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Le village et la ville

publié le 11 juillet 2018 (modifié le 4 avril 2019)

Carte de l'urbanisation en Saône-et-Loire  en grand format (nouvelle fenêtre)
Carte de l’urbanisation en Saône-et-Loire
La carte met en évidence des contrastes affirmés de répartition du bâti en Saône-et-Loire : l’extrême dispersion de l’habitat dans la Bresse, la concentration du bâti dans le vignoble, la Vallée de la Saône et le Bassin Minier, et ailleurs une diffusion importante de l’habitat isolé.


 
 

Si l’on excepte le pôles morvandiaux de Bibracte et Autun, l’implantation des villes du département est longtemps resté liée directement aux sites de gué et de port sur les voies d’eau.
Les cartes, cependant, sont redistribuées plusieurs fois.
A la fin de l’époque gauloise, La capitale Bibracte est déclassée au profit de la ville romaine d’Autun.
Vers l’an mil, Autun perd de l’influence à son tour tandis que Chalon s’affirme, et ne cessera de renforcer son rôle commercial jusqu’à l’avènement du chemin de fer.
Les villages-paroisses se fixent après l’an mil sur les emplacements privilégiés : l’ensoleillement, la proximité de l’eau et de bonnes terres. Ils établissent des centres de paroisse autour d’un lieu de culte qui fondera la plupart des villages, sous l’impulsion des évêques et des seigneurs locaux. La plupart de ces sites étaient habités depuis plus de 500 ans, ayant été défrichés par des premiers colons celtes, gaulois, romains, germains, et pour les plus récents, par des petites communautés de moines (voir « les pôles d’attraction historiques »). A partir du XIe s, l’influence clunisienne s’imposera, l’abbaye devenant le centre du plus important ordre monastique du Moyen Âge, rayonnant sur une partie de l’Europe de l’Ouest.
Dès le début du XVIIIe s, le commerce fluvial s’intensifie pour approvisionner Lyon.
A-partir de la mi XIXe s, l’activité minière et sidérurgique fait émerger les villes des vallées centrales.

  La ville

Les pôles urbains du département se sont déplacés au cours du temps. Bibracte, Autun, Cluny, Chalon, Mâcon se sont ainsi succédés comme chefs-lieux, tandis qu'au XIX ème émergeaient les villes-nouvelles du bassin minier et industriel, Le Creusot et Montceau-les-Mines. Autun en grand format (nouvelle fenêtre)
Les pôles urbains du département se sont déplacés au cours du temps. Bibracte, Autun, Cluny, Chalon, Mâcon se sont ainsi succédés comme chefs-lieux, tandis qu’au XIX ème émergeaient les villes-nouvelles du bassin minier et industriel, Le Creusot et Montceau-les-Mines. Autun


 

La ville port

800 ans avant notre ère, à la confluence de la Saône et du Doubs, le site de Bragny servait déjà d’entrepôt relais pour le commerce vers la Bourgogne mais aussi avec les princes Hallstattiens du centre-ouest de l’Europe. On sait que des échanges commerciaux importants existaient également avec Marseille.
Les confluences, cependant, sont rarement des événements paysagers, sauf quand une ville importante s’établit très précisément aux points de convergence. Les rivières étant soumises à des crues redoutées, de nombreuses villes s’établissent à proximité d’une confluence, tout en restant en retrait : Digoin, Bourbon-Lancy.
Certaines villes se bâtissent en retrait de la rivière, ménageant un espace entre l’habitat et le cours d’eau : Chalon, Tournus, Mâcon. D’autres se bâtissent au contact direct de la rivière avec des façades tombant dans l’eau : Verdun-sur-le Doubs.
Dès le début de l’époque romaine, Chalon affirme sa position de plateforme commerçante ; son port assure le transbordement de chalands vers des chariots terrestres qui emportent la marchandise vers la Seine, le Rhin.
En 1309, le pape Clément V installe la papauté à Avignon qui y restera jusqu’en 1418 ; cette cour va devenir un débouché important pour les vins, tissus, du sud de la Bourgogne, transitant par Mâcon et Chalon.
La Loire apporte le sel de l’Atlantique jusqu’à Marcigny où des charrois l’acheminent vers Lyon. L’abbaye sera un grenier à sel prisé et plusieurs fois pillé par les chefs de guerre lors des guerres de religion.
A partir du XVIIe, le développement des villes sur la Saône explose avec le commerce, complété de liaisons de voyageurs, tandis que la Loire reste trop impétueuse pour cela.
Digoin, longtemps limite de la Loire bien navigable, s’affirme cependant comme carrefour. Chaque printemps, les trains de bois flottés descendant des massifs de la Haute Loire sont réunis en train pour rejoindre les quais d’Orléans, Nantes.
Au XVIIIe siècle, ces villes aménagent de grands quais qui se jouxtent rapidement d’entrepôts et d’hôtels particuliers. Les portes d’octroi sont souvent abattues et remplacées par de simples pilastres. Ces villes se développent comme site de foires, marchés, entrepôts, relais routier.
Ces villes de rivière ont souvent fait des efforts de mise en scène de l’eau dans leurs espaces publics depuis le XIXe siècle et jusqu’à aujourd’hui : Charolles, Digoin, Paray-le-Monial, Louhans, etc.

