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L’eau

publié le 12 juillet 2018 (modifié le 28 mars 2019)

Changy en grand format (nouvelle fenêtre)
Changy


 

Le département a hérité son nom de sa situation au contact de deux bassins fluviaux : la Loire à l’Ouest et la Saône à l’Est. Coupant le département en deux selon un axe nord-sud, la ligne de partage des eaux délimite les bassins versants dirigés d’une part vers l’Atlantique et de l’autre vers la Méditerranée. Dans le Morvan, l’extrémité nord du département empiète aussi sur le bassin de la Seine.
Les cours d’eau présentent, avec quelques variations, un régime pluvial océanique, le débit maximal ayant lieu en février, le débit minimal à la fin de l’été. L’allure des crues dépend fortement de la nature géomorphologique des bassins versants.
Les aménagements humains sont anciens et nombreux : creusement du canal du Centre reliant la Saône à la Loire par le couloir que forment les vallées successives de la Dheune et de la Bourbince (canal doté d’un important système d’alimentation au niveau du bief de partage), aménagement de la Saône (canal de dérivation à Mâcon notamment), chenalisation de la Seille, drainage et assainissement des terres agricoles, longtemps marécageuses (Bresse et Vallée de la Saône).

Carte du réseau hydraulique de Saône-et-Loire en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte du réseau hydraulique de Saône-et-Loire

La ligne de partage des eaux sépare le bassin versant de la Loire à l’ouest de la celui de la Saône à l’est. Le département possède le plus grand linéaire de cours d’eau de Bourgogne avec 4500 km de cours d’eau principaux, prolongé de vaste chevelu de cours d’eau secondaires. Au centre du département le réseau hydraulique moins dense, reflète la présence d’un substrat calcaire perméable

 

  La grande vallée de la Saône

La Saône parcourt 114 km dans le département, coulant du nord vers le sud. Elle devient une rivière large de plus de 100 m à partir de sa confluence avec le Doubs.
La vallée de la Saône a toujours été, dès la Préhistoire, un corridor structurant à l’échelle européenne. Dans la partie nord du département, la rivière serpente à distance des axes les plus fréquentés, à l’exception de la ville de Chalon-sur-Saône qui est historiquement structurée comme une ville port sur la rivière. De Tournus jusqu’à Macon, la Saône vient se caler contre le pied de la Côte Mâconnaise, butant sur les premiers coteaux jurassiques. L’autoroute du sud, l’une des plus fréquentées d’Europe, se faufile entre la côte et la rivière et fait de ce passage une vitrine majeure du département.

  La grande vallée de la Loire

La Loire parcourt 104 km dans le département selon une direction sud-est/nord-ouest. Le fleuve a tracé une vallée large de 2 à 5 km à fond plat. Pendant longtemps, la vallée semble ne pas avoir été une zone de passage et de peuplement, mais a plutôt constitué une zone frontière aux confins des zones d’influences des peuplades gauloises (Éduens au Nord-Est, des Biturges au Nord-Ouest et des Arvernes au Sud). La Loire dans cette partie est jalonnée de nombreux bancs de sable qui n’autorisaient que des bateaux à fond plat, et gênaient le transport de matériau lourd. La navigation reste délicate à l’amont de Digoin, et toujours aléatoire selon la hauteur des eaux.

  La vallée structurante

Plusieurs rivières traversent la Saône-et-Loire formant des cours d’eau souvent discrets au creux d’une grande vallée, nichés derrière les ripisylves ou les haies des prairies alluviales : Arconce, Arroux, Grosne. Doubs, Seille, Bourbince, Dheune… Mis à part la Seille, que les travaux de chenalisation ont rendu navigable sur 30km entre Louhans et La Truchère, la plupart n’étaient navigables qu’en période de hautes eaux, lorsque le tirant d’eau était suffisant.
La Bourbince et la Dheune seront doublées d’un canal stratégique à la fin du XVIIIe siècle : le canal du Charolais (voir le chapitre sur les voies).
C’est l’époque également du début de construction des ponts ; en 1787, un premier pont est réalisé sur l’Arroux aux abords immédiats des forges de Gueugnon en pleine modernisation. Deux ans plus tard, en pleine révolution, un grand pont en pierre est ouvert à Navilly sur le Doubs. Il relie Chalon-sur-Saône aux routes majeures d’échange européennes, en évitant les routes boueuses et non empierrées de la Bresse.

  Le chevelu de rivières de la Bresse

Le grand lac qui recouvrait la Bresse à l’ère tertiaire s’est vidé il y a environ 4 millions d’années. Ruisseaux et rivières s’enfoncent légèrement dans les vases, le Doubs, la Seille, comme la Grosne en rive droite, rejoignent la Saône en serpentant. Leurs méandres creusent progressivement de douces ondulations de quelques mètres de dénivelé. Le paysage s’organise en glacis de colluvions de très faible pente, où les gradients d’humidité sont déterminants.

