vallée de la Saône et de la Bresse Chalonnaise sont couvertes de plusieurs grands massifs. Dans tout l’ouest et sur les côtes de nombreux bois prennent place sur les affleurements rocheux et les versants pentus des vallées, dominant les prairies bocagères.
La forêt, classiquement, occupe des espaces délaissés par le laboureur et par l’éleveur. Ce sont essentiellement des sols très maigres et caillouteux sur des affleurements de roche dure, comportant çà et là de fortes pentes ; on la retrouve par ailleurs sur les sols hydromorphes, dans toutes les plaines alluviales. Sa place n’a cessé d’évoluer. Ainsi, la plupart des terres maigres des crêtes, en particulier, avaient été défrichées et mises en culture avant la guerre de 1914 ; l’accru naturel et les plantations résineuses les ont faits rebasculer vers la forêt au XXe siècle. Au début du XIXème la forêt occupait 1 150 km², elle a depuis connu une augmentation de 80%, pour atteindre 2 150 km² soit 25% du territoire de Saône-et-Loire.
La forêt montagnarde du Morvan et de l’Autunois
L’altitude du Morvan n’est pas considérable (point culminant : 901 mètres), mais elle suffit à engendrer un climat rude qui, joint à un sol pauvre, en fait une montagne couverte de forêts. Les paysages du Morvan ont de tout temps été dominés par la forêt : déjà à l’époque celte, le mot "Morven" signifiait "montagne noire". Ce caractère s’est accentué au cours du siècle dernier avec l’accélération de l’extension des boisements aux dépens des terres agricoles délaissées et le développement des plantations de conifères, encouragées dès les années soixante par des aides du Fonds Forestier National. (Douglas, mais aussi d’épicéa et de sapin, représentent entre 35 et 70 % des superficies forestières, selon les communes). Sur les versants les nombreux enrésinements tranchent sur les versants feuillus, avec leur feuillage persistant de couleur sombre, renforcé du fait du type de sylviculture : plantations monospécifiques, lignes d’éclaircies, coupes rases.
La couverture forestière atteint 60 à 70% du territoire des communes dans le Morvan Oriental.
Le massif de plaine des terrasses de Saône et de la Bresse Chalonnaise
À l’ouest de Chalon, de grands massifs feuillus recouvrent les larges terrasses hydromorphes de sables argileux. Ils forment une barrière boisée au cœur de laquelle les moines de la Ferté ont défriché de larges clairières. On retrouve également des massifs forestiers importants en Bresse Chalonnaise qui se sont maintenus grâce à une présence seigneuriale forte et durable.
Les grandes propriétés domaniales y sont nombreuses, représentant environ la moitié des surfaces forestières. Ces grands massifs sont composés de feuillus, dominés par le chêne et le charme. Les forêts régulièrement inondées sont généralement constituées de frênes, d’ormes et de chênes pédonculés. Elles accueillent de nombreuses zones humides, étangs et mares.
La peupleraie du fond de vallée
Les fonds de vallée de part et d’autre de la Saône et du Doubs forment une vaste plaine inondable, alternant espaces dénudés et d’autres, arborés d’alignements de peupliers et de saules. La culture du peuplier est très ancrée dans l’histoire de la région, sous forme d’alignements ou de plantations variées. Après une croissance rapide du nombre de plantations de peupliers aux cours des années 1990, ces dernières ont tendance à régresser avec la diminution des prix d’achat, l’arrêt des aides à la plantation et le développement de problèmes sanitaires (rouille, puceron). Les surfaces de peupleraies représentent quelques milliers d’hectares dans le département.Le bois des collines bocagères de l’ouest
Les collines bocagères à l’ouest du département, le taux de boisement reste assez faible (autour de 17%). De nombreux petits bois et bosquets sont dispersés au sein des collines, occupant majoritairement les hauts, souvent sur des sols pauvres, trop séchants, trop acides ou parfois trop humides. Le paysan préfère exploiter les terres plus saines des versants.
Il s’agit très majoritairement de petits massifs de feuillus, composés de taillis sous futaie de chêne et de charme complétés parfois de quelques hêtres, bouleaux, trembles et châtaigniers.
Quelques plantations de conifères (Douglas essentiellement) sont implantées sur les sommets les plus élevés souvent au-dessus des 400m d’altitude.
La crête boisée du Clunisois ou du Brionnais
Au centre du département, entre Haut Brionnais, Haut Charolais, Clunisois et côtes calcaires, une géologie fracturée forme une série de reliefs dont les bancs de roches calcaires, granitiques, gréseuses, schisteuses, se retrouvent à flanc de relief formant des crêtes et quelques éperons rocheux.
Au sud, sur les reliefs affirmés (sur substrat granitique et gréseux) entre Haut Brionnais, Haut Charolais et Vallées du Clunisois, les boisements forment des massifs importants, dominés par les feuillus (chênes rouvre et pédonculé, frêne, châtaignier, charme, merisier) ponctués de plusieurs plantations de conifères (douglas, pin sylvestre).
Au nord, entre Charolais et Vallées du Clunisois, les boisements occupent la plupart des sommets mais ils sont plus fragmentés et ne constituent que rarement un massif important.
Les côtes calcaires ont une histoire particulière. Aux grandes heures du vignoble, vers 1850–70, beaucoup ont été défrichées et plantées de vigne. Simultanément, d’autres parcelles étaient plantées de résineux dans le cadre de grands programmes nationaux. Plus tard, suite à la crise du phylloxéra, les anciennes vignes enfrichées, ont rejoint la forêt résineuse formant un ourlet de pins et de chênaie thermophile en crête des côtes calcaires.
Sources
- La Saône-et-Loire de la préhistoire à nos jours. Pierre Goujon et al, 1992. éd Bordessoules.
- Géographie historique de la France. Xavier de Planhol, 1994, éd Fayard.
- L’histoire du paysage français. Jean Robert Pitte , 2012. éd Tallandier.