Le chef-lieu

Beaucoup de sites d’implantation ont probablement été fondés dès l’époque des celtes, 600 ans avant notre ère. Ce sont eux qui, 100 ans environ avant l’arrivée des Romains, fondent leur capitale à Bibracte, en haut du mont Beuvray, ainsi que quatre autres villes fortifiées : Mâcon Chalon, Decize, Sancerre. Ils développent une première activité thermale à Bourbon-Lancy.

Les romains « déplacent Bibracte » à Autun, la « ville d’Auguste », qu’ils positionnent au centre d’un nœud routier. L’empereur localise Autun sur l’axe économique Rhône-Loire et la voie neuve aménagée par Agrippa : Marseille-Boulogne en passant par Mâcon-Chalon-Autun-Auxerre. L’Arroux offre en outre une voie navigable pour des poteries, ou d’autres produits.
Le territoire s’organise dans la logique de la "pax Romana". Les cités impulsent toute une civilisation urbaine aux pays gaulois : une activité commerçante, sous la protection -et le joug- d’une puissante garnison de légionnaires. La ville d’Autun s’affirme comme l’une des capitales de l’isthme gaulois : commerçante, universitaire, militaire. Elle atteint probablement 30 à 50 000 habitants vers l’an 100 (Pitte 1983).

Au IVème siècle, face à une insécurité croissante, les principales villes s’enferment à nouveau dans une enceinte.
Après l’an 1000, avec le retour relatif de la sécurité, les villes se développent autour de grandes places de foire qui attirent des artisans, commerçants, et constituent en quelques décennies des bourgs autour des villes, qui sont souvent encore enceintes. Au XIVe siècle, les villes de la Saône développent des entrepôts pour fournir la cour des papes installés à Avignon : draps, blé, vins, poissons
Dans les dernières décennies du Moyen Âge, au sortir de la guerre de 100 ans et de conflits meurtriers sur fond de concurrence entre le roi de France et les seigneurs bourguignons, l’activité des foires trouve à se redéployer.
Pendant les deux siècles des guerres de religion, les villes de la Saône, ville frontière avec le monde germanique, connaissent de vives tensions. Les périodes de répit où l’activité commerciale reprend rapidement sont entrecoupées d’épisodes violents. En 1685, suite à la révocation de l’édit de Nantes, des familles huguenotes émigrent, ce qui ruine par exemple l’industrie de toiles fines de Paray-le-Monial.
Vers 1720, sous Louis XV, de nombreuses seigneuries sont autorisées à organiser des foires ou des marchés hebdomadaires.
Au cours du XVIIIe s, les villes se dotent d’équipements publics dont les modes se succèdent : un bel hôtel de ville, une halle aux blés, un éclairage public vers 1770-80, un théâtre vers 1780-90, des promenades d’allées sablées plantées d’alignements de tilleuls, bordées de charmilles, jalonnées de bancs en pierre.
Autun, Chalon-sur-Saône, Mâcon, restent les trois villes administratives qui concentrent les élites, les tribunaux, le haut clergé, les librairies, les loges maçonniques. Bourbon-Lancy, Montcenis, Louhans sont des bourgs ruraux.
Verdun-sur-le-Doubs s’affirme comme bourg de commerçants et d’artisans. Semur, Marcigny, Charolles sont de petites villes mixtes. Tournus, Cluny, Paray-le-Monial, restent des bourgs ruraux d’abbaye sans administration majeure.

À la Révolution, le chef-lieu départemental est établi à Mâcon, après avoir été dans un premier temps attribué à Chalon. A Cluny, suite à la Révolution, l’abbaye, devenue « bien national », est vendue et démontée (ne subsiste aujourd’hui que 10 % de l’église abbatiale). Sur le site de l’abbatiale, est construit un haras national ouvert en 1807 sous l’impulsion de Napoléon.