  La source

La source, naturelle ou aménagée, n’a plus aujourd’hui qu’un caractère certes sympathique, mais anecdotique. Autour des12èmes et 13èmes siècles, au moment de l’établissement des villages et des paroisses, elle a pourtant constitué un des fondements de l’implantation humaine pour des raisons évidentes d’accès à l’eau en quantité et en qualité.
Certaines sont devenues des lieux emblématiques, comme la fontaine du Plâtre au Mont St-Romain. D’autres ont justifié une ville thermale dès l’époque romaine, comme Bourbon-Lancy.

  La sablière

Depuis les années 1950, l’urbanisation et la construction de voiries multiplient les gravières de granulat dans les vallées principales, qui laissent souvent derrière elles un chapelet d’étangs rectangulaires. Ces gravières sont particulièrement présentes dans les vallées de la Saône, de la Loire et de l’Arroux.

  Le lavoir et le puits

Beaucoup de villages ont conservé un petit patrimoine lié à l’eau qui, jusqu’au milieu du XXe siècle, accompagnait toute communauté humaine, en ville comme dans les villages. Un recensement comptabilise 331 lavoirs en Saône-et-Loire et de nombreux puits villageois, à noter la spécificité des puits à balanciers en Bresse.

  L’étang

Plus de 5 000 plans d’eau (supérieurs à 1 are) sont recensés dans le département. Les étangs sont particulièrement nombreux en Bresse bien sûr, mais ils sont également très présents ailleurs dans les fonds humides au creux des collines.
Au XIe siècle, les moines implantent de nombreux étangs en construisant des digues d’argile morainique. Ils utilisent les ondulations de la plaine : la pente vers l’émissaire (dénommé « thou ») permet de vidanger et de pêcher ainsi le poisson. Les vases fertiles de l’étang vidé sont ensemencées en "assec" avant la remise en eau pour quelques années.
Au XIIe siècle, les seigneurs comprendront bien l’intérêt de ce modèle pour valoriser leurs terres. Ils encouragent l’installation de colons, autorisent des défrichements et la création d’étangs pour la pisciculture et les moulins.
Au XVIIe s, dans la Bresse qui a rejoint le royaume de Louis XIV, des campagnes d’assèchement réduisent le nombre et la surface des étangs. Jusqu’au XIXe siècle cependant, les habitants paieront cher la proximité de ses étangs : la région souffrira d’un paludisme endémique.
Dans les années 1970, les paysans se font terrassiers. Le paysage collinaire de tout le département devient propice à la multiplication de petits lacs de retenue créés à des fins de loisir (pêche, chasse, agrément).

  Le moulin

En pays de collines, les moulins occasionnent de multiples aménagements hydrauliques. Le ruisseau est barré à l’amont par un bief qui permet d’alimenter une rigole qui court à flanc de colline pour venir chuter au-dessus de la roue du moulin et rejoindre le cours naturel du ruisseau.
De nombreux moulins à céréale sont installés au XIIe s, généralement à l’initiative des seigneurs locaux. Cet investissement permet également de forger, battre le grain, fouler la laine et les peaux. Beaucoup de ces moulins sont en bois, et il n’en reste rien aujourd’hui. Le modèle dominant dans le secteur est le moulin à roue verticale, plus technique car il nécessite de construire un arbre à came, mais mieux adapté aux débits modérés d’un ruisseau. Ce modèle est systématique au nord d’une ligne la Rochelle–Lyon. Cela confirme que le secteur n’est pas culturellement rattaché aux pays de langue d’oc. Dans ces derniers, le moulin fonctionne avec une roue horizontale.
Au XIXe siècle, presque tous les ruisseaux suffisamment puissants sont systématiquement aménagés. Leur cours est entrecoupé de biefs annonçant, quelques centaines de mètres à l’aval un moulin, cette fois beaucoup plus imposant, le plus souvent en pierre.
Tous ces biefs, à l’image de talus en travers de pente, modifient le profil des cours d’eau. À l’amont des biefs se forment des bassins de retenue aux eaux calmes, qui tendent à stabiliser les berges ; à l’aval, des courants rapides réactivent l’érosion des berges ; les biefs importants font obstacle au passage des poissons.
Beaucoup de ces aménagements seront effacés par le recalibrage des cours d’eau - et même parfois leur canalisation- dans les années 1960 à 2000.

  La zone humide

Entre 1960 et 1990, l’aménagement agricole efface beaucoup de zones humides, inondables ou simplement hydromorphes. Le drainage massif des plaines alluviales permet leur mise en culture ; leur caractère est donc très estompé, au moins pour plusieurs décennies.
Les ruisseaux sont recalibrés, et les fonds de vallée inondables fortement resserrés.
L’agriculture tend à délaisser les prairies des vallons étroits qui étaient pourtant très prisés au XIXe siècle et au début du XXe. Ces vallons sont souvent aménagés en étang privatif de loisirs. En 2016, les zones humides de plus de 4 ha représentent environ 10% du département.

  Sources

• La Saône-et-Loire de la préhistoire à nos jours. Pierre Goujon et al, 1992. éd Bordessoules.
• Wikipedia.