Le logement ouvrier et les cités ouvrières dans le bassin de Montceau - Le Creusot
Sources : Ecomusée Le Creusot-Montceau, base Mérimée, www.lecreusot.com, Wikipedia
Les casernes : 1780-1850
Au Creusot et dans les environs, la première solution apportée au problème du logement des mineurs et les ouvriers fut des immeubles appelés « casernes » : bâtiment en longueur à deux ou trois niveaux. Les logements, alors d’une pièce, étaient desservis par des couloirs et des escaliers communs.
Bien que cette solution présentât l’avantage d’être peu coûteuse et qu’elle permît une surveillance aisée, elle fut abandonnée, car la caserne (ainsi que tout immeuble comportant des espaces collectifs où les ouvriers pouvaient se rencontrer, se réunir) était un « foyer d’immoralité » pour le paternalisme social. L’idéal à atteindre était la maison individuelle, propriété de l’ouvrier, qui permettait le développement de la vie familiale, le jardin potager ne jouant pas seulement un rôle économique.
Les premières cités ouvrières
Ce nouveau type de logement marque un tournant dans les logements mis à disposition au Creusot et en France de manière plus générale. Jusqu’à cette date, deux types de logements étaient mis à disposition des ouvriers des usines : soit des logements « en caserne », situés à proximité immédiate du lieu de travail, voire parfois dans l’enceinte de l’usine elle-même, soit les ouvriers devaient se contenter de l’habitat traditionnel, constituant le tissu rural ou urbain déjà existant.
La Combe des Mineurs (1826)
La cité de la Combe des Mineurs, construite en 1826 au Creusot, est située au contraire dans un espace à l’écart de l’usine et des agglomérations et elle permet de loger un maximum de familles de manière économique sans pour autant en faire un logement collectif puisque chaque logement bénéficie d’une entrée indépendante. Les matériaux mis en œuvre sont ceux utilisés dans les constructions locales de l’époque ; les murs sont de briques enduites à la chaux, les charpentes en bois et les toitures en tuiles plates. Chaque logement bénéficie d’annexes permettant de petites activités agricoles (jardinage, élevages de petits animaux domestiques), qui se justifient notamment par l’origine rurale d’un certain nombre de ses habitants. Autrement dit, un modèle rural d’habitat est repris tout en le soumettant aux nouvelles contraintes industrielles et urbaines.
La cité ouvrière de la Combe des mineurs a été construite à l’initiative de Manby et Wilson, nouveaux maîtres des forges du Creusot entre 1826 et 1833. Sous la direction de ces industriels anglais, le développement industriel entraîne une très forte augmentation de la population : de 1 300 habitants vers 1826 à 3 100 vers 1830.
Sa construction correspond à l’arrivée au Creusot d’ouvriers anglais sidérurgistes spécialisés (puddleurs, chauffeurs, lamineurs) et dont le contrat prévoyait qu’ils soient logés. La cité de la Combe des mineurs reproduit un modèle d’habitations ouvrières existant au Pays de Galles, appelées dual row. Témoignent ainsi de l’origine anglaise : les dimensions, les ouvertures de fenêtres de forme carrée et, dans certains appentis, des châssis de lucarne pivotant verticalement.
Dans les 41 logements sont logés environ 230 habitants. Les statistiques de l’usine font mention, pour les années 1850, de 5 habitants en moyenne dans un logement de 23 mètres carrés. À partir de 1880, l’intérieur de certains bâtiments est modifié afin de permettre l’agrandissement de logements.
Au début des années 1970, l’ensemble est menacé de destruction : il est racheté par l’écomusée du Creusot-Montceau en 1978. Il est réhabilité, inscrit à l’inventaire des Monuments historiques en 1980 puis cédé à la gestion de l’Office Public d’Aménagement et de Construction de la Saône-et-Loire.