Lors de la révolution industrielle, Autun s’accroît peu. La ville et ses monuments restent préservés dans leur enceinte romaine. De même Paray-le-Monial, Chagny, Charolles, ont conservé leurs vieux quartiers de rues étroites et tortueuses convergeant vers une abbatiale ou un château, ponctués d’hôtels particuliers.
Beaucoup de bourgs ont leur marché aux bestiaux. Quelques-uns d’entre eux perdurent comme celui de St Christophe-en-Brionnais.

Dans les années 1960, comme partout, la politique d’urbanisme social génère des cités d’immeubles à la périphérie des villes qui conservent dans un premier temps leur centre-ville commerçant et administratif.
A la fin des années 1970, les centres commerciaux périphériques systématisent les hypermarchés. Les premiers centres commerciaux sont créés à Mâcon en 1970, Chalon-sur-Saône en 1974, point de départ de zones commerciales qui s’étirent progressivement aux entrées de villes. Dans la ligne de la charte d’Athènes, les quartiers se différencient : habiter, travailler, acheter. La zone de chalandise des centres commerciaux s’élargit, atteint 15 km pour les courses courantes, voire 30 ou 40 km pour des courses spécialisées. Les commerces se concentrent sur Chalon-sur-Saône, Mâcon.

Dans les années 1980, un reflux urbain s’amorce. Les classes moyennes et ouvrières commencent à s’éloigner des centre-villes devenus trop chers, à l’exception des cités HLM ou des anciennes "cités jardin" ouvrières (Le Creusot, Montceau-les-Mines). Les questions économiques et sociales se déplacent vers la périphérie des villes. Dans le département, les urbains restent massivement des locaux : 2/3 des périurbains du département sont originaires du département ; ce sont surtout des fils d’ouvriers et d’agriculteurs ; 1/3 ont eux-mêmes été agriculteurs.

La ville des forges, du charbon et de l’acier

Exploité depuis 1754, le bassin houiller carbonifère aura produit 16 millions de tonnes de charbon avant d’être aujourd’hui épuisé. Le bassin de Lucenay-l’Evêque, au nord de celui d’Autun, forme une extension pincée dans le socle cristallin.
L’histoire commence vraiment en 1769, quand F. de la Chaise crée les premières forges à côté du Creusot. Une première fonderie est implantée au Creusot en 1785. Durant les guerres napoléoniennes, ces forges fournissent l’armée en canons et en boulets. C’est le début d’une longue histoire. Pendant plus de 60 ans, les entreprises locales de charbon et d’acier connaissent cependant de nombreuses crises.
En 1836, les frères Schneider rachètent aux Chagot les mines de charbon de Montchanin et du Creusot, les mines de fer de Couches, les hauts fourneaux, forges, ateliers de construction, avec l’appui de la banque Seilliere.
Ce pari s’avérera gagnant : lors de la révolution industrielle des années 1855-80, la région offre en abondance les ressources clés : le charbon au Creusot, à Montchanin, à Blanzy, à Montceau-les-Mines ; le fer à Mazenay.
Les dynasties patronales des Chagot et des Schneider y trouvent, en outre, une main d’œuvre attirée depuis 50 ans par des premières entreprises minières et sidérurgiques. Ils se répartissent les concessions minières et les sites : aux Chagot les houillères et la vallée de la Bourbince, tournées depuis Blanzy vers le sud-ouest ; aux Schneider les bassins du Creusot et de Montchanin, tournés vers la vallée de la Dheune à l’est.
Dans la seconde moitié du XIXe s, ces capitaines d’industrie font émerger ces villes comme des champignons : leur démographie dépasse les villes anciennes à la fin du siècle.
De 1850 à 1914, Montchanin passe de 3 000 à 5 000 habitants. Montchanin et ses mines sont au croisement des voies ferrées.
En 1866, le procédé Martin se développe. Il permet de fabriquer des aciers spéciaux à partir de minerais de pureté médiocre, mais en petite quantité. Il perdurera dans les petits bassins houillers du Nord, des vallées du massif central. Le pôle du Creusot se développe rapidement sur cette production spécialisée.
Les grandes grèves de 1900 tracent un devenir différent entre les deux villes ; Schneider parvient à maintenir et renforcer son emprise sur le Creusot. A Montceau-les-Mines en revanche, les syndicalistes parviennent à ébranler le patronat des houillères. La compagnie des mines, propriété de la famille Chagot, est écartée de la gestion municipale pour des décennies.

La cité ouvrière

L’essor industriel très rapide a incité les industriels à la construction de logements visant à fixer une main d’œuvre de plus en plus importante d’ouvriers et de mineurs à proximité des usines ou des puits de mine.
1832 : face aux nombreux accidents du travail, une caisse de secours est créée à Epinac, prélevée sur les salaires. En 1858, elle assurera déjà un centre de soins, et bientôt une cantine, une caisse d’épargne (1861), une chapelle, des écoles.
1840 : au Creusot, Schneider bâtit des "casernes" pour loger les premières générations d’ouvriers. Ce modèle existe aussi à Epinac, à Montceau-les-Mines. Ces casernes seront détruites dès 1862 pour étendre l’usine au Creusot (caserne des mineurs), et les dernières seront détruites en 1987 à Epinac (cité de la Garenne).
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, Le Creusot, Montceau-les-Mines, Mâcon, s’affirment comme pôles industriels, avec des mouvements ouvriers particulièrement vifs dans le secteur minier.
A partir de 1850, les industriels bâtissent plutôt des cités de maisons avec jardinets, en rez de chaussée ou à étage, sur le modèle des cités ouvrières anglaises. On parle de "cités jardin" à Montceau-les-Mines, au Creusot
De 1850 à 1914, les bourgades minières doublent ou triplent leur population et deviennent des villes : Blanzy, Saint-Vallier, Sanvignes.
1858 : Au Creusot, les Schneider prennent en charge maternité, caisse de retraite, allocations familiales. Leurs écoles primaire (1837) puis supérieure atteindront 1300 élèves vers 1919.
Depuis 1945, chaque ville, comme chaque pôle industriel, cherche à se diversifier.
Des industries s’installent à Chalon-sur-Saône : chimiques (Kodak, Saint-Gobain), électriques (Alsthom), nucléaires (Framatome). L’agroalimentaire se développe, ainsi que l’activité commerciale liée au vin.
Les villes misent également sur des foires commerciales qui valorisent des productions locales.

Pour en savoir plus lire Le logement ouvrier dans le bassin minier

 

Le lotissement

Les lotissements fleurissent autour des bourgs dès les années 1970, et leur nombre explose dans les années 1980. Dans un premier temps, leurs jardins restent souvent potagers. Dans les années 80, leurs haies vont s’opacifier et remonter à mesure que les jardins deviennent ornementaux, systématisant les écrans de privatisation.
Sur les piémonts du Mâconnais et autour de Chalon-sur-Saône, les anciennes communes rurales se "rurbanisent", perdant une bonne part de leurs terres agricoles.

  Le village

Les sites villageois sont pour l'essentiel fixés au XIIIème siècle. En Saône-et-Loire, la population rurale atteindra son optimum vers 1890, la population urbaine ne devenant majoritaire qu'à partir de 1962. St-Huruge en grand format (nouvelle fenêtre)
Les sites villageois sont pour l’essentiel fixés au XIIIème siècle. En Saône-et-Loire, la population rurale atteindra son optimum vers 1890, la population urbaine ne devenant majoritaire qu’à partir de 1962. St-Huruge


 

Le lieu-dit

Une première carte des lieux-dits est établie par les francs au VIème siècle. La cellule d’administration est la ville, l’abbaye, la paroisse.
Au VIIème siècle, de petites communautés monastiques s’implantent sur les tombes de saints. Elles préfigurent de nombreuses paroisses mais les lieux-dits portant le nom d’un saint, d’une référence religieuse, restent cependant assez peu nombreux dans cette région. Nous ne sommes pas au cœur du pays franc et de nombreux lieux-dits conservent des noms antérieurs à la christianisation.
Aux IXe et Xe s, le modèle antique d’administration s’effondre au profit du système féodal. Chaque individu entre dans un emboîtement de liens hiérarchiques personnels de dépendance. Cette nouvelle armature structure toute la société ; elle restaure une protection des personnes et des biens dans les campagnes (Xavier de Planhol).
L’habitat se regroupe en villages organisés en paroisses, cristallisés autour d’un château et/ou d’une église. A l’an mil, la carte des villages est quasiment en place.
En 950, débutent les défrichements autour des communautés monastiques de l’ordre de Cluny. La règle de Saint-Benoît repose sur le travail manuel, artisanal et agricole, et l’appui de frères convers.
Ce modèle d’aménagement rural, à la fois humain et technique, se diffuse d’abord à-partir de l’abbaye de Cluny. Cette diffusion, très rapide, sera relayée vers la fin du XIème par de nouveaux ordres religieux comme les Cisterciens.
Ces moines défricheurs doivent négocier leur accès au foncier auprès des autorités - roi, comtes, barons- qui se sont accaparé la forêt pour la chasse. Sur les « essarts » défrichés, les abbayes prélèvent une dîme. Le paysage est un semis d’habitat dispersé : abbayes, paroisses, colons, granges monastiques et quelques châteaux isolés.