La cité des Pompiers (1860)
La cité de la Villedieu (1865)
Groupant 80 maisons, construites en 1865, l’ensemble (agrandi en 1872 de 25 unités) s’étend sur un plan orthogonal. Cette cité, la deuxième édifiée par Schneider, tend vers le modèle conforme à l’idéologie du paternalisme social et elle fut perçue comme telle (rapport de Simonin sur sa visite de l’Exposition universelle de 1867). Ce sont des maisons individuelles de deux pièces sur un seul niveau avec cuisine en appentis ; toutes sont rigoureusement identiques avec la même position dans des parcelles d’égale superficie. Ce type de cité sera repris en 1875 pour la cité Saint-Eugène.
À ce sujet, le texte d’Amédée Burat dans « Société des Houillères de Blanzy », publié en 1878, ne cache rien des intentions de la Compagnie qui « pour attacher ses ouvriers au sol houiller en excitant chez eux le sentiment de l’épargne et l’amour de la propriété, cède à ceux qui se distinguent par leur bonne conduite des parcelles de terrain… et leur fait en même temps des avances d’argent pour les aider à y construire leur habitation. L’ouvrier élevé à la condition de propriétaire devient économe et rangé ; il travaille avec courage, abandonne les cabarets ; à partir de ce jour-là la société a acquis un ami de l’ordre ! ».
Au niveau de la ville, construite autour de l’usine, « si MM. Schneider et Cie ont d’abord pris l’initiative des constructions, ils ont ralenti leur action dès qu’ils ont pu y substituer celles des particuliers » : l’abandon de la construction des casernes vers 1847 coïncide avec les premières ventes par l’usine de terrains à bâtir. De plus, l’usine a toujours essayé de favoriser l’épargne pour son personnel et dès 1850 elle incita à la construction par des crédits à court terme, qui ne constitueront jamais une longue immobilisation de capital pour l’entreprise.
Les cités minières à la campagne
Il faut noter qu’après le départ des Chagot, la Compagnie continue de bâtir de grandes cités, comme la Saule et La Lande où apparaissent de nouveaux modes de construction, tel le béton armé préfabriqué (1917). D’autres naîtront pour répondre à un afflux de mineurs du Nord (guerre 14-18) et d’immigrés polonais.
Entre 1921 et 1926, est édifiée la Cité des Gautherets à proximité du puits Saint Amédée. En 1951, elle compte plus de 700 logements, à cheval sur les communes de Saint‐Vallier et Sanvignes‐les‐Mines. De par son isolement, elle dispose dès l’origine de commerces, d’un cinéma, d’une chapelle, d’un dispensaire et d’écoles. Il s’agit de la plus autonome des cités du bassin minier.
Sur la commune de Perrecy‐les‐Forges, l’exploitation du puits nécessita la construction de la cité de Rozelay dès 1939. Les types architecturaux sont alors en Unité paysagère à une autre.'>Rupture avec les modèles antérieurs puisque sur la base d’un modèle, la monotonie est ensuite rompue par la variété des formes des toitures et des implantations des bâtiments. Les mines de Blanzy stoppent définitivement la construction vers 1950.
Les cités ouvrières de deuxième génération
Les cités de l’entre-deux-guerres, plus vertes, suivent des plans nettement moins ordonnés, sans doute inspirée des "cités-jardins".
La cité de la Mouillelongue (1919)
En 1919, on voit apparaître avec la cité ouvrière de la Mouillelongue au Creusot une nouvelle implantation. Les 42 maisons à quatre logements sur deux niveaux sont alignées en retrait des rues plantées d’arbres et le plan de la cité s’écarte de la stricte orthogonalité. La cité Françoise‐Schneider sera la dernière construite au Creusot à partir de 1948.
A côté des logements destinés aux ouvriers, les Établissements Schneider possèdent un certain nombre de maisons pour leurs employés de différents grades. En 1907 sont ainsi construits au Creusot les pavillons de l’avenue de Saint-Sauveur. Chaque pavillon, entouré d’un jardin, contient, complètement séparés, les logements de deux familles.