L’habitat groupé autour de son clocher roman et de son cimetière

La fin du XIe siècle est décisive sur les sites d’implantation humaine.
En 1075, Grégoire VII définit les 27 propositions de la réforme dite grégorienne qui veut mettre fin à la collusion des pouvoirs dans l’Eglise féodale. Il s’appuie sur l’ordre des moines de Cluny pour restaurer l’autorité de l’église. Cette réforme encourage la fondation de villages-paroisses qui s’affirment et dessinent la carte des futurs villages. C’est l’époque où de nombreux villages groupés s’entourent d’un mur d’enceinte, en particulier dans le sud de la France.
Aux XIe et XIIe s, les revenus tirés de la guerre se réduisent. Les seigneurs encouragent la mise en valeur des terres, les villages de colons défricheurs, au moment où la démographie augmente.
Ces villages–paroisses s’affirment également vis-à-vis de leurs seigneurs. En 1064, à Charmée au sud de Chalon par exemple, les droits du comte sont rognés par le village qui achète un droit de défrichage. C’est de plus en plus souvent le cas.
Dans le siècle qui suit, le XIIe siècle, nobles et ecclésiastiques deviennent de grands aménageurs et entrepreneurs, aménageant de nouveaux villages pour y prélever des taxes sur les fours, moulins, pressoirs, etc. Les communautés monastiques y sont largement associées. Les lisières forestières reculent rapidement au profit de "plans", "brosses", "vernes" qui marqueront la toponymie.
En 1166, l’ensemble de la Bourgogne est de plus en plus disputé entre roi, ducs, comtes. Le roi capétien s’appuie sur les seigneuries d’abbayes qu’il conquiert une à une. Face à ces luttes d’influence qui multiplient le pillage de villages et de leurs églises, le roi propose avec succès des « pariages ». Ce contrat assure le soutien militaire du roi en échange de la moitié des revenus.
Ce retour de la sécurité permet aux bourgs de se constituer rapidement, souvent autour d’une abbaye ou d’un monastère. Des bourgeois implantent des commerces, artisanats, et se dotent d’un château et de remparts.
Marcigny devient un domaine "en royauté", chef-lieu d’un Brionnais-Mâconnais relevant du bailli de Mâcon.
La surface cultivée gagne beaucoup au cours des XII et XIIIe s.

L’exode rural de la fin du XIXe siècle débute plus tard qu’ailleurs, vers 1890, mais il est d’autant plus brutal.Les villages voient leur population baisser tout au long du XXe siècle. Dans les années 1950 et 1960, un nouvel exode frappe cette fois le Morvan, l’Autunois, et la Bresse. Il touche dans une moindre mesure le Clunisois et le Brionnais tandis qu’il épargne quasiment la Sologne bourbonnaise et le Charolais.

La ferme et le hameau isolés du bocage

A la fin du XVIIIe siècle, la Bresse et le Mâconnais sont beaucoup plus peuplés que l’ouest et le nord du département. Côté Bresse, en rive gauche de la Saône, l’habitat dispersé domine, avec une vie en grandes familles élargies, typique du centre de la France. Côté Mâconnais en rive droite, en revanche, la plaine de la Saône est de colonisation plus ancienne ; tout le paysage reste organisé autour des villages groupés.
Dès que l’on sort de la plaine de la Saône et des vignobles, qu’on aille vers la Bresse ou vers le Charolais et le Brionnais, on va de ferme en ferme à travers les bocages. Dans chaque ferme, l’habitat est prolongé par des bâtiments pour les animaux : étables, granges à foin, soues à cochon, poulaillers. En Bresse, ou la pierre manque, le bâti utilise la pierre et la terre, avec des pans en briques de terre cuite, des granges en pisé, des annexes en pans de bois sous de longues toitures brunes.
À l’approche du Morvan, au nord du Charolais, les couleurs se font plus austères avec les murs de granit gris, les toitures en ardoises noires.
Partout, on croise des murs de pierres sèches, des croix, des fontaines.

  Sources

- La Saône-et-Loire de la préhistoire à nos jours. Pierre Goujon et al, 1992. éd Bordessoules.
- Géographie historique de la France. Xavier de Planhol, 1994, éd Fayard.
- L’histoire du paysage français. Jean Robert Pitte , 2012. éd Tallandier.
- Wikipedia.